mercredi, juillet 01, 2009

***Sarkozy admet des «erreurs», mais ne renie pas son bilan...***


***Mea culpa sur la soirée au Fouquet's et le côté «bling-bling», poursuite impérative des réformes et de l'ouverture, hommage à Kouchner et tacles appuyés à Rama Yade et Villepin… Le chef de l'Etat se confie dans une interview au Nouvel Observateur. Morceaux choisis.

Autocritique sur le début de mandat. Sobre et sans langue de bois : «J'ai commis des erreurs». Nicolas Sarkozy reconnaît que sa manière de présider durant les deux premières années de son mandat n'est pas exempte de fautes. «Est-ce que tout ce qui m'est reproché l'est injustement ? Non», admet-il dans cet entretien au Nouvel Observateur. «Il faut un temps pour entrer dans une fonction comme celle que j'occupe, pour comprendre comment cela marche, pour se hisser à la hauteur d'une charge qui est, croyez-moi, proprement inhumaine». Réforme des régimes spéciaux de retraite, autonomie des universités, carte judiciaire et hôpitaux, TVA à 5,5% dans la restauration : si Sarkozy confesse quelques erreurs, il assume néanmoins fièrement son bilan.

Soirée du Fouquet's : «J'ai eu tort». Les critiques sur son côté «bling-bling», la soirée au Fouquet's le soir de son élection et ses amitiés avec les grands patrons, notamment de la presse ? Il rappelle que ces attaques «avaient commencé bien avant le Fouquet's. Cela correspondait à une époque de ma vie personnelle qui n'était pas facile et où j'avais à me battre sur plusieurs fronts». «Je n'avais pas attaché à cette soirée» au Fouquet's «une importance considérable», confie Nicolas Sarkozy. «J'ai eu tort. En tout état de cause, à partir du moment où quelque chose n'est pas compris et fait polémique, c'est une erreur. Et si erreur il y a, ce n'est pas la peine de la recommencer».

Plus «tolérant avec l'âge». Interrogé sur «la fin du sarkozysme flamboyant et de l'élan réformateur» depuis le discours devant le Congrès à Versailles, le président dément tout coup d'arrêt mais reconnaît une évolution de son comportement: «Ce n'est pas la fin des réformes, elles continueront. Mais je dois tenir compte des critiques, des épreuves, des échecs, pour essayer de faire mieux. Je veux conduire ces réformes en cherchant une adhésion large, en développant la discussion». Avant de concéder : «J'écoute, j'apprends, peut-être même je progresse». Le chef de l'Etat affirme encore qu'«avec l'âge, je suis devenu plus tolérant, plus ouvert, plus serein aussi».

Des convictions de droite, sans «sectarisme». Nicolas Sarkozy persiste et signe sur l'ouverture : «En quoi ai-je renoncé à mes convictions? Je suis de droite. Ma vie politique s'est faite à droite, mais je ne suis pas réductible à un camp. Je ne suis pas réductible à la droite. Plus ça va et plus je pense que le sectarisme est le pire défaut». Irait-il jusqu'à nommer un premier ministre socialiste, comme Dominique Strauss-Kahn par exemple ? Le président répond seulement : «Je pourrais nommer quelqu'un qui se reconnaîtrait dans l'action que je mène».

Nouvelle charge contre Rama Yade. Le chef de l'Etat ne cache pas une nouvelle fois sa déception après le refus de l'ex-secrétaire d'Etat aux Droits de l'Homme de se présenter aux dernières élections européennes : «J'ai beaucoup regretté que Rama Yade refuse la liste européenne car c'était très fort pour la diversité qu'une formation de droite la présente en Ile-de-France». «Quel exemple pour la jeunesse ! C'est facile de faire avancer la diversité par les nominations gouvernementales. Mais l'élection au suffrage universel de cette jeune femme, cela aurait été magnifique comme signal. Je suis reconnaissant à Rachida Dati de l'avoir compris», ajoute-t-il, en faisant allusion à l'ex-ministre de la Justice, élue le 7 juin au Parlement européen. Mardi à Courbevoie devant 1.000 militants UMP, Sarkozy avait déjà fustigé Rama Yade, élue des Hauts-de-Seine à Colombes, pour son refus d'aller au «combat politique».

