mardi, juin 08, 2010
*François Fillon reçoit le Premier ministre canadien à Matignon*
***François Fillon et Stephen Harper, répondent aux questions de la presse à l'occasion de la visite du Premier ministre canadien à Matignon le lundi 7 juin 2010.
Je voudrais dire combien je suis heureux de recevoir ici à Matignon le Premier ministre canadien Stephen HARPER. Comme le Président de la République qui l’a reçu ce matin, je veux lui dire combien la France apprécie que le Président du G8 et l’hôte des sommets du G8 et du G20 vienne s’entretenir de ces sujets à Paris. Cette concertation confiante illustre à nouveau l’excellence des relations politique entre la France et le Canada.
Nous avons eu un entretien qui naturellement a porté sur la coopération bilatérale. Nous avons en particulier des relations économiques qui se sont beaucoup améliorées ces dernières années entre la France et le Canada. Beaucoup d’entreprises françaises investissent au Canada et nous nous en réjouissons mutuellement et nous allons continuer à faire des efforts pour développer l’excellence de ces relations économiques.
Nous avons naturellement abordé la préparation des sommets de Muskoka et de Toronto. Nous avons évoqué, sur le G8 que préside actuellement le Canada, l’appui complet que la France apporte aux travaux qui sont conduits par le Gouvernement canadien. L’une des priorités qui a été retenue par Monsieur HARPER est la santé maternelle et infantile. C’est une priorité qui nous semble parfaitement pertinente. Et nous soutiendrons sans aucune réserve les propositions du Gouvernement canadien, parce que nous pensons que, ainsi, le sommet de Muskoka pourra créer une dynamique très positive pour le sommet des objectifs du millénaire, pour le développement qui aura lieu au mois de septembre aux Nations unies.
Nous avons également eu une discussion approfondie sur le sommet du G20. Selon nous, il est absolument essentiel que le sommet de Toronto s’inscrive dans la pleine lignée de ceux de Londres et de Pittsburgh l’an dernier, parce que beaucoup reste encore à faire en matière de réforme du système financier. Je pense en particulier à la question de la rémunération des traders et à celle des juridictions non coopératives sur lesquelles il faut que nous mettions en œuvre scrupuleusement les engagements qui ont été souscrits à Londres et à Pittsburgh.
Mais il faut aussi que ce sommet aille au-delà de ce qui avait été décidé, compte tenu des épisodes récents de turbulences sur les marchés. Je pense en particulier à la régulation des agences de notation, je pense à la question des produits dérivés ou encore à la volatilité des matières premières. Je pense enfin aux propositions que nous avons faites en matière de taxation du secteur financier. Nous comprenons les réserves que peuvent susciter certaines de ces propositions, mais nous pensons aussi que tout n’a pas encore été fait sur le chemin de la régulation. Et il est en tout cas tout à fait nécessaire que le G20 permette d’aborder ces questions absolument indispensables de la mise en place de règles communes.
Un mot enfin pour dire que nous avons évoqué les relations entre l’Union européenne et le Canada. Nous avons fait le point sur les négociations de l’accord Union européenne-Canada, dit de "nouvelle génération" c'est-à-dire le projet d’accord économique et commercial complet. C’est un accord qui permettra de franchir un saut qualitatif dans nos relations, parce qu’il couvre un champ de coopération très large et parce que pour la première fois il associe toutes les provinces canadiennes à la négociation. Et je veux rappeler que la décision de lancer ces négociations a été prise sous présidence française de l’Union européenne, lors du sommet de Québec en 2008. Et donc nous espérons vivement que les négociations pourront se conclure en 2011.
Et puis enfin pour illustrer l’excellence des relations entre la France et le Canada, j’ai indiqué à Stephen que nous allions ouvrir un consulat dans une ville qui lui est chère, puisque ce sera à Calgary.
Question : Le Canada a réussi à réduire de manière spectaculaire ses déficits publics il y a quelques années, en réduisant de manière drastique le train de vie de l'Etat, en allant, y compris jusqu'à réduire le salaire des ministres symboliquement. Est-ce que, F. FILLON, voulez vous vous inspirer de certains aspects de l'exemple canadien ? Et est-ce que, Monsieur HARPER, vous avez des conseils à donner à F. Fillon en terme de réduction des déficits publics ?
