En dépit de l'accalmie qui règne sur le front de la crise de la dette souveraine, le secrétaire général de l'OCDE, Angel Gurria a une fois de plus appelé les Européens à porter leurs fonds de secours communs jusqu'au millier de milliards d'euros. Selon lui, plus les chiffres annoncés seront importants, moins le fonds aura besoin d'être utilisé. Interrogé sur la valeur plus symbolique que scientifique de ces 1.000 milliards, le Mexicain a répondu à Bruxelles qu'il s'agissait d'envoyer aux marchés « un signal fort » pour les dissuader de spéculer contre l'euro. Une sorte de démonstration de puissance, Angel Gurria adoptant même la rhétorique de la boxe, en demandant à l'Europe de monter sur le ring et de montrer ses muscles. Il ajoute toutefois que ce montant correspond en gros aux échéances annuelles des obligations de l'Italie et de l'Espagne, et reconnaît en même temps que les injections massives de liquidités menées récemment par la BCE diminuait probablement la nécessité d'aller jusqu'à un telle somme.
Le renforcement des outils de solidarité financière de la zone euro paraît désormais acquis, puisque la chancelière allemande Angela Merkel a pour la première fois admis lundi qu'on pourrait momentanément laisser cohabiter un certain temps l'actuel Fonds européen de solidarité financière (FESF), chargé d'aider le Portugal, l'Irlande et la Grèce et le prochain fonds permanent de solidarité. Un tel cumul permettrait selon les formules choisies d'augmenter le plafond des outils de financement européen de 500 milliards à un montant compris entre 700 et 950 milliards.
A priori, l'Allemagne plaidera pour l'option minimum, à savoir reprendre les engagements du FESF sur les trois pays aidés, soit quelques 200 milliards d'euros jusqu'en 2014, en sus du lancement du mécanisme permanent de secours de 500 milliards de capacité de prêts. Comme le débat n'est pas achevé, le patron de l'OCDE tente de faire peser la balance vers l'option sécurité maximum tout en précisant que l'OCDE n'a pas pour autant une vision excessivement pessimiste de l'économie européenne. Elle ne parie ainsi pas sur une récession annuelle comme le FMI mais sur un statu quo avec une croissance a minima de 0,2 %.
Bien entendu, l'accumulation des mesures d'austérité risque de peser lourd sur la demande des consommateurs et d'entraîner un trou d'air dans l'économie européenne, alors même que les déficits budgétaires devraient encore s'alourdir à 90 % du PIB avant de baisser. Mais l'OCDE ne plaide pas pour autant pour des mesures de relance classique dans son rapport. Au contraire, elle insiste comme la Commission européenne sur la nécessité de mener des réformes structurelles. « Nos études montrent que ces réformes structurelles ont des effets positifs sur la croissance à plus court terme qu'on ne le croît, car elles entraînent un bonus de confiance », a plaidé Angel Gurria. Ainsi les réformes engagées sur le marché du travail par le Premier ministre italien Mario Monti peuvent accélérer la croissance de 0,6 à 0,8 % point, déclare-t-il. L'OCDE évoque un gain de PIB de 10 % à l'horizon 2025 -dans de bonnes conditions de financement -, avec une dette publique qui repasserait sous la barre des 60 % du PIB cette année-là.
Le secrétaire général de l'OCDE a aussi insisté sur un élément clef de réflexion pour l'Europe : la mobilité de ses travailleurs. « A peine 3 % des Européens travaillent dans un autre pays européen que le leur », a-t-il souligné, en appelant à un effort de formation pour faciliter la mobilité des jeunes.
ANNE BAUER, À BRUXELLES.
LES HECHOS
27/03/2012
Bien à vous,
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire