***La crise politique s'aggrave en Turquie : hier, des islamistes présumés ont attaqué le consulat américain d'Istanbul. Au même moment, des partisans du Parti des travailleurs kurdes (PKK) ont enlevé trois alpinistes allemands. Pendant ce temps, la procédure d'interdiction du parti au pouvoir, l'AKP, menace la stabilité politique du pays. Que signifient ces développements pour l'adhésion de la Turquie à l'UE ?
La Repubblica - Italie
Dans un contexte de crise politique, le quotidien La Repubblica estime que "la peur revient en Turquie". "Après les arrestations de militaires pendant la procédure de dissolution du gouvernement, l'attentat d'hier [pourrait] signifier la fin d'une longue période de stabilité politique. … A Istanbul et à Ankara, on est d'accord sur le fait que cet attentat a eu lieu à un moment de tensions particulièrement vives. Le Parti conservateur islamique au pouvoir, le Parti pour la justice et le développement (AKP), a donné depuis 2002 des impulsions significatives à l'économie et mené des réformes qui ont laissé espérer en une adhésion à l'UE. Mais il a également introduit des mesures controversées comme le retour du voile dans les universités et l'interdiction de boire de l'alcool dans certaines zones des grandes villes." (10.07.2008)
Frankfurter Rundschau - Allemagne
Les derniers développements pourraient bien aboutir à la fin politique du Premier ministre turc, Tayyip Erdogan, estime le quotidien Frankfurter Rundschau. "Il ne faisait aucun doute que l'été s'annonçait brûlant pour la Turquie depuis que le Conseil constitutionnel avait entamé une procédure d'interdiction contre le parti au pouvoir, l'AKP. Mais personne ne s'attendait à un développement politique d'une telle ampleur - Erdogan non plus. Le Premier ministre pourrait se retrouver dans une situation très critique suite aux derniers événements. Après l'enlèvement des trois Allemands par le PKK, les opposants d'Erdogan ont rénouvellé le reproche déjà connu quant à l'attitude trop hésitante qu'aurait adopté le Premier ministre face aux rebelles kurdes au cours des dernières années. L'attentat d'Istanbul est encore plus explosif. … S'il s'avérait que de nouveaux attentats étaient en préparation dans les milieux intégristes, au moment où la lutte pour le pouvoir en Turquie atteint son paroxysme, cela serait du pain bénit pour les opposants d'Erdogan." (10.07.2008)
La Vanguardia - Espagne
Le quotidien La Vanguardia considère que l'attentat qui a eu lieu à Istanbul va encore retarder l'adhésion de la Turquie à l'UE : "Même si l'attentat a immédiatement été attribué à un commando terroriste et que certains soupçonnent l'implication de l'islamisme radical d'Al-Qaïda, cet attentat intervient à un moment très délicat pour l'avenir de ce pays méditerranéen. Du fait de l'islamisme modéré de la présidence et du gouvernement d'Ankara, le parti de Recep Tayyip Erdogan est très étroitement surveillé par le Conseil constitutionnel, qui pourrait déclarer celui-ci illégal. Cela porterait sûrement un coup de grâce à l'espoir turc d'entrer dans l'UE. … Comme Al-Qaïda, il existe d'autres groupes qui ont intérêt à ce que le projet européen de la Turquie échoue." (10.07.2008)
Les Echos - France
Le Parti français au pouvoir, l'UMP, prévoit d'inscrire dans la Constitution le projet d'un référendum obligatoire sur l'adhésion de la Turquie à l'UE, ce qui a ravivé les débats sur cette question. Le quotidien économique Les Echos analyse dans ce contexte la crise actuelle de la Turquie et ses relations avec l'Union européenne. "Tous les acteurs de la tragédie antique sont réunis : le guerrier, le politicien, le religieux et le peuple. Depuis plus d'un an, la Turquie s'est installée dans une crise institutionnelle, dont les conséquences sont encore imprévisibles pour le membre le plus oriental de l'OTAN. … A l'origine de cette nouvelle crise, le parti au pouvoir, l'AKP, qui professe un islamisme, en principe, modéré, livre un bras de fer pour sa survie avec les Forces armées turques qui se veulent les garants de la laïcité s'inspirant du 'kémalisme'. … Pour évoluer, la seule perspective qui s'offre aujourd'hui à la Turquie reste les négociations sur une éventuelle adhésion à l'Union européenne, mises un peu en veilleuse. … La Turquie ne doit en tout cas pas prendre le prétexte d'un horizon européen obscurci pour s'arrêter dans sa longue marche réformatrice."
(08.07.2008)
Eurotopics
10/07/2008
jeudi, juillet 10, 2008
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