François FILLON : D'abord, tous les conseils sont les bienvenus et j'ai eu l'occasion, dans le passé, de regarder de très près ce qui s'était fait au Canada. Je veux dire simplement que les circonstances ne sont absolument pas comparables. Je rappelle qu'avant la crise économique mondiale que nous venons de traverser, le déficit budgétaire de la France était de 2,8 %. Et donc, une très large part du déficit qu'il nous faut aujourd'hui combler est due à la crise économique, aux mesures de relance que nous avons prises et que nous ne regrettons pas, et à la chute de nos recettes. Nous allons donc nous engager comme nous l'avons promis, et au regard de l'opinion publique française et au regard de l'Union européenne sur une réduction de notre déficit à 6 % l'année prochaine pour atteindre 3 % en 2013. Et nous allons le faire avec ce souci de ne pas casser la croissance. Et je pense que tous les pays européens, et en particulier la France et l'Allemagne, ont une très grande responsabilité dans la conduite de l'assainissement de leurs finances publiques, de choisir le rythme et les priorités qui permettent tout en réduisant l'endettement de ne pas casser une croissance qui est encore très fragile, car nous savons que s'il y ait Union européenne rechute de la crise économique et financière en Europe, tous les efforts que nous faisons seraient emportés par les conséquences de la crise. Et donc, le travail en commun, l'échange d'expérience, la coordination, notamment entre les pays du G20, les politiques qui vont être conduites sont très, très importants, parce que nous avons entre nos mains non seulement le sort de nos finances publiques, mais finalement, le sort de la croissance dans le monde.
Question : Nous aimerions, Monsieur HARPER, à cette question avoir une réponse, bien sûr dans les deux langues officielles. D’abord, on a l’impression que vous repartez les mains vides dans votre croisade contre cette taxe bancaire internationale. C’est un sujet que vous avez certainement abordé avec Monsieur Sarkozy. Corrigez-moi si je me trompe, mais est-ce que Monsieur Sarkozy, dans le fond, avance plus vite que vous dans sa bataille, parce qu’il y tient à cette taxe, la France y tient. Mais d’abord, Monsieur FILLON jusqu’où la France est-elle prête à aller pour obtenir cette taxe à l’échelle internationale, et est-ce que vous comptez en faire, justement, une priorité à partir du moment où vous hériterez, si vous voulez, du flambeau, comme dit monsieur Harper ?
Réponse de François FILLON : D’abord, moi je voudrais insister sur le fait qu’il y a un très large consensus entre nous, au sein du G20, sur l’objectif. L’objectif c’est limiter les comportements à risque des banques. C’est une question de confiance de nos concitoyens dans le secteur bancaire ; c’est une question de stabilité de nos économies et puis j’ai envie de dire c’est une question d’ordre démocratique, parce que nos opinions publiques ne comprendraient pas qu’après avoir été sauvés, les établissements financiers reviennent, comme si de rien était, aux mêmes pratiques qui nous ont conduits au bord du gouffre. Et, pour cela, il y a toute une série de moyens qui ont été proposés, et beaucoup d’entre eux sont consensuels. On a encadré la rémunération des traders, pour faire en sorte qu’elles n’incitent pas à des prises de risque qui soient inconsidérées ; on a changé les règles en matière de titrisation pour lutter contre l’un des mécanismes par lequel la crise des subprimes aux Etats-Unis est née. On oblige nos banques à renforcer leurs capitaux propres lorsqu’elles mènent des activités risquées, afin que ce soit les actionnaires et pas l’Etat qui prennent le risque des pertes. Alors, c’est vrai que nous souhaitons taxer les activités risquées des banques, parce que nous pensons que c’est une manière d’en limiter les effets, de renchérir le coût de ces activités, et donc, d’une certaine façon, de dissuader les banques de les pratiquer. C’est un principe qui ne fait pas l’objet d’une unanimité au sein du G20 ; il n’est pas consensuel au plan international. Rien n’empêche d’en discuter ensemble, de rapprocher nos points de vue, de trouver des principes forts qui permettent d’aboutir aux résultats qu’on s’est fixés, aux objectifs qu’on s’est fixés. Et moi je suis très confiant sur le fait que le sommet de Toronto permettra de faire des progrès dans cette direction, parce qu’au fond on a les mêmes objectifs et donc c’est simplement une question de moyens qui est en cause, au regard de systèmes bancaires qui sont différents d’un pays à l’autre.
Une question : Pour le Premier ministre français. L’euro est tombé ce matin à son plus bas niveau, face au dollar, depuis quatre ans. Faut-il s’en inquiéter ?
François FILLON : Non, j’ai déjà dit à plusieurs reprises que je ne voyais pour l’instant que des bonnes nouvelles dans la parité entre l’euro et le dollar. Je n’ai pas changé de discours. Depuis des années, avec le Président de la République, nous nous plaignons du fait que cette parité entre l’euro et le dollar ne correspond pas à la réalité des économies, et handicape fortement nos exportations. Et donc, je n’ai pas d’inquiétude quant à l’actuelle parité entre l’euro et le dollar. Merci beaucoup.
Bien à vous,
Morgane BRAVO
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