Pierre GATTAZ
Président du MEDEF, Président du
Directoire de RADIALL
"Objet de rejet, de défiance ou
d’inquiétude, l’Europe est accusée de tous les maux : perte de pouvoir d’achat
et affaiblissement de l’économie avec l’Euro, concurrence déloyale, inflation
de réglementations intrusives qui paralyseraient l’activité économique... Une
mise au point s’impose car l’Europe est devenue un bouc émissaire bien commode
des propres insuffisances et carences de nos différents gouvernements depuis plusieurs
années.
L’Euro est une force, pas un boulet.
L’Euro est la monnaie commune de 340 millions d’habitants
dans 19 pays européens. C’est la deuxième monnaie au monde derrière le dollar.
Mais surtout, 60% de notre commerce extérieur se fait en zone Euro. Pour tous
nos exportateurs (près de 130 000 entreprises en 2016), l’Euro est donc un
avantage qui les met à l’abri des fluctuations, des coûts et des risques de
change. Etre payé à l’heure, selon les mêmes règles, avec une monnaie connue
dans une zone harmonisée est un facteur très important de croissance. Quant à
sa supposée sur-évaluation non adaptée à la nature de notre économie, c’est
surtout une excuse pour éviter de faire les réformes indispensables. Ce n’est
pas le niveau de l’Euro qui est responsable de nos pertes de marché. Le niveau
de l’Euro n’empêche pas l’Allemagne d’avoir des excédents avec le reste du
monde (252,9 milliards d’euros en 2016). Le déficit de notre balance
commerciale – de 48,1 milliards d’euros en 2016 – est dû au manque de compétitivité
de nos entreprises qui sont affaiblies par le poids des prélèvements
obligatoires. Elles ont donc de trop faibles marges pourtant nécessaires pour
investir et innover et ainsi monter en gamme. Nos entreprises souffrent de 100
milliards d’euros de taxes et impôts de plus que les entreprises
allemandes : voilà le vrai problème !
La règle de stabilité est positive… si on finit par
la respecter.
Vouloir remettre à nouveau en cause la règle de stabilité
(le fameux déficit maximum de 3% du PIB de chaque pays), revient en fait à
vouloir continuer la même politique que nous menons depuis 15 ans. Car les
critères de stabilité, la France ne les a respectés qu’une fois en 15
ans ! Accuser la règle des 3% de tous les maux c’est donc avant tout faire
preuve d’une mauvaise foi pathétique. Certains diront « continuons alors
de ne pas les respecter, mais assumons ! ». Cela aurait au moins
l’avantage de la clarté. Sauf que, depuis 15 ans, la situation de notre pays a
changé, notamment notre taux d’endettement. Car moins je respecte les
équilibres, plus j’augmente ma dette. Nous sommes ainsi passés d’une dette de
60% du PIB en 2002 à… 96% en 2017. La fuite en avant qui caractérise nos
politiques économiques n’est plus possible. Là encore, attaquons nous enfin aux
vrais problèmes de notre économie : le poids démesuré de notre sphère
publique, la compression des marges des entreprises qui les empêche d’investir
et d’innover, les réglementations qui brident l’emploi et le développement des
entreprises.
On doit continuer à avancer, pas faire demi-tour.
La convergence, fiscale et sociale, est la meilleure (et
seule) garantie d’une concurrence loyale et équilibrée. Elle ne peut pas se
réaliser du jour au lendemain, sachant que l’Europe est composée de 28 pays et
que la fiscalité relève de la compétence nationale. Pour légiférer dans ce
domaine, il faut l’unanimité à 28… Voilà ce qu’il faut faire évoluer, notamment
dans la zone Euro : complétons la monnaie commune par des règles fiscales
et sociales communes. Soyons ambitieux : plus on aura de règles communes,
plus la concurrence sera saine, et nos entreprises pourront gagner – car nos
chefs d’entreprise sont parmi les meilleurs européens quand on voit comment ils
arrivent à se développer dans un pays aussi compliqué que le nôtre.
La directive sur le détachement, empêche la loi de
la jungle.
