Qu'a fait le Parlement européen pour combattre la crise économique ?
"Plafonner les bonus des banquiers, travailler sur de nouvelles règles pour sauver les banques en difficulté et taxer les transactions financières, le Parlement a fait des progrès lors du premier semestre 2013 en adoptant des mesures visant à remédier à la crise et éviter qu’elle se répète. Nous avons interrogé les principaux acteurs au Parlement européen, comme la Présidente de la commission des affaires économiques Sharon Bowles et les différents rapporteurs sur les textes législatifs.
L’éternelle question de l’austérité contre la croissance et les leçons tirées du sauvetage financier de Chypre ont fait partie des sujets abordés par les députés européens lors de nombreux débats. Nos différents entretiens avec les députés européens se sont également concentrés sur le potentiel de la taxe sur les transactions financières et de la séparat entretiens dans notre dossier.
Austérité et croissance: les députés en désaccord sur la politique économique
Quelle politique économique sera la plus bénéfique pour relancer l'emploi: croissance ou austérité?
Le débat du 5 février sur l'orientation de la politique économique de l'Europe a été houleux, avec les députés de centre-gauche préoccupés par les effets de l'austérité sur la croissance, et ceux de centre-droit par le maintien de la consolidation budgétaire et des réformes structurelles. La députée démocrate socialiste portugaise Elisa Ferreira, rapporteur pour la commission des affaires économiques, et le député démocrate chrétien français Jean-Paul Gauzès nous font part de leurs commentaires.
Les députés voteront jeudi trois rapports sur le semestre européen, c'est-à-dire le cycle annuel de coordination des politiques économiques et budgétaires des Etats membres.
Le projet de rapport fait référence à une étude du Fonds Monétaire International qui affirme que les effets négatifs de la consolidation budgétaire sur l'emploi et la croissance ont été sous-estimés, et remet en question le rythme actuel de l'ajustement budgétaire en Europe. Pensez-vous que la direction prise dans le passé par la politique économique de l'Union européenne était mauvaise?
Elisa Ferreira, députée démocrate socialiste portugaise: Les coupes dans les dépenses gouvernementales ont un impact sur l'investissement et la dépense. Le FMI a réalisé qu'il avait sérieusement sous-estimé cet impact négatif, mais la Commission européenne n'a pas pris cela en compte. C'est pourquoi nous n'avons pas obtenu l'effet désiré suite au processus de consolidation budgétaire, les déficits publics ne se sont pas suffisamment améliorés et nous risquons d'entrer dans un cercle vicieux de récession et de dette croissante.
Une recherche alternative menée par des universités d'Allemagne, de France et du Danemark sur l'Examen annuel de la croissance a démontré que si nous établissons nos objectifs à mi-chemin de ce qui a été demandé comme effort d'austérité, nous atteindrons environ 0,7% de croissance dans la zone euro. C'est un débat économique, et nous ne devons pas nous en tenir éloignés pour des raisons idéologiques.
Jean-Paul Gauzès, député démocrate chrétien français: Non, la politique économique de l'Union européenne n'est pas mauvaise. Au contraire, elle commence à porter ses fruits. L'étude du FMI est beaucoup plus nuancée que cette question ne le suggère. Le FMI insiste sur le fait qu'il est nécessaire d'accroître la soutenabilité des finances publiques et de poursuivre les réformes structurelles même si certains effets de contraction ont été plus forts qu'initialement prévus.
J'observe que les économistes se trompent souvent dans leurs prévisions et qu'en conséquence nous devons ne pas considérer leurs avis, au surplus divergents, comme la Bible!
Quelle devrait être dès à présent la priorité principale de la politique économique européenne: réduire les déficits budgétaires ou lutter contre le chômage?
Elisa Ferreira: Nous devrions utiliser les marges de manœuvre de la législation sur la gouvernance économique en Europe, et répartir la consolidation sur une plus longue durée pour permettre une reprise durable. Ce processus ne peut pas être imposé aux pays, mais concerté de manière consensuelle dans un dialogue social.
