***L’Espagnol Javier Solana, vient de révéler une information hautement confidentielle : Israël est le 28e État membre de l’Union européenne… S’exprimant mercredi devant la « Conférence présidentielle israélienne », qui réunit des politiques et des patrons de l’État hébreu, le Haut représentant pour la politique étrangère a lancé : « Israël permettez-moi de le dire, est un membre de l'Union européenne sans être membre de ses institutions ». Jérusalem « est partie prenante à tous les programmes » des Ving-sept. « Aucun pays hors du continent n'a le type de relations qu'Israël entretient avec l'Union européenne ».
Se laissant totalement aller, manifestement déterminé à séduire un auditoire traditionnellement méfiant à l’égard de l’Union, il n’a pas hésité à se moquer de la Croatie, pays qui achève actuellement ses négociations d’adhésion : « je ne vois pas le président de la Croatie ici », sachant qu’il devait s’adresser plus tard au même auditoire. « Mais je dois vous dire, puisqu'il n'est pas là — et il est pourtant candidat à l'entrée dans l'Union européenne —, que votre relation avec l'Union européenne est plus forte que celle de la Croatie » : « ne lui répétez pas », s’est-il amusé sous les applaudissements de l’assistance.
Cette saillie est largement passée inaperçue et c’est dommage. Car le Haut représentant, en place depuis 1999 et qui va quitter ses fonctions dès que le traité de Lisbonne sera en vigueur, a fait une magistrale sortie de route : passons sur le fait que, depuis la guerre de Gaza de décembre-janvier 2009, l’Union a gelé le « rehaussement » de l’accord d’association avec Israël et que les relations restent tendues entre Bruxelles et Jérusalem. Mais, factuellement, Solana a tout simplement tort. Il a manifestement oublié qu’il existe un Espace économique européen qui étend automatiquement les règles du marché intérieur aux pays qui en sont membres (Islande, Liechtenstein, Norvège) ou encore que les relations sont particulièrement étroites entre la Suisse et l’UE ou encore qu’une Union douanière lie l’UE à la Turquie depuis plus de dix ans., pays qui est largement "hors du continent"... En réalité, Israël a simplement signé en 1999 un « accord d’association » avec l’Union comme la plupart des pays du pourtour méditerranéen, et est membre de l’Union pour la Méditerranée. Les relations sont certes plus étroites qu’avec les autres pays de la région, mais dans un seul domaine, celui de la recherche et de la technologie (programme-cadre recherche, domaine spatial – Galileo —, etc.). C’est important, mais cela ne fait pas d’Israël un État membre de l’Union, de près ou de loin…
À moins que Solana n’estime qu’Israël doive faire partie de l’Union, alors même que ce pays n’a jamais demandé son adhésion et n’a aucune intention de le faire... Un tournant diplomatique majeur qui, jusqu’à plus ample informé, n’engage que lui.
En réalité, pour complaire à son auditoire, Solana a tout simplement fait une gaffe : comment le monde arabe qui accuse déjà l’Union de ne pas peser de tout son poids pour obtenir un règlement du conflit israélo-palestinien, voire de fermer les yeux devant les exactions israéliennes dans les territoires occupés, peut-il prendre ces propos ? Et comme si cela ne suffisait pas, il a fallu que la Haut Représentant insulte la Croatie en laissant entendre qu’elle était moins européenne qu’Israël, ce qui révèle une intéressante conception des Balkans.
Coulisses de Bruxelles, UE
Blog Libération
24/10/2009
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