mardi, janvier 29, 2008
*Mais où va la grande coalition ? : Scrutins régionaux-la CDU d'Angela Merkel recule*
***A la veille d’importantes échéances électorales régionales, le gouvernement de Berlin dérive dans l’invective et court à sa perte. Faute de programme commun, chacun cherche l’issue de secours.
Qu’elle aille se faire… Il a complètement pété les plombs… Je vous demanderai de faire preuve d’un peu de retenue… On oscille actuellement entre falsification et insulte… On ne peut pas continuer comme ça…
C’est pourtant bien comme ça qu’ils continuent, les soi-disant partenaires de la grande coalition. Depuis que le Land de Hesse est en campagne électorale [pour le scrutin du 27 janvier], la vie politique allemande a changé de ton. Plus trace du style nouveau qu’Angela Merkel [chancelière, chrétienne-démocrate, CDU] et Franz Müntefering [vice-chancelier et ministre du Travail de 2005 à 2007, social-démocrate, SPD] donnaient comme caractéristique de leur alliance il y a deux ans : on entendait alors régler les problèmes sobrement, organiser efficacement la gestion des affaires gouvernementales, dépasser avec pragmatisme les frontières idéologiques.
Aujourd’hui, Roland Koch [ministre-président de Hesse, CDU] frappe en dessous de la ceinture, Frank-Walter Steinmeier [ministre des Affaires étrangères, SPD], pourtant si diplomate, sort de ses gonds, et la chancelière se jette au milieu de la mêlée. Jamais depuis le soir des élections d’octobre 2005 chrétiens-démocrates et sociaux-démocrates n’avaient montré à ce point ce qui les unissait – à savoir rien du tout.
N’en a-t-il pas toujours été ainsi ? La politique ne fonctionne-t-elle pas toujours selon le principe “la canaille se tape dessus et se réconcilie tout de suite après” ? Certes. Une campagne électorale n’est pas un colloque, c’est une lutte pour le pouvoir qui se mène parfois à coups d’arguments mais surtout à coups d’émotions. Qui veut tirer les électeurs de leur léthargie doit les mobiliser, doit polariser le débat. Après coup, on aura tout oublié. La canaille se réconcilie tout de suite après le scrutin.
Un seul objectif : gagner les législatives en 2009
La situation est cependant différente aujourd’hui, plus dangereuse. Ceux qui se traitent de tous les noms à Berlin ne sont pas le gouvernement et l’opposition, comme de coutume, mais des partenaires qui ont formé une coalition pour gouverner ensemble le pays. Angela Merkel, Frank-Walter Steinmeier et Kurt Beck [le président du SPD] pourront-ils, après les élections de Hesse, se réunir et aborder de manière constructive la suite des opérations – la question des mineurs délinquants (cheval de bataille des chrétiens-démocrates), le salaire minimum (thème de campagne du SPD), etc. ? Non. Dans le meilleur des cas, ils ne pourront qu’épurer cette atmosphère empoisonnée.
Noirs et rouges [chrétiens-démocrates et sociaux-démocrates] ne se rejoindront plus. Cette coalition a perdu sa légitimité. Elle a encore quelques tâches à accomplir, mais plus de programme commun. Elle est à bout de force, et la croissance économique la rend paresseuse et autosatisfaite : il n’y a rien à faire, ça tourne tout seul. Des réformes ? Bêrk, un gros mot. Qui voudrait jouer les Schröder ? On a vu comment ça s’est terminé [par sa défaite électorale en octobre 2005]. Les grands partis viennent d’entrer dans une nouvelle phase de réflexion stratégique. A partir de maintenant, toute la question est de savoir quand et comment sortir de la coalition et conquérir le pouvoir aux élections législatives en 2009.
Il existe suffisamment de points de rupture théoriques pour que Merkel et/ou Beck puissent provoquer une rupture de la coalition quand ils le souhaiteront – sur le salaire minimum, par exemple. Aucun des grands problèmes n’est insoluble, mais tous sont suffisamment complexes pour faire échouer une coalition.
Qui peut y avoir intérêt ? La CDU ? Peut-être, si elle gagne les élections aux parlements régionaux de Hesse, de Basse-Saxe [le 27 janvier] et de Hambourg [le 24 février]. Roland Koch, Christian Wulff et Ole von Beust [dirigeants sortants, tous chrétiens-démocrates] avaient lors des dernières élections profité des ratés au démarrage de la coalition rouge-verte [du chancelier Gerhard Schröder] à Berlin. Aujourd’hui, ils seront jugés à l’aune des scores de rêve qu’ils avaient alors réalisés. S’ils parviennent à conserver leur poste, la CDU pourrait être tentée de profiter de l’occasion à Berlin. Quant au SPD, s’il parvient à briser le pouvoir de Koch en Hesse et à reconquérir le pouvoir à Hambourg, il pourrait lui aussi parvenir à la conclusion que le moment est favorable à des élections nationales anticipées. Tout cela est encore au conditionnel. L’incertitude est encore trop grande dans les deux camps. Mais l’humeur est au changement : Qu’elle aille se faire… Qu’il aille se faire…
Uwe Vorkötter
Frankfurter Rundschau
Courrier International
24/01/2008
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