***FACE AUX ÉTATS-UNIS : L'Union européenne en a assez de voir les États-Unis présider seuls aux destinées d'Internet.
La commissaire européenne Viviane Reding, en charge de la société de l'information et des médias, s'est adressée aux internautes dans un message vidéo , comme à son habitude, appelant de ses voeux une transparence et une responsabilité accrues en matière de gouvernance de l'Internet, à partir d'octobre 2009. Cette date n'est pas choisie au hasard, puisqu'elle correspond à la fin de l'accord qui lie l'ICANN au département du Commerce américain. L'Internet Corporation for Assigned Names and Numbers (ICANN) est une entreprise privée à but non lucratif, qui gère l'ensemble des noms de domaine sur Internet. C'est la clé de voûte du réseau, sans laquelle la Toile ne peut plus fonctionner correctement. Même s'ils n'ont absolument aucune raison de le faire, les États-Unis ont, seuls, le pouvoir d'éteindre Internet.
"Un G12 de la gouvernance de l'Internet"
"La décision du gouvernement Clinton de privatiser progressivement le système des noms de domaine et d'adresses Internet était la bonne. À long terme, il n'est pas défendable qu'un service public d'un seul pays ait un droit de regard sur une fonction de l'Internet utilisée par des centaines de millions de personnes à travers le monde entier", explique la commissaire européenne. Le modèle espéré par Bruxelles combine "un ICANN totalement privatisé et indépendant [...] soumis à un réel contrôle juridictionnel" et un forum multilatéral, sous la forme d'un "G12 de la gouvernance de l'Internet". Ce groupe serait composé de "deux représentants de l'Amérique du Nord, de l'Amérique du Sud, de l'Europe et de l'Afrique, de trois représentants de l'Asie et de l'Australie, ainsi que du président de l'ICANN", selon la responsable européenne.
L'intégration de nouveaux pays dans les organes de gouvernance de l'Internet est un problème aussi compliqué que la réforme du Conseil de sécurité de l'ONU. Quels pays doivent avoir accès aux organes décisionnels ? La Chine, par exemple, dont la population internaute (338 millions) a récemment dépassé la population totale des États-Unis, ne saurait en être écartée. La censure qui règne sur la Toile chinoise pourrait alors influencer le Web mondial, et la situation ne s'en trouverait absolument pas améliorée pour l'Internet.
Par Guerric Poncet
Le Point
27/08/2009
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