*** Il faut plus d'intégration européenne et une nouvelle "architecture" de la gouvernance économique pour rassurer les investisseurs, a estimé vendredi le président de l'Autorité française des marchés financiers (AMF).
Jean-Pierre Jouyet doute cependant que l'Allemagne accepte un jour un gouvernement économique de la zone euro au niveau des chefs d'Etat et de gouvernement.
La gouvernance économique de l'Union européenne est trop complexe, avec une multitude de niveaux - présidences de la Commission, du Conseil, de la Banque centrale européenne, de l'Eurogroupe, représentant pour la politique étrangère, etc. - et trop lente, a-t-il dit à Reuters.
"Les marchés n'agissent pas contre les intérêts européens", estime l'ex-secrétaire d'Etat aux Affaires européennes. "Ils veulent de la politique et de la gouvernance. Quand ils sanctionnent, c'est parce qu'il n'y a pas assez de gouvernance européenne."
Pour Jean-Pierre Jouyet, les marchés ne peuvent que constater aujourd'hui une réticence des pays de l'UE, en particulier des plus importants, à effectuer le "saut dans l'intégration" qu'il juge pourtant nécessaire.
Il déplore notamment que les débats sur le budget de l'UE, qui est descendu sous 1,0% du revenu national brut européen, ne porte aujourd'hui que sur une réduction supplémentaire.
La France s'est ralliée en juin à l'idée défendue par l'Allemagne d'un gouvernement économique à 27 et non à 16 (les pays membres de la zone euro), comme le souhaitait Paris.
Berlin a concédé que les chefs d'Etat et de gouvernement de la zone euro pourraient se réunir si nécessaire, comme ils l'ont fait à plusieurs reprises face à la crise financière et à celle de la dette grecque, mais sans formaliser ce type de réunions.
Les dirigeants français n'ont cependant pas perdu tout espoir de voir un jour l'idée d'un gouvernement économique de la zone euro s'imposer en douceur.
Pour Jean-Pierre Jouyet, le gouvernement économique de l'Union européenne doit "naturellement" se faire d'abord "dans la zone la plus intégrée qui est la zone euro".
GOUVERNEMENT A 16 ET A 27
"Mais en même temps, là où les Allemands n'ont pas tort, c'est qu'on a toujours eu une articulation entre ce qui se fait à 16 et ce qui se fait à 27", ajoute-t-il.
La gouvernance à 16 doit porter sur la monnaie, la discipline budgétaire et la convergence des politiques économiques au nom de la solidarité monétaire, explique-t-il.
Mais toute une série de sujets ne peuvent être traités qu'à 27, en particulier dans le domaine financier - c'est par exemple le cas pour la réglementation des agences de notation.
Autrement dit, il faut, selon lui, une coordination des politiques économiques plus naturelle dans la zone euro, accompagnée par une intégration financière plus poussée à 27.
Il plaide également pour une clarification de la direction de l'Eurogroupe, sans que tout remonte nécessairement et systématiquement aux chefs d'Etat et de gouvernement.
"Les Allemands sont réticents à ce que ce soit un chef d'Etat qui dirige la zone euro", souligne Jean-Pierre Jouyet.
"Et aujourd'hui, que ça plaise ou non, le règlement intérieur est quand même beaucoup fixé par les Allemands. Parce que ce sont eux qui financent le plus, qui sont dans la meilleure situation économique et financière, qui vont avoir les responsabilités les plus importantes comme le secrétariat général du Conseil européen", ajoute-t-il.
Et il n'est pas impossible qu'un Allemand succède à Jean-Claude Trichet à la tête de la Banque centrale européenne, souligne encore le président de l'AMF.
En tout état de cause, estime-t-il, l'organisation régulière de sommets des chefs d'Etat et de gouvernement de la zone euro, comme le souhaitait la France, nécessiterait la mise sur pied d'un secrétariat permanent.
http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/economie/20100709.REU3942/le-patron-de-l-amf-plaide-pour-plus-de-gouvernance-europeenne.html
Emmanuel Jarry, édité par Yves Clarisse
NouvelObs
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