C'est en ce dernier jour de la présidence que se sont officiellement clôturées les négociations d'adhésion qui avaient débuté avec la Croatie en 2005, a déclaré János Martonyi, ministre hongrois des affaires étrangères, à Bruxelles, à l'issue de la 13e conférence ministérielle organisée dans le cadre des négociations d'adhésion avec la Croatie. M. Martonyi a fait valoir que le 30 juin 2011 était une journée historique non seulement pour la Croatie, mais aussi pour l’Union européenne.
János Martonyi, qui menait la délégation de l'Union européenne, Štefan Füle, commissaire en charge de l'élargissement, et Gordan Jandrokovič, ministre croate des affaires étrangères, ont mis un point final aux chapitres relatifs à la justice et aux droits fondamentaux, aux dispositions financières et budgétaires et à la compétitivité, ainsi que le chapitre «autres », clôturant ainsi les 35 chapitres des négociations. Lors de la conférence de presse, le ministre hongrois des affaires étrangères a souligné que ces chapitres étaient complexes et que s'ils étaient clôturés aujourd'hui, c'est que la Croatie était parvenue à remplir un grand nombre de critères de performance (en anglais, benchmarks).
La clôture des négociations représentait un jalon pour la Croatie. M. Martonyi a insisté sur le fait qu'elle donnait parallèlement un nouvel élan à l'ensemble du processus d'élargissement, en garantissant la perspective européenne des Balkans occidentaux.
La Croatie avait redoublé d'efforts ces derniers mois, sa persévérance et son engagement pouvant servir d'exemple pour les pays candidats à l'adhésion à l'Union européenne.
La Hongrie n'avait, ces derniers jours, ménagé aucun effort pour que les négociations d'adhésion avec la Croatie puissent être clôturées. Depuis que les chefs d'Etat et de gouvernement européens ont témoigné, le 24 juin, leur
soutien politique envers la Croatie, la présidence hongroise a réuni quotidiennement le COREPER (Comité des représentants permanents) de manière à ce que d'ici la conférence ministérielle du 30 juin, un accord voie le jour sur les quatre chapitres encore en suspens.
La présidence est convaincue que le déroulement de la dernière étape des négociations d'adhésion est un exemple éclatant de la manière à la fois efficace et complémentaire dont les institutions européennes peuvent coopérer. Lors de la conférence de presse, János Martonyi a plus particulièrement tenu à remercier la Commission, et, à titre personnel, son Président, José Manuel Barroso, ainsi que le commissaire Füle, pour le travail acharné et l'engagement dont ils ont fait preuve, sans quoi, malgré les hautes performances de la Croatie, la présidence n'aurait pu remporter ce succès.
Surveillance jusque la date d'adhésion
Le ministre hongrois des affaires étrangères a fait valoir que le travail n'était pas encore terminé.
Zagreb a pris bon nombre d'engagements dont la Commission et les Etats membres souhaitent contrôler la bonne mise en œuvre jusqu'à la date d'adhésion. Cette surveillance (monitoring) sera menée sous la supervision de la Commission européenne, qui publiera un rapport d'évaluation semestriel.
En ce qui concerne le chapitre relatif à la politique de concurrence, la Croatie doit poursuivre les réformes structurelles qu'elle a entreprises dans les domaines de la construction navale et de l'acier. Elle doit également, au moyen d'efforts concrets, faire preuve de ce que la réforme de la justice et la poursuite des efforts de lutte contre la corruption progressent de manière efficace et de ce que les procédures judiciaires engagées à l'encontre des criminels de guerre se poursuivent en toute impartialité. La surveillance s'étendra ensuite au contrôle des frontières, à la coopération policière ainsi qu'à la lutte contre la criminalité organisée.
D'après la présidence hongroise, les mécanismes de surveillance qui ont été mis en place ne visent ni la Croatie en particulier, ni aucun autre Etat membre, mais ils sont nés d'une évolution inspirée des diverses expériences en matière d'élargissement, le critère de conditionnalité étant désormais une condition de base du processus. Il est en effet nécessaire, afin de préserver la cohésion de l'Union européenne, de s'assurer que les pays qui y adhèrent soient parfaitement préparés.
Le traité d’adhésion de la Croatie sera signé d’ici la fin de l‘année, durant la présidence polonaise. La Croatie rejoindra ainsi l’Union européenne le 1 juillet 2013. Jusqu’à cette date les Etats membres et la Croatie devront ratifier le traité d’adhésion.
Maintenir les Balkans sur la trajectoire européenne
La clôture des négociations d’adhésion de la Croatie jusqu’au 30 juin représentait la priorité la plus importante de la présidence hongroise. A la fin du mois de mai, Viktor Orbán, Premier ministre hongrois,
a considéré que c’était une erreur de freiner l’avancement des négociations. Le Premier ministre a ainsi rappelé que si l'adhésion de la Croatie était reportée, cela pourrait avoir de lourdes conséquences. « Si nous ne parvenons pas à un résultat, sachant que cela maintient les Balkans sur leur trajectoire européenne, nous mettrons en péril la stabilité de la région; si nous ne pouvons leur offrir de perspective réaliste, alors nous perdrons notre crédibilité », a affirmé Viktor Orbán.
Auparavant, le chef de gouvernement hongrois avait affirmé que la Croatie pourrait être un modèle pour toute la région des Balkans occidentaux. L’adhésion de ce pays pourrait en effet prouver que la perspective européenne est une perspective réaliste pour la région des Balkans occidentaux et que cette région peut être stabilisée, plus précisément par l’Union européenne,
a expliqué le chef de gouvernement hongrois le 14 avril, lors de la réunion parlementaire conjointe tenue avec la participation des députés du Parlement européen, ainsi que ceux des parlements nationaux des Etats membres de l’Union et des pays des Balkans occidentaux.
L’effet magique de l’adhésion croate
Dans la dernière ligne droite des négociations mi-juin, le ministre des affaires étrangères hongrois avait déclaré que l’adhésion croate aurait également un effet « magique » sur les autres pays des Balkans occidentaux.
M. Martonyi a remarqué que le succès ou l’échec d’un seul pays aurait un effet considérable sur les autres pays candidats, affirmant que les progrès accomplis par la Croatie avaient également amené les autres pays à redoubler d’efforts. « Si l’on pense à la Serbie, il est évident que ce pays a également fait un pas en avant. C’est là toute la magie du processus. Ils prennent note du message, rassemblent leurs forces, puis ils réagissent », a soutenu le ministre des affaires étrangères.
Bien à vous,
Morgane BRAVO