François Fillon répond, suite à l'annonce d'un référundum en Grèce, aux question de Christophe CARESCHE (groupe SRC), de Christian JACOB (groupe UMP), de Roland MUZEAU (groupe GDR) et de Yvan LACHAUD (groupe NC) lors des questions au Gouvernement à l'Assemblée Nationale le mercredi 2 novembre 2011
Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Députés,
Il ne s’agit pas de reprocher au Premier ministre grec de vouloir organiser un référendum, il s’agit de lui reprocher d’avoir négocié pendant des heures et des heures pour aboutir à un accord signé à l’unanimité sans jamais indiquer à ses partenaires de l’Union européenne, la possibilité d’organiser ce référendum. Mais Mesdames et Messieurs les Députés, ce n’est pas avec des regrets qu’on gère une crise qui de bout en bout aura mis à très rude épreuve l’unité européenne. Et naturellement, le moment venu, nous devrons tous ensemble tirer les enseignements politiques de cette crise et prendre les décisions qui s’imposent sur l’organisation de l’Union européenne et sur l’organisation de la zone Euro.
Simplement, il ne faudra pas s’en tenir à ce moment-là à des slogans, il faudra que chacun assume ses responsabilités : si l’on va vers plus d’intégration, si l’on va vers une mutualisation des dettes européennes, alors oui on ira vers des abandons de souveraineté sur lesquels il faudra ensemble que nous nous mettions d’accord.
Mais dans l’immédiat une fois encore, et une fois de plus, nous devons conserver notre sang froid et nous concentrer sur trois objectifs.
Le premier objectif c’est de mettre en œuvre le plan adopté jeudi dernier, à l’unanimité par les dix-sept membres de la zone Euro. Parce que ce plan c’est la seule voie responsable pour résoudre la question de la dette grecque en maintenant la Grèce dans la zone Euro. Je rappelle que dans le cadre de ce plan un effort de cent milliards supplémentaires qui vient s’ajouter au premier plan de cent dix milliards a été consenti par les Etats européens et par le Fonds monétaire international et qu’un abandon de créances de l’ordre de cent milliards d’euros a été accepté par les créanciers privés.
Le second objectif c’est de rappeler que la solidarité européenne est la contrepartie du consentement de la Grèce à poursuivre ses efforts pour assainir ses comptes publics et pour rétablir son économie. La solidarité européenne ne peut pas s’exercer si chacun ne consent pas aux efforts nécessaires. Alors dans cet esprit la France et l’Allemagne ont pris l’initiative de réunir dans quelques heures, avant l’ouverture du sommet du G.20 l’ensemble des Institutions européennes ainsi que le Fonds monétaire international pour examiner avec le Premier ministre grec les conditions dans lesquelles les engagements qui ont été pris seront tenus. Je veux dire que de ce point de vue, il est capital que les décisions qui ont été prises pour accroître les capacités d’action du Fonds européen de stabilité financière soient mises en œuvre dans les meilleurs délais. Parce que chacun comprend bien que dans la situation d’incertitude que crée la décision des autorités grecques, nous avons encore plus besoin qu’avant des moyens qui permettront de protéger le reste de la zone Euro contre les attaques spéculatives. C’est dans ce contexte que j’ai ce matin, réuni les représentants des principales banques françaises pour leur demander d’être exemplaires dans la mise en œuvre des conditions de l’accord de la semaine dernière et en particulier pour leur demander de renforcer leurs fonds propres à hauteur de 8,8 milliards d’euros dans les meilleurs délais afin de rassurer les investisseurs et de protéger notre pays contre tous les aléas. Le gouverneur de la Banque de France fera à ma demande, un suivi extrêmement régulier de la mise en œuvre des décisions du Conseil européen sur ce point.
Enfin, le troisième objectif consiste à rappeler aux peuples européens et singulièrement au peuple grec, qu’on ne peut pas être dans l’Europe pour bénéficier de sa solidarité et à côté de l’Europe pour échapper à la discipline que chaque nation doit consentir. Si référendum il doit y avoir il faut que les termes de ce référendum soient clairs ; entre la solidarité européenne qui est offerte en contrepartie d’efforts et le choix de la faillite nationale il faut choisir et je souhaite qu’un discours de vérité soit tenu.
Il n’y a pas de solution simple et immédiate au problème de la Grèce. Il y a un chemin du redressement qui sera nécessairement long et qui exigera des sacrifices importants mais dans lequel les Etats européens sont prêts à jouer leur rôle aux côtés de ce pays.
Mesdames et Messieurs les Députés, les Grecs doivent comprendre que l’Europe ne peut pas rester de longues semaines suspendue à la réponse qu’ils donneront au référendum. Les Grecs doivent donc dire vite et sans ambigüité s’ils choisissent ou non de conserver leur place dans la zone Euro.
Bien à vous,
@MorganeBRAVO
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