vendredi, septembre 26, 2008
***Les émissions de CO2 excèdent largement les prévisions ...***
***Beaucoup de bruit pour rien ? L'intense activité diplomatique déployée ces dernières années sur le front climatique n'a eu, jusqu'à présent, aucun impact. C'est, en substance, ce qu'il faut retenir de la publication, vendredi 26 septembre par le Global Carbon Project (GCP), des données mondiales d'émissions de dioxyde de carbone (CO2) pour l'année 2007.
Les cimenteries et la combustion des ressources fossiles (pétrole, charbon, gaz) ont émis 8,5 milliards de tonnes (Gt) de carbone ; les activités de déforestation ont été, pour leur part, responsables de l'émission d'environ 1,5 Gt de carbone. "Ce niveau d'émissions se situe un peu au-dessus des scénarios de développement les plus pessimistes que le GIEC [Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat] a utilisés pour prévoir le changement climatique à la fin du siècle", précise Philippe Ciais (Laboratoire des sciences du climat et de l'environnement), membre du GCP.
VITESSE PRÉOCCUPANTE
La vitesse à laquelle progressent les émissions est plus préoccupante encore que leur valeur absolue de 2007. "Depuis 2000, les émissions ont crû en moyenne de 3,5% par an, soit quatre fois plus vite qu'entre 1990 et 2000, où cette augmentation annuelle n'avait été que de 0,9% environ", explique Corinne Le Quéré (université d'East Anglia et British Antarctic Survey), membre du GCP. A titre de comparaison, le pire scénario du GIEC prévoit seulement une augmentation de 2,7% par an.
"Cela s'explique par le fait que les pays industrialisés n'ont globalement pas diminué leurs émissions depuis les années 1990 tandis que le développement économique des pays en voie de développement, en particulier la Chine et l'Inde, a été beaucoup plus rapide que prévu", ajoute Corinne Le Quéré.
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En valeur absolue, le Sud émet plus que le NordSelon les données publiées par le Global Carbon Project (GCP), la quantité de dioxyde de carbone (CO2) produite par les pays en développement (non soumis au protocole de Kyoto) représentait, en 2007, 53% des émissions mondiales. En 2004, les pays du Nord et du Sud émettaient encore à parité. Deux ans plus tard, la Chine dépassait les Etats-Unis pour devenir le plus gros émetteur mondial de CO2 (en valeur absolue, pas en émissions par habitant). "En 2007, on voit que l'Inde va dépasser la Russie de manière imminente pour devenir le troisième émetteur mondial", ajoute le climatologue Philippe Ciais, membre du GCP.
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Pourquoi une telle hausse ? "D'abord, il faut avouer qu'il n'y a pas eu d'avancée technologique déterminante, au cours des quinze dernières années, à même de les ralentir significati vement", remarque MmeLe Quéré. L'essentiel (65%) de cette augmentation récente des émissions est imputable à la croissance de l'activité économique, mais 17% proviennent de la baisse en "efficacité-carbone" de l'économie mondiale. "Ce qui veut dire, de manière très paradoxale, qu'il faut aujourd'hui émettre plus de carbone pour produire un dollar qu'il ne le fallait en 2000", décrypte M.Ciais.
Cette chute d'efficacité-carbone, que les chercheurs voient apparaître entre 2000 et 2005, est attribuée au grand nombre de centrales à charbon de conception ancienne construites, pendant cette période, dans les provinces de l'intérieur de la Chine. Les 18% restant sont à imputer à la baisse d'efficacité des puits naturels de carbone : la biosphère terrestre (plantes, animaux sauvages et domestiques, etc.) et l'océan (dissolution directe du CO2 dans l'eau ou absorption par le phytoplancton).
Ces puits "digèrent" chaque année environ 55% du carbone émis par l'homme. Mais, soumis à des températures globalement supérieure s, les océans tendent à en absorber une proportion légèrement décroissante. "La bonne nouvelle est qu'en dépit de cette chute d'efficacité, cette régulation naturelle fonctionne toujours et demeure, malgré tout, assez stable", tempère M. Ciais.
La majorité des données rendues publiques par le GCP sont issues de la compilation des statistiques nationales de production et de consommation énergétique, généralement réputées fiables à 10% près, voire à 20% près dans le cas de la Chine. En revanche, la mesure du taux de CO2 atmosphérique et de son évolution ne souffre pas, elle, de telles incertitudes. La concentration du principal gaz à effet de serre, qui s'élevait à environ 270parties par million (ppm) au cours de l'ère préindustrielle, atteint aujourd'hui 385ppm. Un chiffre qui ne cesse de croître.
Stéphane Foucart
LE MONDE
26.09.08 |
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