La France et l’Europe dans le monde sous la présidence
d’Alain Juppé et de Louis Schweitzer
Livre blanc sur la politique étrangère et européenne de la France
2008 – 2020
INTRODUCTION
Par lettre de mission du 27 août 2007, le président de la République et le premier ministre ont demandé au ministre des Affaires étrangères et européennes la réalisation d’un Livre blanc
qui devait « identifier de manière opérationnelle :
- les missions prioritaires assignées à notre appareil diplomatique dans le contexte d’un monde en pleine évolution ;
- les aménagements à apporter à l’organisation et aux structures du ministère des Affaires étrangères et
européennes, pour qu’il se concentre sur ces missions ;
- les conséquences à en tirer sur les métiers spécifiques de ce ministère, tant au niveau du recrutement, de la formation professionnelle, du déroulement des carrières, que de l’ouverture vers l’extérieur ».
Le ministre a réuni à cette fin une commission indépendante composée de 40 membres, parlementaires,
diplomates, représentants de l’Université et de la recherche, du monde des affaires et de l’administration, qu’il a demandé à M. Alain Juppé de présider, avec M. Louis Schweitzer.
Il a précisé les termes de leur mission en leur demandant « de mener une réflexion sur l’état du monde et sur son évolution, d’actualiser l’analyse que nous pouvons porter sur l’environnement international afin qu’en soient déduites les priorités que nous voulons assigner à notre action extérieure et les missions confiées à notre diplomatie qui doivent être aujourd’hui reformulées dans le contexte de la mondialisation. »
La Commission du Livre blanc a travaillé de manière indépendante et ouverte. Elle a associé à ses réflexions des agents du ministère des affaires étrangères et d’autres administrations, a procédé à de nombreuses auditions de personnalités françaises et étrangères. Elle a veillé à bien articuler ses travaux avec les deux exercices conduits parallèlement : le Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale et la Révision générale des politiques publiques (RGPP).
La Commission du Livre blanc a conduit ses travaux à partir d’une analyse de la situation européenne et internationale ainsi que de ses perspectives de changement. L’horizon de sa réflexion a été fixé à 2020, tout en prenant en compte les préoccupations de plus court terme.
Pour de bonnes ou de mauvaises raisons, nos compatriotes portent un regard inquiet sur la mondialisation. La Commission a choisi de faire de ce thème un fil conducteur de ses travaux. Ceux-ci l’ont conduite à faire un bilan équilibré des défis et des chances qui se présentent à la France et aux Français : ils peuvent relever les premiers et bénéficier des secondes.
Dans ce contexte, cinq priorités ont été retenues pour notre action extérieure :
- assurer la sécurité de la France et des Français, défendre et promouvoir leurs intérêts ;
- construire avec nos partenaires une Europe forte, démocratique et efficace ;
- agir dans le monde pour la paix, la sécurité et les droits de l’homme ;
- contribuer à l’organisation d’une mondialisation qui assure un développement durable et équilibré de la planète ;
- assurer la présence des idées, de la langue et de la culture françaises tout en servant la diversité culturelle.
Ces missions sont inspirées à la fois par la fidélité à l’héritage de la France et l’adaptation nécessaire à
l’évolution des grandes questions internationales.
Enfin, le Livre blanc formule des recommandations pour rénover notre action extérieure et adapter le
ministère des Affaires étrangères et européennes (MAEE), ses structures et ses modes de fonctionnement.
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Dans ce contexte, plusieurs réformes majeures sont proposées, notamment la création d’une direction des Affaires économiques et globales, la concentration des moyens du réseau diplomatique, dont les plus petits postes seraient réduits à une mission de présence allégée, et le transfert de la mise en oeuvre des actions de coopération et d’aide au développement du ministère à l’Agence française du développement (AFD).
Une partie essentielle de ces propositions porte, conformément au mandat de la Commission, sur le métier diplomatique, et l’évolution nécessaire du recrutement et du déroulement de carrière des agents du ministère : l’accent a été mis sur leur formation professionnelle, initiale et continue.
Cependant, la Commission est allée au-delà et s’est attachée à traiter des problèmes qui dépassent la stricte compétence du ministère des Affaires étrangères et européennes : il en va ainsi de la coordination de l’action extérieure de l’Etat, de l’audiovisuel extérieur, du pilotage d’ensemble de l’aide publique au développement (APD), de l’avenir des Missions économiques et des services correspondant en administration centrale, qu’elle a proposés de transférer du ministère de l’Economie au ministère des Affaires étrangères et européennes. D’où l’intitulé de cette troisième partie – « Douze propositions pour une action extérieure rénovée » – dont l’objectif essentiel est de faire du ministère des Affaires étrangères et européennes un outil plus efficace, tourné vers l’action, orienté par une culture du résultat. L’exercice est important alors que s’élabore le projet de budget pluriannuel qui encadrera l’évolution des moyens de l’action extérieure de l’Etat pour la période 2009-2011.
Notre diplomatie a-t-elle les moyens de ses ambitions ? Alors que nous vivons une situation paradoxale –avec d’un côté, un monde concurrentiel, fragmenté et dangereux, particulièrement exigeant pour notre action extérieure, et de l’autre, un ministère des Affaires étrangères et européennes dont les moyens n’ont cessé de se réduire – il n’est plus possible de différer la réponse à cette question essentielle.
La Commission ne méconnaît pas les contraintes budgétaires auxquelles l’Etat doit faire face. Elle insiste par ailleurs sur la nécessité de faire des choix et de diriger les moyens du ministère vers les domaines prioritaires qu’elle a identifiés.
Elle n’en estime pas moins nécessaire de faire valoir que le MAEE a d’ores et déjà fourni une contribution importante aux efforts accomplis ces dernières années, avec une réduction de ses effectifs de 11% entre 1997 et 2007 et, ce qui est peut-être plus grave, une réduction en termes réels de ses moyens de fonctionnement et d’investissement de 21% entre 2000 et 2008 (cf. annexe). Avec la nécessité d’un réseau dense, la montée des contributions aux organisations internationales, qui sont deux conditions de la présence de la France dans le monde, ses moyens d’action et d’intervention reculent continûment. On ne peut réduire indéfiniment ces
effectifs et ces moyens sans remettre en cause les ambitions européennes et internationales assignées à notre action extérieure.
Ce Livre blanc doit contribuer à un processus de modernisation et de transformation de l’outil diplomatique de la France, où adaptation à l’environnement stratégique et réforme publique ne s’opposent pas, mais se complètent...
2007 *Ce que l'Europe attend toujours de la France*
A SUIVRE...!
Bien à vous,
Morgane BRAVO