*** Sans-papiers : les régularisations en Europe laissent Sarkozy de marbre :
Après l'Espagne et l'Italie, la décision de l'Allemagne de régulariser plusieurs dizaines de milliers de personnes ouvre le débat, en France, sur l'opportunité de délivrer plus de titres de séjour.
Fin septembre, Nicolas Sarkozy avait tenté un coup d'éclat à Madrid en plaidant pour un « pacte européen » interdisant les régularisations massives en Europe. Il vantait l'axe Berlin-Paris, reprochant au Premier ministre espagnol d'avoir créé un « appel d'air » en légalisant plusieurs centaines de milliers de sans-papiers. La récente décision de l'Allemagne d'ouvrir une large porte à certains étrangers l'a d'autant plus surpris qu'il n'a pas été prévenu en amont de l'opération alors même que les ministres européens s'étaient engagés, début octobre, à s'informer des mesures « susceptibles d'avoir un impact significatif sur d'autres Etats membres».
Place Beauvau, on minimise : la régularisation « ne devrait pas être aussi importante qu'on le dit. Angela Merkel n'est pas dans cet état d'esprit », assure-t-on, tout en supposant l'existence d'un décalage entre la position du pouvoir central et celle des Länder.
« On ne bouge pas »
Quoi qu'il en soit, « nous, on ne change rien, on ne bouge pas », insiste-t-on dans l'entourage du ministre de l'Intérieur, en guise de message aux personnes qui se sont mobilisées, hier, à l'appel du réseau Education sans frontières pour soutenir les sans-papiers « français ». Revigorés par la nouvelle venue d'Allemagne, les manifestants ont, eux, dénoncé le résultat de la circulaire estivale à l'issue de laquelle « seulement » 6.924 adultes auraient obtenu un titre de séjour.
Avant l'Allemagne, les régularisations massives en Italie, en Espagne et au Portugal ouvrent le débat sur les effets de ces opérations dans une Europe où les frontières physiques sont perméables (espace Schengen) mais aussi sur l'opportunité pour Paris de modifier sa politique. Pour le démographe Hervé Le Bras, « les régularisés des autres pays n'ont aucune raison de venir en France, puisqu'ils se sont fait une place, ils ont un travail, ils ont appris la langue, etc. ». Selon lui, la France devrait, comme ses voisins, « régulariser environ 100.000 personnes d'un coup, sans quoi le «stock» de sans-papiers ne va cesser de grossir, au risque de créer du désordre ».
Contrer un effet d'appel d'air
Spécialiste des questions d'immigration, Jean-Luc Richard estime, lui, qu'il vaudrait mieux délivrer régulièrement des titres de séjour - « 20.000 à 30.000 par an » - justement pour « contrer un éventuel effet d'appel d'air ». Lui aussi s'inquiète du « stock » actuel de sans-papiers, affirmant que « les vagues de régularisations auxquelles ont procédé les gouvernements de gauche ne sont que la conséquence de la décision de la droite de ne rien faire », inversant l'analyse du gouvernement qui estime que la droite est obligée de gérer les mesures « irresponsables » de la gauche.
CARINE FOUTEAU
Les Echos
23/11/06
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