*** La Roumanie et la Bulgarie rejoignent l'Europe le 1er janvier. La Slovénie intègre en même temps la zone euro. Derniers changements significatifs en Europe avant la fin de la "pause" décrétée dans l'élargissement, et alors que la Pologne, la République tchèque et la Hongrie peinent à remplir les conditions pour adopter l'euro.
Le visage de l'Europe va se modifier à partir de lundi prochain, 1er janvier. L'Union va tout d'abord accueillir deux nouveaux membres, la Roumanie et la Bulgarie, et comptera désormais vingt-sept pays. Et le club plus fermé de la zone euro va intégrer un treizième adhérent, la Slovénie, aussi anecdotique soit-il puisqu'il ne pèse que 0,4% du PIB de l'UE. Après cela, rideau. Il faudra sans doute quelques années en effet pour que les lignes bougent à nouveau en Europe. Affaiblie par le rejet du Traité constitutionnel, embarquée dans de longues négociations aux allures de bras de fer avec la Turquie, l'UE a décidé de faire une pause dans l'élargissement. Le prochain membre pourrait être la Croatie, mais pas avant 2010. Quant à la zone euro, son rythme de développement tourne lui aussi au ralenti. Chypre, Malte, les pays baltes et la Slovaquie pourraient certes entrer avant la fin de la décennie, mais les plus importantes économies de l'Est, la Pologne, la Hongrie, la République tchèque, peinent à remplir les conditions et n'adopteront pas l'euro avant le début de la prochaine décennie.
En attendant, les trois pays qui font encore avancer l'Europe ne boudent pas leur plaisir. La Slovénie, « bon élève » de l'UE, abandonnera sans regret sa monnaie, pour la remplacer par la monnaie unique européenne, avec un taux de 1 euro pour 239,64 tolar. Avec aussi une vigilance accrue sur les « arrondis par le haut » stigmatisés par les consommateurs des premiers pays à avoir adopté l'euro. A Sofia et à Bucarest, feux d'artifice, jeux de lumières, et concerts en plein air marqueront ce réveillon si particulier. José Manuel Barroso, le président de la Commission européenne, se rendra dans la capitale bulgare, tandis que Josep Borrel, président du parlement européen, et deux commissaires européens feront le déplacement dans son homologue roumaine. Durant le temps de la fête, les interrogations seront mises entre parenthèse pour profiter pleinement de ce jour historique.
Car l'entrée dans l'UE ne se fait pas sans heurt. Bruxelles a sommé les deux nouveaux membres d'accélérer les réformes. Déjà, la Roumanie a annoncé l'interdiction de la culture du soja OGM, et l'adoption d'un nouveau code fiscal, tandis que la Bulgarie s'apprête à fermer, à contre cœur, deux réacteurs de sa centrale nucléaire de Kozlodoui, jugés trop vétustes. Mais dans la lutte contre la corruption, la sécurité alimentaire, la surveillance des frontières ou encore la réduction des pollutions industrielles, la Commission attend encore davantage de ses deux nouveaux membres, et n'hésitera pas à les mettre sous tutelle si besoin, ce qui peut aller jusqu'à la suspension des aides. Comme leurs voisins de l'Est, et malgré leur forte croissance économique, la Roumanie et la Bulgarie ne sont donc pas à l'abri, selon certains experts, d'un regain d'euro scepticisme, favorisé par la lassitude des laissés pour compte des réformes néo libérales.
LExpansion.com
29/12/2006
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