La directive sur le détachement impose que les
travailleurs venant en France soient payés comme les Français, l’affiliation à
la Sécurité sociale restant celle du pays d’origine. La France détache plus de
120 000 travailleurs dans les pays frontaliers. Les entreprises françaises
utilisent la directive pour embaucher la main d’œuvre qualifiée dont elles ont
besoin car elles ne trouvent pas ces compétences en France. On a toujours
environ 300 000 emplois non pourvus en France. Ne pas avoir le soudeur ou
le fraiseur indispensable pour répondre à une demande, c’est perdre des
commandes. Ce qui est en cause, ce n’est donc pas la directive elle-même mais
la multiplication des fraudes. Des solutions pour lutter contre cette fraude
existent : par exemple une meilleure coordination des administrations en
charge du contrôle et une affiliation obligatoire de 3 mois minimum à la
Sécurité sociale du pays d’origine avant le détachement en France pour éviter
les recrutements aux seules fins du détachement. Il suffit juste de le vouloir
et de les mettre en place.
L’Europe, c’est moins de règles nationales idiotes,
et plus de règles harmonisées (en théorie).
Autre reproche fait à l’Union européenne, la multiplication
des directives qui empêcheraient les pays de fonctionner. Là aussi, il convient
de remettre les pendules à l’heure. Les directives européennes sont adoptées
par le Parlement mais aussi par les ministres compétents des 28 pays membres.
Et si elles fixent un objectif à atteindre, c’est à chaque pays de décider de
la façon de mettre en œuvre cet objectif. Or la France est championne d’Europe
de la sur-transposition qui rajoute des règles tatillonnes. Ainsi la
multiplication des règles n’est pas le fait de l’Europe… mais du parlement
français. Ce qu’apportent ces directives européennes, ce sont des règles pour
que nos produits et services puissent être vendus partout en Europe ce qui est
bénéfique pour l’ensemble de nos économies. Il n’y a pas des directives sur
tout et sur rien puisque nous n’avons eu que 21 directives en 2014. Ne nous
trompons donc pas de combat, l’Europe n’est pour rien dans les 35 heures, le
compte pénibilité, les taxes nouvelles, les lois illisibles… Toutes ces
entraves au bon fonctionnement et à la compétitivité des entreprises françaises
ont été produites par nos propres gouvernements et parlementaires.
L’Europe n’est pas une entité abstraite qui génère
son propre fonctionnement, l’Europe, c’est d’abord nous. Avant de l’accuser de
tous nos maux, balayons devant notre porte. Si l’Europe ne va pas bien, la
faute en incombe aussi à la France qui n’a pas respecté les règles du Pacte de
stabilité, qui continue de battre le record européen des prélèvements
obligatoires et se défausse de ses échecs sur ses partenaires et sur Bruxelles.
Ce n’est qu’en restaurant notre place dans l’économie européenne, donc en se
réformant, en étant clair sur ce qui va et ce qui doit être réformé dans la
gouvernance européenne, en allant plus loin dans les convergences sociales et
fiscales que la France retrouvera son leadership en Europe et dans le monde.
Car l’Europe a une vertu énorme : elle nous apprend et nous oblige à être
meilleurs. Et en nous réformant, nous sommes capables de gagner !"
"L’Europe, c’est nous !" https://www.linkedin.com/pulse/leurope-cest-nous-pierre-gattaz by @PierreGattaz on @LinkedIn
Morgane BRAVO,
*Ancienne stagiaire
("Blue Book") de la Commission Européenne, au Secrétariat Général*
Fondatrice du HUB
UNION EUROPÉENNE,
EUROPEAN UNION, UNION EUROPEA
Présidente et Fondatrice
du «Think Tank» Europe-Mexique.
headquarters in Paris,
France
President &
Founder
HUB «DIGITAL DIPLOMACY»
«DIPLOMATIE NUMERIQUE».
Fondatrice
HUB
«DIGITAL
DIPLOMACY» : «POLITIQUE & SOCIAL NETWORKING».
*Twitter :
@DiploDigital,
@EcologieI, @EuropeMex.
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