Revue de presse européenne du 29/11/2011
Les ministres des Finances de la zone euro discutent ce mardi à Bruxelles d'un accroissement de la dotation du Fonds européen de stabilité financière (FESF) à 1.000 milliards d'euros. L'Allemagne bloque cependant des mesures comme les euro-obligations ou des crédits de la Banque centrale européenne. Mettre en exergue la discipline budgétaire est positif mais ne sert à rien pour le moment, estiment les commentateurs.
Blog Coulisses de Bruxelles - France
Merkel restera impassible
Tandis que les ministres des Finances de la zone euro se retrouvent aujourd'hui à Bruxelles pour discuter entre autres d'un renforcement du Fonds européen de stabilité financière (FESF), la pression ne cesse de s'accroître sur l'Allemagne pour que celle-ci accepte de communautariser les dettes de la zone euro via des eurobonds ou de nouvelles compétences de la BCE. Mais le gouvernement allemand restera impassible, estime Jean Quatremer dans son blog Coulisses de Bruxelles : "Comme les médecins de Molière, Angela Merkel estime qu'une bonne saignée des finances publiques, alliée à la menace de vigoureux coups de fouet, permettra de remettre le malade euro sur pied. Pour le reste, la chancelière allemande ne veut ni d'une solidarité financière entre les Etats de la zone euro, que ce soit sous forme d'euro-obligations ou d'intervention illimitée de la Banque centrale européenne (BCE), ni d'un saut fédéral allant au-delà d'un renforcement de la discipline budgétaire. ... Il faut espérer que les marchés partageront les tranquilles certitudes de la chancellerie, eux qui souhaitaient un peu plus que le rappel du traité de Maastricht." (29.11.2011) De Volkskrant - Pays-Bas
Berlin doit se bouger
Les Pays-Bas ont abandonné leurs réticences vis-à-vis des eurobonds, comme l'a laissé entendre ce mardi le ministre des Finances Jan Kees de Jager. Les Allemands y restent quant à eux opposés. Mais l'austérité n'est pas la bonne méthode en ce moment, met en garde le quotidien de centre-gauche De Volkskrant : "Au départ, des fonds supplémentaires ne devaient pas être nécessaires, puis les Chinois et les Indiens devaient investir, et maintenant que cela risque d'échouer, l'Allemagne et consorts veulent faire appel au FMI. Avec tous ces va-et-vient, on ne sait plus si de l'argent supplémentaire sera débloqué ou non pour accorder un répit à des pays tels que l'Italie et l'Espagne. On risque ainsi de se retrouver dans une situation où l'Europe méridionale commencerait à mettre en œuvre des réformes et à économiser, conformément aux accords, mais où l'Europe septentrionale ne leur donnerait pas les fonds pour continuer sur cette voie. Il se peut que l'Allemagne, pour des raisons stratégiques, attende avant de mettre la main au porte-monnaie. D'abord la discipline allemande, ensuite l'argent allemand, telle semble être la tactique. Mais il reste désormais peu de temps aux Allemands pour montrer qu'ils veulent contribuer réellement à sauver l'euro." (29.11.2011) Die Welt - Allemagne
L'Allemand, sollicité mais détesté
Qu'il s'agisse du levier du fonds de secours, de la résistance à l'encontre des euro-obligations ou des rappels à l'ordre concernant la discipline budgétaire, les Allemands feront bientôt office de bouc émissaire pour l'ensemble de la crise de l'euro, observe le quotidien conservateur Die Welt : "Pendant des années, on a pu lire dans les rubriques commentaires dans le pays comme à l'étranger que les Allemands doivent enfin assumer un plus grand leadership dans la crise de l'euro. Maintenant qu'Angela Merkel s'est résolue à le faire, cela ne va pas non plus. En Grande-Bretagne, certains commentateurs perçoivent déjà l'avènement d'un 'IVe Reich'. Ce que les Allemands ne sont pas parvenus à faire en deux guerres mondiales - l'hégémonie sur l'Europe centrale - ils l'obtiendraient désormais à l'aide de la crise de l'euro. Les Juncker et Barroso sont irrités car Merkel refuse de régler tout simplement toutes les factures dans la zone euro. … Même en France se propage la germanophobie. … Cela ne veut pas dire que l'Allemagne doit céder à la pression des autres. Mais comme toute grande puissance, nous sommes dans l'obligation de communiquer clairement sur notre position et d'éviter ainsi de donner l'impression de tout savoir mieux que quiconque. Nous pourrons alors accepter avec d'autant plus de flegme l'une des leçons de l'expérience américaine : les grandes puissances ne sont jamais appréciées." (29.11.2011) EURO/TOPICS