Lancement de
« Re-Imagine Europa ».
WHY Europe?
Mr. Valéry Giscard d’Estaing, Former President of the French Republic, has founded a new european incubator.
MISSION:
Renforcer le rôle de l'Europe en tant que puissance économique mondiale au 21ème siècle, capable de sauvegarder un avenir prospère de paix, de liberté et de justice sociale pour tous ses citoyens.
"Valéry Giscard d’Estaing: «Il faut retrouver le projet initial de l’Europe»
Valéry Giscard d’Estaing a lancé à Bruxelles l’incubateur d’idées « Re-Imagine Europa ». L’ancien président de la République propose d’aller vers une confédération européenne rassemblant quelques pays autour d’une fiscalité et d’un Trésor communs.
"Vous lancez mercredi « Re-Imagine Europa ». Quel en sera l’objet ?
C’est une structure tout à fait nouvelle, qui aura pour principal objectif de prendre l’Europe là où elle se trouve aujourd’hui et de voir où elle devrait aller et de quelle manière. L’idée inspiratrice est que ceux qui ont lancé les premiers projets, c’est-à-dire le couple Schuman-Monnet mais aussi Adenauer, De Gasperi, y voyaient le début d’une trajectoire, vers une confédération. On a avancé dans cette direction, en faisant des choses impensables comme par exemple Schengen et la libre circulation. Dans les années 75, nous avions aussi compris avec Helmut Schmidt que l’étape suivante serait la monnaie unique et une décision a été prise dans ce sens quinze ans plus tard. On aurait ensuite dû continuer, mais on s’est arrêté. Or dans les tourbillons historiques où nous sommes, une Europe désorganisée va à sa perte, complètement.
Comment expliquez-vous cette rupture ?
La trajectoire a été interrompue par les conséquences de la chute de l’empire soviétique, mais aussi par l’élargissement de 2004, qui a perturbé le système et lui a fait perdre son sens. Ce n’est pas avec un groupe de 27 ou 28 Etats, allant du plus petit jusqu’au plus grand, votant avec des voix égales, qu’on peut conduire une politique économique. Cet élargissement a été mal préparé ; les pays sont simplement entrés avec l’idée qu’ils auraient accès à un certain nombre de facilités financières et qu’ils seraient protégés militairement par l’Otan. L’objectif est donc de retrouver le projet initial, pour aboutir à une confédération européenne que je nomme « Europa ».
Quel visage aura cette confédération ?
Elle réunira un groupe d’Etats qui accepteront de se dessaisir d’un certain nombre de compétences pour les confier à des organisations communes qui agiront pour leur compte. Une fédération implique un transfert de pouvoir ; actuellement c’est impossible, aucun pays ne l’accepterait. Par contre ils peuvent accepter de transférer l’exercice de certaines compétences. Ce que Europa propose, c’est qu’une série de décisions soient prises à un niveau élevé, et s’appliquent à l’ensemble des pays impliqués.
Seuls certains pays seraient concernés. Sur quels critères seraient-ils retenus ?
Il faut penser aux Etats qui à la fois pourraient le souhaiter et en seraient capables. On retombe sur les pays fondateurs de la Communauté européenne, c’est-à-dire en tête l’Allemagne et la France, rejoints par l’Italie et le Benelux, et on devrait pouvoir y ajouter ceux qui avaient été écartés en 1950 en raison de leurs régimes politiques, c’est-à-dire l’Espagne et le Portugal. Mais il ne faudra pas avoir l’air de rejeter les autres pays. Il faudra leur expliquer qu’ils pourront rejoindre la confédération quand ils seront prêts. L’entrée devrait être un acte politique très fort et faire l’objet d’un vote public du type référendum, avec une majorité d’au moins 60 % ou 65 %.
« Le dernier grand président de la Commission européenne a été Delors. Lui entretenait une pensée, un concept de l’Europe ; après on a nommé des gens qui étaient absolument éloignés de la capacité à exercer cette fonction »
Vous proposez d’agir en plusieurs étapes...
Cela ne peut pas se faire d’un seul coup. Il faudra commencer par la fiscalité. Cela consistera à remplacer les systèmes fiscaux existants par un nouveau système appliqué en commun. Et cette fiscalité européenne sera créée, gérée, en fonction des nouveaux besoins. Nous avons en réalité des fiscalités du XIXe siècle, qui ont été faites avant la guerre de 14. A mon avis cela prendra entre six et dix ans et couvrira à la fois la fiscalité des entreprises et l’impôt sur le revenu. Il faudra faire en sorte qu’il y ait dans chaque pays un seul taux, que tout le monde paie, à l’exception des gens vraiment très démunis, et prévoir un alignement progressif des fiscalités nationales sur cette fiscalité européenne. Il faudra ensuite traiter le problème de la dette, ce qui amènera à la création d’un Trésor européen, émetteur d’une dette commune. On peut imaginer que les pays gardent la possibilité d’émettre une dette nationale, mais l’Europe n’apporterait alors aucun soutien. Et puis derrière il y a un sujet dont on parle rarement et qui est la solidarité entre régions ou Etats riches et moins riches. Il faudra dire aux populations des régions déshéritées que l’Europe leur apportera un complément de ressources.
