*** Le président de l'UMP a détaillé son programme dans l'émission "A vous de juger". Il a confirmé qu'il quittera le gouvernement "au moment où la campagne rendra impossible l'exercice de (sa) responsabilité".
Nicolas Sarkozy sur le plateau de l'émission ''A vous de juger'', jeudi soir (AP)
** Nicolas Sarkozy tente de corriger son image pour contrer l'effet Royal. Pour sa première émission de télévision au lendemain de sa déclaration de candidature, le président de l'UMP, désormais chantre de la "rupture tranquille", a posé, jeudi 30 novembre en "Républicain passionnément modéré" lors de l'émission "A vous de juger" sur France-2, tout en maintenant l'ensemble de ses propositions.
Il a précisé qu'il quitterait le ministère de l'Intérieur "au moment où la campagne rendra impossible l'exercice de (sa) responsabilité". Celui qui veut nouer une "nouvelle relation avec les Français" a dialogué pendant 2h45 avec des simples citoyens: une conductrice de bus, un policier, un magistrat, un chef d'entreprise, un habitant des quartiers, une mère de famille en situation précaire... Il s'agissait pour lui de corriger une image qui inquiète les Français alors que Ségolène Royal les rassure, selon les sondages. Fendant l'armure, il a reconnu d'emblée être parfois en proie au doute. "Il n'y a pas un jour où je ne réfléchis pas, et où je ne doute pas et ou je n'hésite pas", a-t-il confié.
* Contre "la régularisation massive"
"L'apôtre de la "rupture" a mis de l'eau dans son vin. "Je sens profondément le désir de changement chez les Français (...) En même temps, il y a un désir de protection, de rassemblement. Il faut incarner les deux", a-t-il dit. "On peut être un Républicain passionnément modéré comme je le suis et proposer une alternative forte", a estimé Nicolas Sarkozy. Il s'est aussi efforcé de gommer son image de ministre de l'Intérieur sur la question de l'immigration.Interrogé par le chanteur Enrico Macias, il s'est engagé "à regarder les dossiers" d'enfants sans-papiers scolarisés dans une école du XVIIIe arrondissement de Paris mais il a refusé "la régularisation massive". "Je suis tout à fait près à regarder les dossiers, à regarder la situation de ces familles. C'est un sujet extrêmement difficile que l'on ne peut pas évoquer à la légère", a souligné le ministre de l'Intérieur.Il a ajouté qu'il avait "une responsabilité" et qu"'être scolarisé dans une école est un droit.Si j'autorise la régularisation de tout le monde, je crée alors une nouvelle filière d'immigration". Le ministre a rappelé que la France avait connu "trois régularisations massives en 1981, en 1991 et en 1997 et qu'à chaque fois, ça a reconstitué le stock de clandestins". "Maintenant, il faut être humain parce que ce sont des humains dont il s'agit. Je m'engage à recevoir les représentants de cette école et d'étudier tous les cas. Je ne prétends pas avoir raison, mais je ne ferai pas de régularisation massive", a conclu Nicolas Sarkozy
.…et contre le droit de vote des étrangers
Interrogé par ailleurs sur la question du droit de vote des immigrés en situation régulière, payant leurs impôts, leurs cotisations sociales et travaillant, Nicolas Sarkozy a rappelé qu'il était "contre le droit de vote aux élections nationales".
"C'est une question sur laquelle j'ai beaucoup réfléchi, j'ai beaucoup hésité, et sur laquelle je suis très minoritaire dans ma famille", a précisé le ministre de l'Intérieur. "Je suis contre parce que c'est un problème de citoyenneté. Si on n'est pas citoyen français, on ne vote pas pour faire la loi". Au sujet des élections municipales, Nicolas Sarkozy a souligné qu"'il existe déjà pour les étrangers communautaires". "Faut-il faire la même chose pour les étrangers non communautaires", s'est interrogé le ministre de l'Intérieur.
"Je suis assez d'accord, mais je mettrais une autre condition à celle de payer ses impôts, qui est celle d'être en situation régulière, d'être là depuis dix ans, et surtout d'avoir la réciprocité avec le pays d'origine", a conclu Nicolas Sarkozy.
Compliments à Ségolène Royal
Mais celui qui veut séduire les électeurs de gauche qui "croient dans le mouvement" n'a pas été avare de compliments pour son adversaire socialiste. "Ne réduisez pas Ségolène Royal à son seul statut de femme, elle vaut mieux que cela", a-t-il glissé. Malgré ses efforts, le naturel est revenu au galop. "Si j'en crois les sondages, peut-être que cette qualité de rassemblement se fait autour de ma candidature", s'est-il vanté quand on lui a demandé comment il allait s'y prendre pour rassembler sa famille politique. Le président de l'UMP ne s'est pas privé de railler la campagne "participative" de Ségolène Royal. "Vous ne croyez pas que le rôle d'un homme politique, c'est le dialogue et pas simplement l'écoute passive?", a-t-il demandé.
Eviter un nouveau "tsunami" politique
Interpellé par un homme d'origine africaine qui lui racontait avoir eu le pistolet d'un policier sur la tempe lors d'un contrôle d'identité, Nicolas Sarkozy a mis en doute son témoignage."Quand il y a des plaintes de cette nature, on donne suite, si c'était si grave que vous nous l'avez expliqué", a-t-il répondu, tout en se disant prêt à étudier son cas. Sur le fond, le désormais candidat n'a pas varié d'un iota dans son discours. Il a continué à revendiquer la "rupture". "Cette rupture que j'ai mise en oeuvre pour la politique de sécurité, je veux la mettre en oeuvre pour la France dans son ensemble", a lancé Nicolas Sarkozy, opposant sa démarche à "l'immobilisme" du PS. Soucieux de se distinguer de Ségolène Royal, accusée de "ne rien dire", il a marqué sa volonté d'une campagne projet contre projet pour éviter à la France un nouveau "tsunami" politique, après ceux de 2002 et de 2005.
Application immédiate des peines plancher
Dans cet esprit, il a détaillé ses propositions, rabâchées depuis quatre ans, tout en précisant ses priorités. Il a ainsi annoncé qu'il "ferait appliquer tout de suite" s'il était élu ses propositions de peines plancher pour les récidivistes et de réforme de l'ordonnance de 1945 sur la délinquance des mineurs.
Sur plusieurs points, il a fait des propositions qui ne figurent pas dans le projet législatif de l'UMP. Le droit de vote pour les étrangers non communautaires aux élections municipales sous certaines conditions en fait partie. En fin d'émission, il a annoncé que le "grand chantier" de son éventuelle présidence serait "de donner à chaque région de France un campus européen".
NOUVELOBS.COM
(Avec AP)
01.12.06
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