Jean-Paul Gauzès: Ces deux objectifs sont en réalité complémentaires. Le redressement des économies et la lutte contre le chômage passent par la réduction des déficits budgétaires et la stabilisation financière. Sans les aides et mesures européennes, plusieurs pays seraient aujourd'hui dans l'incapacité de payer les salaires de la fonction publique et les retraites. La réduction des déficits budgétaires ainsi que les réformes structurelles vont permettre à l'économie de ces pays de redevenir compétitive et en conséquence d'augmenter à nouveau l'emploi".
Suite :
Bien à vous,
"Plafonner les bonus des banquiers, travailler sur de nouvelles règles pour sauver les banques en difficulté et taxer les transactions financières, le Parlement a fait des progrès lors du premier semestre 2013 en adoptant des mesures visant à remédier à la crise et éviter qu’elle se répète. Nous avons interrogé les principaux acteurs au Parlement européen, comme la Présidente de la commission des affaires économiques Sharon Bowles et les différents rapporteurs sur les textes législatifs.
L’éternelle question de l’austérité contre la croissance et les leçons tirées du sauvetage financier de Chypre ont fait partie des sujets abordés par les députés européens lors de nombreux débats. Nos différents entretiens avec les députés européens se sont également concentrés sur le potentiel de la taxe sur les transactions financières et de la séparat entretiens dans notre dossier.
Quelle politique économique sera la plus bénéfique pour relancer l'emploi: croissance ou austérité?
Le débat du 5 février sur l'orientation de la politique économique de l'Europe a été houleux, avec les députés de centre-gauche préoccupés par les effets de l'austérité sur la croissance, et ceux de centre-droit par le maintien de la consolidation budgétaire et des réformes structurelles. La députée démocrate socialiste portugaise Elisa Ferreira, rapporteur pour la commission des affaires économiques, et le député démocrate chrétien français Jean-Paul Gauzès nous font part de leurs commentaires.
Les députés voteront jeudi trois rapports sur le semestre européen, c'est-à-dire le cycle annuel de coordination des politiques économiques et budgétaires des Etats membres.
Le projet de rapport fait référence à une étude du Fonds Monétaire International qui affirme que les effets négatifs de la consolidation budgétaire sur l'emploi et la croissance ont été sous-estimés, et remet en question le rythme actuel de l'ajustement budgétaire en Europe. Pensez-vous que la direction prise dans le passé par la politique économique de l'Union européenne était mauvaise?
Elisa Ferreira, députée démocrate socialiste portugaise: Les coupes dans les dépenses gouvernementales ont un impact sur l'investissement et la dépense. Le FMI a réalisé qu'il avait sérieusement sous-estimé cet impact négatif, mais la Commission européenne n'a pas pris cela en compte. C'est pourquoi nous n'avons pas obtenu l'effet désiré suite au processus de consolidation budgétaire, les déficits publics ne se sont pas suffisamment améliorés et nous risquons d'entrer dans un cercle vicieux de récession et de dette croissante.
Une recherche alternative menée par des universités d'Allemagne, de France et du Danemark sur l'Examen annuel de la croissance a démontré que si nous établissons nos objectifs à mi-chemin de ce qui a été demandé comme effort d'austérité, nous atteindrons environ 0,7% de croissance dans la zone euro. C'est un débat économique, et nous ne devons pas nous en tenir éloignés pour des raisons idéologiques.
Jean-Paul Gauzès, député démocrate chrétien français: Non, la politique économique de l'Union européenne n'est pas mauvaise. Au contraire, elle commence à porter ses fruits. L'étude du FMI est beaucoup plus nuancée que cette question ne le suggère. Le FMI insiste sur le fait qu'il est nécessaire d'accroître la soutenabilité des finances publiques et de poursuivre les réformes structurelles même si certains effets de contraction ont été plus forts qu'initialement prévus.
J'observe que les économistes se trompent souvent dans leurs prévisions et qu'en conséquence nous devons ne pas considérer leurs avis, au surplus divergents, comme la Bible!