Ce n’est pas la bonne idée : la bonne idée c’est la confédération. Dans une confédération, il y a des tâches faites en commun et des tâches qu’on continue à faire seuls, avec une liberté absolue. Par contre le système gère tout ce qui lui a été transféré. Donc il faut créer en même temps une institution de gestion de la zone euro qui soit une institution politique. Et on revient à la notion de directoire qui est en fait une conception plus moderne que celle en vigueur à l’heure actuelle. Un directoire, cela veut dire un groupe horizontal d’une dizaine de personnes, avec des règles de renouvellement créatives, une diversification des spécialisations et des fonctions. Il faudra un président, un vice-président, et un deuxième vice-président. Le président du directoire devrait obligatoirement être un ancien président d’un des pays fondateurs et selon moi être une femme. Il faudra un secrétaire général et il serait bon qu’il soit Français. La France n’exerce plus de présidence, ni à la BCE, ni à la Commission, ni au Parlement européen ni au Conseil européen.
Quelle serait l’articulation avec les institutions existantes ?
Les institutions européennes doivent avoir comme priorité la gestion du grand marché et non pas l’interférence avec les politiques classiques des Etats membres. Plus de soixante ans après le discours de Jean Monnet, on a beaucoup avancé, mais les institutions politiques n’ont pas été adaptées, et la Commission, qui est faite pour gérer, passe son temps à réclamer le pouvoir ; or ce n’est pas son rôle, le pouvoir ne peut pas être exercé par un groupe de 27 ou 28 personnes dont les membres sont choisis sans aucune compétition. Le dernier grand président de la Commission européenne a été Delors. Lui entretenait une pensée, un concept de l’Europe ; après on a nommé des gens qui étaient absolument éloignés de la capacité à exercer cette fonction. Au lieu de continuer à avancer, le système s’est ralenti, puis s’est enlisé après Maastricht. Les pro-européens actuels sont des gens qui croient probablement de bonne foi que l’Europe telle qu’elle est peut fonctionner positivement, alors que l’Europe a un besoin vital de réformes et de transformations.
Emmanuel Macron est incontestablement pro-européen. Il est le seul président depuis moi-même et vaguement Mitterrand, mais Mitterrand c’était compliqué, à être pro-européen. Les suivants ne l’étaient pas. Chirac, Sarkozy et Hollande n’étaient pas pro-européens. Donc c’est le retour en France d’un président pro-européen, ce qui est très important. Par contre il faut voir quel peut être le projet européen, et ce projet doit être de redessiner le futur. Ce n’est pas le moins du monde une refondation car le projet initial était superbe, ultra moderne, d’une qualité exceptionnelle.
« Emmanuel Macron est incontestablement pro-européen. Il est le seul président depuis moi-même et vaguement Mitterrand à être pro-européen. Les suivants ne l’étaient pas. Chirac, Sarkozy et Hollande n’étaient pas pro-européens »
Il faut faire un effort. Dans la période récente, le couple franco-allemand a été plutôt défensif et cherchait à éviter les initiatives ou les décisions qui désorganisaient l’Europe. Il doit maintenant passer à une posture offensive. Angela Merkel a quant à elle toujours accepté d’aller de l’avant. Après le référendum français de 2005, qui est une absurdité historique, qui a disqualifié la réputation de la France en Europe pendant un long moment, on a continué à négocier puisque le référendum concernait un pays. Il a fallu un an et demi pour transformer le traité constitutionnel en traité de Lisbonne. Dans cette démarche, Angela Merkel mérite tous les éloges, car c’est elle qui a maintenu les choix fondamentaux des traités et ce ne sont malheureusement pas les Français qui l’ont fait.
Pour peser en Europe, la France doit être en état de marche. A-t-elle selon vous retrouvé sa crédibilité ?
Si vous prenez les éléments économiques, c’est-à-dire le montant de la dette, la durée globale du travail, l’âge de la retraite, elle ne l’a pas encore retrouvée. Mais je crois que c’est dans cette direction que le président Macron est décidé à avancer, et je souhaite qu’il réussisse.
Le projet « Re-Imagine Europa »
Ce véhicule de recherche et d’influence travaillera avec un large cercle d’experts sur la manière de relever les défis du 21e siècle afin de participer à la prospérité économique et sociale de l’Europe. Les travaux seront supervisés par un comité consultatif d’une vingtaine de membres, dont le PDG d’Axa Henri de Castries, l’eurodéputé Alain Lamassoure et l’ancien Premier ministre italien Enrico Letta, et sera présidé par Valéry Giscard d’Estaing."
Pro-européenneCandidate : "Elections Européennes 2019".
*Ancienne stagiaire (Blue Book) de la Commission Européenne, au Secrétariat Général
UNION EUROPÉENNE, EUROPEAN UNION, UNION EUROPEA.
🇪🇺CANDIDAT PRIX EUROPCOM 2017:
"THE HUB EUROPEAN UNION"🇫🇷