L'hommage à Bernard Kouchner. Si Rama Yade, dont Bernard Kouchner était le ministre de tutelle au Quai d'Orsay jusqu'au remaniement, reste au gouvernement, le secrétariat d'Etat aux Droits de l'Homme, qui avait été une innovation dans les premiers gouvernements de Nicolas Sarkozy, a été supprimé lors du dernier remaniement. «La fin du secrétariat d'Etat aux Droits de l'Homme, ce n'est pas la fin des droits de l'Homme, on l'a vu sur l'Iran où la France est à l'avant-garde», assure cependant le président. Il rend hommage au passage à son ministre des Affaires étrangères, venu du Parti socialiste : «Bernard Kouchner a mis toute sa vie au service de cette juste cause».

«Aucun esprit de rivalité» avec François Fillon. « Il n'y a aucune détestation entre François Fillon et moi. Nous travaillons depuis longtemps en bonne intelligence, en nous respectant, en nous complétant. Sans aucun esprit de rivalité. Je comprends que cela étonne, c'est si rare !

Ne pas prendre les gens pour «des sots» sur les retraites. Nicolas Sarkozy ne bottera pas en touche sur l'épineuse question des retraites. Il assure ainsi qu'il sera au «rendez-vous» à la mi-2010 pour la réforme du régime général des retraites et qu'il ne laissera pas le système français de retraite «aller à la faillite». «Il ne faut pas prendre les gens pour des sots. Ils ont compris que vivre plus vieux imposera de travailler plus longtemps. Je considère que demander aux gens d'arrêter de travailler à 55 ou 56 ans, c'est un désastre social. Je ne crois pas à la stratégie systématique des préretraites».

«Choqué» par l'affaire «Sarkozy je te vois». «Je suis désolé de cette affaire que j'ai apprise par la presse. C'est ridicule. J'en ai été choqué. Je n'ai porté plainte en aucune manière. Je ne comprends pas pourquoi cet homme a été poursuivi devant un tribunal de police», affirme le chef de l'Etat. Le 27 février 2008, un professeur de philosophie de 47 ans avait assisté à un contrôle d'identité qu'il avait jugé «musclé» en gare Saint-Charles de Marseille. Il avait alors crié «Sarkozy, je te vois», provoquant l'hilarité des passagers alentour. Il avait ensuite été conduit au commissariat, avant de recevoir une convocation en justice pour «tapage injurieux diurne troublant la tranquillité d'autrui». Le tribunal de police doit rendre vendredi son jugement. Le ministère public a requis une amende de 100 euros contre l'enseignant.

Villepin renvoyé au tribunal, «c'est la justice». Il se dit «étonné qu'on s'étonne» du fait qu'il soit partie civile dans l'affaire Clearstream, pour laquelle Dominique de Villepin comparaîtra le 21 septembre devant le tribunal correctionnel de Paris. «J'ai le droit de savoir et le devoir d'agir. Si on trouvait votre nom sur le fichier d'une banque luxembourgeoise, cela ne vous intéresserait pas de savoir comment on se retrouve dans une histoire comme celle-là ?», demande-t-il en souhaitant «que la justice dise ce qu'il en est, tranquillement, sereinement». Et de marteler : le renvoi de Dominique de Villepin, «c'est la justice». «Deux juges dont l'indépendance d'esprit est notoire ont instruit l'affaire (…). Laissons faire la justice pour que plus jamais des officines ne puissent salir en toute impunité.»

Samuel Potier
Le Figaro
01/07/2009

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