***Jusqu'à présent, les mises en garde n'ont pas eu de grand impact sur Martine Aubry et la direction du PS.
Didier Migaud, DSK, Michel Rocard et Gérard Collomb mettent en garde la direction du Parti socialiste.
Une petite musique décalée commence à se faire entendre à la périphérie du PS. Alors que le parti défilait jeudi dans la rue aux côtés des syndicats pour demander le maintien de l'âge légal de départ en retraite à 60 ans, plusieurs personnalités socialistes ont, cette semaine, mis en garde leur parti contre cette position.
C'est d'abord le président de la Cour des comptes, Didier Migaud, ancien député PS de l'Isère, qui estime dans un entretien au Monde que «pour répondre aux problèmes de financement à court et moyen terme, il faut agir sur l'ensemble des paramètres : l'âge, la durée de cotisation, les prestations, le montant des cotisations et l'assiette, l'élargissement des recettes». C'est ensuite Dominique Strauss-Kahn qui, au-delà de son appel à ne pas faire des 60 ans un «dogme», a vu l'institution qu'il dirige, le FMI, publier une note sur la France selon laquelle «le gouvernement accorde à juste titre une attention particulière à une réforme des retraites visant à repousser l'âge effectif de départ». C'est aussi Michel Rocard, ancien premier ministre et auteur d'un livre blanc sur les retraites, qui juge dans France Soir qu'«en faisant de l'âge légal un symbole, le PS est encore en train de se tromper de combat».
Toutes ces mises en garde sont arrivées jusqu'à la rue de Solferino sans grand impact. «Le FMI n'est pas le PS», fait remarquer Harlem Désir, numéro deux de Martine Aubry. «Didier Migaud s'est exprimé au titre d'une institution et pas en fonction de sa sensibilité politique», ajoute-t-il. Quant à Michel Rocard, dont le goût de prendre le PS à contre-pied n'est pas une nouveauté pour les socialistes, Harlem Désir promet que la direction du parti «en discutera avec lui parce qu'il a besoin d'éclaircissements». Mais pas forcément dans l'immédiat. «Quand il y a deux millions de personnes dans la rue, la priorité, ce n'est pas de convaincre Michel Rocard», glisse Harlem Désir.
«Il faudra trancher»
Après un débat interne compliqué, le PS a de toute façon réussi à s'unir derrière la défense des 60 ans. En interne, seules quelques voix s'élèvent à échéances régulières pour contester cette position. Elles émanent des opposants traditionnels à Martine Aubry, Gérard Collomb en tête. Encore cette semaine, le maire de Lyon a pouffé de rire à l'idée que les socialistes rétabliraient l'âge légal à 60 ans s'ils devaient remporter l'élection présidentielle en 2012. «Lorsque la gauche sera confrontée à l'exercice du pouvoir, elle sera bien obligée de prendre en compte les réalités», a-t-il dit sur Europe 1.
Gérard Collomb n'est pas le seul sur cette ligne. Beaucoup de strauss-kahniens le rejoignent. Mais au PS, l'heure est à l'unité, pas au débat fratricide. Discuter des retraites, c'est relancer la querelle entre l'aile gauche et l'aile droite du parti, celle qui avait déjà resurgi au début de l'année lorsque Martine Aubry avait évoqué la possibilité d'aller «vers 61, 62 ans ». La première secrétaire avait dû préciser son propos. Et c'est non sans mal que le parti s'était ensuite mis d'accord sur sa contre-proposition de réforme des retraites. Quitte à en laisser certains sur leur faim. «On ne pourra pas partir à la présidentielle avec des contours flous. Il faudra trancher», prévient un opposant de la direction.
Mais pour l'heure, mieux vaut tenir à distance les voix socialistes qui appellent à ne pas s'arc-bouter sur les symboles des 60 ans. Car le PS pense avoir beaucoup à gagner en s'opposant à la réforme des retraites. Une fois le texte au Parlement, c'est lui qui prendra le relais des syndicats pour le contester dans l'Hémicycle. Ne serait-ce que pour prendre date avec les Français pour 2012. «Si on en reste à la réforme du gouvernement, il faudra tout reprendre, tout remettre à plat», promet Harlem Désir.
François-Xavier Bourmaud
Le Figaro
25/06/2010
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