mardi, avril 12, 2011

*ECOFIN : le Portugal demande une aide financière...*


« Nous avons besoin d’un euro fort, d’autorités de surveillance fortes et de « stress-tests » forts », a déclaré György Matolcsy, ministre de l’économie nationale, lors de la conférence de presse consécutive à la réunion informelle des ministres européens de l’économie et des finances (ECOFIN) du 8 avril, à Gödöllő, près de Budapest. L’Eurogroupe et les vingt-sept y ont abordé les questions de l’aide financière à accorder au Portugal et de la stabilité financière de la zone euro ainsi que de l’Union européenne.

Les membres de l’Eurogroupe ont d’abord examiné la situation au Portugal entre eux, puis en compagnie des ministres de l’économie et des finances des pays hors zone euro, à la suite de l’introduction, par le gouvernement portugais démissionnaire, d’une demande d’aide financière auprès de l’Union européenne et du Fonds monétaire international (FMI). L’Eurogroupe et les ministres de l’économie et des finances des vingt-sept ont pris acte, dans une déclaration, de la demande du Portugal et invité la Commission, la Banque centrale européenne, le FMI et le Portugal à élaborer un programme afin de garantir la stabilité financière.

Aide au Portugal
Assorti de conditions financières strictes, le paquet financier reposera sur trois piliers : ajustement budgétaire ambitieux et durable, programme de réformes structurelles visant à renforcer le potentiel de croissance ainsi que la compétitivité du Portugal et mesures visant à garantir la liquidité et la solvabilité du secteur financier. L’Union européenne y participera au travers de deux instruments financiers créés en 2010, à savoir le Fonds européen de stabilité financière (FESF) et le Mécanisme européen de stabilité financière. Olli Rehn, commissaire européen en charge des affaires économiques et financières, a déclaré que les aides proviendraient pour deux tiers de l’Union européenne et pour un tiers du FMI.
La procédure d’assistance vient seulement d’être engagée ; l’élaboration, avec les autorités portugaises, des réformes structurelles et des mesures d’ajustement budgétaire prendra plusieurs semaines. Pour l’instant, il est donc difficile d’estimer l’ampleur précise de l’aide qui sera apportée par l’Union, a déclaré M. Rehn lors de la conférence de presse. En réponse à une question, il a cependant affirmé que selon des estimations approximatives, le Portugal allait avoir besoin d’une aide de 80 milliards d’euros qui lui sera accordée si un accord est conclu concernant l’exécution du programme élaboré avec l’Union européenne et le FMI, lequel devrait très probablement s’étendre sur trois ans.

Débat fructueux sur le tableau de bord
Lors de leur déjeuner de travail, les ministres ont une fois de plus discuté des crises financières au Portugal et en Irlande, pour ensuite mener un « débat fructueux », selon les termes de M. Matolcsy, sur l’un des éléments du projet des six textes législatifs pour la réforme de la gouvernance économique, à savoir l’élaboration des huit à dix indicateurs à utiliser dans le tableau de bord de surveillance des déséquilibres macroéconomiques. C’est en surveillant ces seuils que la Commission pourrait indiquer s’il y a danger de déséquilibre. Les Etats membres discutent encore des indicateurs qui composeront le tableau de bord, mais Olli Rehn a déclaré qu’il espérait qu’un accord serait conclu très prochainement.
M. Rehn et Jean-Claude Trichet, président de la Banque centrale européenne, ont tous deux ajouté qu’un des indicateurs essentiels serait l’évolution de la balance courante. Ils ont estimé que la crise avait bien montré que le « danger principal était un déficit budgétaire important et persistant ». M. Matolcsy a déclaré que bien que la Hongrie ne soit pas encore membre de la zone euro, elle accordait une grande importance à l’euro fort, raison pour laquelle la présidence concentrait son attention sur l’adoption du projet des six textes législatifs sur la gouvernance économique.
Les ministres ont également discuté de la situation économique. Ils se sont accordés sur le fait que la zone euro était en bonne voie vers la reprise économique mais que depuis la dernière prévision intermédiaire de la Commission, les incertitudes économiques s’étaient renforcées, notamment en raison de l’instabilité des prix des produits de base et des évènements au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. M. Trichet et M. Rehn ont tous deux évoqué le danger de l’inflation. Le commissaire européen a mis l’accent sur la spécificité européenne, qui consiste en un rapport de réciprocité (intertwin) entre la crise des dettes publiques et la fragilité du secteur bancaire.

De nouveaux défis en matière de réglementation financière
Lors de leur réunion de travail à Gödöllő, les ministres se sont penchés sur les premières expériences qu'ont apportées la nouvelle structure de surveillance financière ainsi que les préparatifs des "stress-tests", et ce en présence des présidents des banques centrales nationales. Alexander Lamfalussy, célèbre économiste d’origine hongroise considéré comme le père de l’euro, et Jacques Larosière, ancien président du FMI et de la BERD, sont tous deux intervenus, aux côtés des dirigeants des nouvelles autorités européennes de surveillance financière. Sont ainsi intervenus Jean-Claude Trichet, Sharon Bowles, présidente de la commission des affaires économiques et monétaires du Parlement européen, ainsi que MM. Rehn et Barnier.
Lors de l’échange de vues, certains ont évoqué le conflit qui pouvait opposer l’intégration financière et la stabilité financière. Une forte intégration financière est un objectif souhaitable, qui suppose néanmoins de nouveaux défis en matière de réglementation. L’Union fait face à une tâche double : développer le marché financier unique tout en renforçant sa résilience face aux crises, car prévenir la crise coûte toujours moins cher que d’en assumer les conséquences. On s’est également accordé à dire que la création d’un cadre européen de surveillance financière était un grand pas en avant, mais que le travail n’était pas encore terminé et qu’il était important de pouvoir mettre la réglementation en pratique. Aussi, les autorités de surveillance ne peuvent –elles mener leur mission à bien que si elles disposent de suffisamment de personnel qualifié pour réaliser et qu’elle peuvent, de manière rapide et directe, collecter et transférer les données aux autorités de surveillance nationales.

Se préparer aux conséquences des « stress-tests »
Tous les intervenants ont rappelé combien il était important de rendre les tests de résistance des banques européennes qui doivent débuter très bientôt plus stricts et plus robustes, afin qu’ils soient plus crédibles, aux yeux des marchés et des investisseurs, que lors des deux fois précédentes. L’objectif est d’identifier rapidement les points faibles du secteur bancaire et d’y remédier au travers d’une restructuration et d’une recapitalisation. Le commissaire Rehn a rappelé que les apports des banques en capital devaient être conformes à la réglementation européenne en matière d’aides publiques. L’accent a également été mis sur le fait que les gouvernements des Etats membres devaient se préparer aux conséquences des stress-tests et devaient pouvoir mettre en place des mesures de protection adéquates et, le cas échéant, recapitaliser les institutions financières fragiles.
De l’avis général, une des principales conclusions de la crise est que le problème n’était pas dû à la réglementation financière mais plutôt au système de surveillance. Les nouvelles autorités européennes auront un rôle à jouer dans la mise en place des stress-tests, tout comme dans l’élaboration du nouveau système de réglementation et de surveillance. Michel Barnier a rappelé, à ce propos, que huit textes législatifs attendaient d’être adoptés à ce sujet et a appelé le Conseil et le Parlement européen à trouver un compromis le plus rapidement possible. Les ministres ont aussi souligné l’importance d’une approche plus globale, pour que les réglementations européenne et américaine puissent être rapprochées au mieux.
09 avril 2011

Bien à vous,
Morgane BRAVO

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