Quelle devrait être dès à présent la priorité principale de la politique économique européenne: réduire les déficits budgétaires ou lutter contre le chômage?
Elisa Ferreira: Nous devrions utiliser les marges de manœuvre de la législation sur la gouvernance économique en Europe, et répartir la consolidation sur une plus longue durée pour permettre une reprise durable. Ce processus ne peut pas être imposé aux pays, mais concerté de manière consensuelle dans un dialogue social.
Jean-Paul Gauzès: Ces deux objectifs sont en réalité complémentaires. Le redressement des économies et la lutte contre le chômage passent par la réduction des déficits budgétaires et la stabilisation financière. Sans les aides et mesures européennes, plusieurs pays seraient aujourd'hui dans l'incapacité de payer les salaires de la fonction publique et les retraites. La réduction des déficits budgétaires ainsi que les réformes structurelles vont permettre à l'économie de ces pays de redevenir compétitive et en conséquence d'augmenter à nouveau l'emploi".
Le projet de rapport fait référence à une étude du Fonds Monétaire International qui affirme que les effets négatifs de la consolidation budgétaire sur l'emploi et la croissance ont été sous-estimés, et remet en question le rythme actuel de l'ajustement budgétaire en Europe. Pensez-vous que la direction prise dans le passé par la politique économique de l'Union européenne était mauvaise?
Elisa Ferreira, députée démocrate socialiste portugaise: Les coupes dans les dépenses gouvernementales ont un impact sur l'investissement et la dépense. Le FMI a réalisé qu'il avait sérieusement sous-estimé cet impact négatif, mais la Commission européenne n'a pas pris cela en compte. C'est pourquoi nous n'avons pas obtenu l'effet désiré suite au processus de consolidation budgétaire, les déficits publics ne se sont pas suffisamment améliorés et nous risquons d'entrer dans un cercle vicieux de récession et de dette croissante.
Une recherche alternative menée par des universités d'Allemagne, de France et du Danemark sur l'Examen annuel de la croissance a démontré que si nous établissons nos objectifs à mi-chemin de ce qui a été demandé comme effort d'austérité, nous atteindrons environ 0,7% de croissance dans la zone euro. C'est un débat économique, et nous ne devons pas nous en tenir éloignés pour des raisons idéologiques.
Jean-Paul Gauzès, député démocrate chrétien français: Non, la politique économique de l'Union européenne n'est pas mauvaise. Au contraire, elle commence à porter ses fruits. L'étude du FMI est beaucoup plus nuancée que cette question ne le suggère. Le FMI insiste sur le fait qu'il est nécessaire d'accroître la soutenabilité des finances publiques et de poursuivre les réformes structurelles même si certains effets de contraction ont été plus forts qu'initialement prévus.
J'observe que les économistes se trompent souvent dans leurs prévisions et qu'en conséquence nous devons ne pas considérer leurs avis, au surplus divergents, comme la Bible!
Quelle devrait être dès à présent la priorité principale de la politique économique européenne: réduire les déficits budgétaires ou lutter contre le chômage?
Elisa Ferreira: Nous devrions utiliser les marges de manœuvre de la législation sur la gouvernance économique en Europe, et répartir la consolidation sur une plus longue durée pour permettre une reprise durable. Ce processus ne peut pas être imposé aux pays, mais concerté de manière consensuelle dans un dialogue social.
Jean-Paul Gauzès: Ces deux objectifs sont en réalité complémentaires. Le redressement des économies et la lutte contre le chômage passent par la réduction des déficits budgétaires et la stabilisation financière. Sans les aides et mesures européennes, plusieurs pays seraient aujourd'hui dans l'incapacité de payer les salaires de la fonction publique et les retraites. La réduction des déficits budgétaires ainsi que les réformes structurelles vont permettre à l'économie de ces pays de redevenir compétitive et en conséquence d'augmenter à nouveau l'emploi".
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Bien à vous,
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