Déclaration du Président Juncker au point presse conjoint avec Giuseppe Conte, Président du Conseil des ministres de la République italienne
Commission européenne - Discours - [Seul le texte prononcé fait foi]
Rome, le 2 avril 2019
"Buongiorno a tutti,
J'ai eu avec le Président Conte un entretien amical comme toujours, constructif comme toujours, et nous avons fait un large tour d'horizon visitant tous les chantiers qui caractérisent l'actualité européenne.
Nous avons d'abord évoqué entre nous tous les problèmes entraînés par ce qu'il est convenu d'appeler le Brexit. Vous avez vu que le Parlement britannique hier n'a pas été à même de prendre une décision qui nous ferait avancer vers une solution agréée par tout le monde. Je tiens beaucoup à ce que l'unité entre les 27 Etats membres soit maintenue – elle l'est jusqu'à présent, elle le sera jusqu'à la fin du processus. J'ai dit l'autre jour que, si on comparait le Parlement britannique à un sphinx égyptien, le sphinx est un livre ouvert en comparaison avec le Parlement britannique. Le gouvernement britannique est actuellement en session et nous attendons donc les résultats de cette réunion.
Nous avons évidemment discuté de la situation économique générale de l'Europe, et italienne plus particulièrement. Je suis un peu inquiet de voir que l'économie italienne ne cesse de régresser. Je voudrais que les autorités italiennes fassent des efforts supplémentaires pour maintenir en vie la croissance économique de l'Italie. Lorsque nous nous sommes mis d'accord – le Président Conte et moi-même – sur le cadre général du budget italien, nous avions pensé que la croissance serait de l'ordre de 1%. Nous savons qu'aujourd'hui, ce chiffre doit être révisé vers le bas et donc vu la lourde dette publique italienne, toutes les politiques gravitant autour de la notion de relance budgétaire seront très limitées, mais nous restons en contact pour voir comment nous allons procéder en la matière.
La migration fut évidemment un sujet d'importance. Sur ce point, je voudrais dire que je reste fidèle au principe que j'ai énoncé en 2014, c'est-à-dire qu'il faudra que nous mettions en place une solidarité plus articulée entre l'Europe et l'Italie qui porte un lourd fardeau en matière migratoire. Nous avons appuyé depuis lors les efforts italiens en la matière par 1 milliard d'euros. Il est faux de dire que l'Europe fut absente lorsqu'il s'agissait de montrer de la solidarité avec l'Italie.
Pour ce qui est de la situation économique générale, je suis content de voir que le Plan Juncker produit des résultats tangibles en Italie – des investissements de l'ordre de 63,3 milliards d'euros ont été générés par une application sage par l'Italie des potentialités du Plan Juncker. Et nous allons poursuivre sur cette voie. Si je résumais en un mot toutes les politiques qu'ensemble avec le gouvernement italien nous avons mis en branle, le montant de l'appui européen à l'Italie se chiffre à 130 milliards d'euros depuis 2014.
Nous avons entre nous le projet de tunnel entre Torino et Lyon. Là, je crois qu'il faut se défaire de l'idée qu'il s'agira d'un projet, comment dire, idéologique – non, c'est un projet technique. Et nous sommes convenus – le Président et moi-même – de demander aux ministres italiens et français d'évoquer la matière, et puis à la Commissaire Bulc qui est en charge des transports, de voir quelles solutions techniques peuvent être retenues. Donc on continuera le débat au niveau technique puisque c'est un problème et un projet technique. Mais à mes yeux, c'est un projet important, mais je laisse aux soins des Français et des Italiens de se mettre d'accord sur ce projet. Nous ferons tout ce qui est dans notre pouvoir pour appuyer dans leurs efforts les deux gouvernements en question.
Nous avons évoqué la Chine. J'ai vu le Président chinois mardi passé, et nous avons discuté – les Chinois et nous-mêmes, avec Madame Merkel et Monsieur Macron – la nouvelle route de la soie. Je ne fais pas partie de ceux qui critiqueraient l'Italie d'avoir pris, ensemble avec la Chine, des engagements en la matière, parce que j'ai vu que le Président du Conseil a pris soin de faire, pratiquement à chaque ligne de l'accord qui fut trouvé, référence à l'Europe.
Nous avons dit à nos partenaires chinois que nous voudrions que la Chine ne soit pas la seule partie qui bénéficierait de la mise en place de la nouvelle route de soie. Donc ce n'est pas seulement la Chine qui doit bénéficier de ce projet, mais les entreprises européennes de même, notamment dans les pays de transit. Nous avons adopté une nouvelle stratégie en la matière et nous appuyons tous les efforts qui permettront à la Chine, l'Asie, l'Europe et l'Afrique de se rapprocher l'un de l'autre.
Avec la Chine, nous avons de multiples problèmes, notamment en matière de surcapacité sidérurgique. La surcapacité chinoise revête exactement le double de la production sidérurgique totale de l'Union européenne, et donc il faudra que sur ce point, nous avancions plus rapidement. J'ai un sommet, ensemble avec le Président Tusk, mardi prochain avec le Premier ministre chinois et nous continuerons nos échanges en la matière.
Donc entre l'Italie et la Commission européenne, c'est le grand amour. Il faut le dire à tous les ministres italiens pour le reste.
Grazie mille."
#FutureOfEurope
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