lundi, février 04, 2008
*La vie au-delà de la place du marché : Séminaire d'étude sur les initiatives européennes de médias en ligne*
***Le 8 novembre 2007, à Vienne, la Fondation Européenne de la Culture (ECF), l'Institut des Sciences Humaines (IWM), le Centre fédéral pour l'éducation politique (bpb) et Eurozine ont organisé un séminaire d'étude sur les initiatives européennes de médias en ligne. Tommi Laitio de l'ECF en explique la raison.
L'Internet est-il en train de détruire la qualité de l'écriture ? Notre avenir sera-t-il une triste caricature de la sphère publique au sein de laquelle ceux qui alimentent le mauvais côté de l'humanité survivront à la bataille darwiniste pour attirer l'attention ? Serons-nous destinés à l'insignifiance lorsque le nom de Simon Cowell (en.wikipedia.org/wiki/Simon_Cowell) sera connu de plus de gens que celui de Jürgen Habermas (en.wikipedia.org/wiki/J%C3%BCrgen_Habermas)?
La réponse est tout simplement non si l'on pose la question aux gens rassemblés à Vienne. Il y a de la place en ligne pour les amateurs et pour les professionnels et il existe toujours une demande d'écriture de qualité. Le blogue d'une ménagère hollandaise ne constitue pas une menace imminente pour De Volkskrant (www.volkskrant.nl). Et comme les exemples du Monde Diplomatique (www.monde-diplomatique.fr) et The Economist (www.economist.com) nous le montrent, une bonne gestion d'affaires et une écriture engagée peuvent encore cohabiter sous le même toit. Alors que la masse des sources d'information augmente inexorablement, une chose pourrait livrer un pronostic hautement optimiste pour l'avenir du journalisme de qualité : nous, les citoyens, avons besoin d'encore plus d'analyses qualifiées et fiables afin de pouvoir tenir nos élus en laisse. Reprocher aux journaux Web et aux initiatives en ligne de causer le déclin des abonnements de journaux est une position à la fois irresponsable et mal informée. Comme les projets en ligne de journaux tels que le quotidien finlandais Helsingin Sanomat (blogit.hs.fi) nous le démontrent, les journaux Web actuels faits par des équipes de journalistes ont aidé les journaux à reprendre contact avec leurs lecteurs.
Il est évident que l'alarmisme au sujet de la disparition de l'intellectualité ne nous mène pas très loin et nous avons besoin de plus d'analyses détaillées de l'impact de la révolution numérique. Nous avons besoin à la fois d'intellectualiser et de spécifier de quoi nous parlons. L'Internet aurait tendance à être considéré plutôt comme un outil que comme un média, c'est pourquoi il faut comparer de préférence OpenDemocraty (www.opendemocracy.net) et Prospect (www.prospect-magazine.co.uk/landing_page.php), de préférence Internet et la Frankfurter Allgemeine Zeitung (www.faz.de). Il faut tenter d'éviter dans la discussion les simplifications entre bien et mal. En même temps, alors que plus d'un journal essayiste se bat pour maintenir son tirage, des collaborations comme Eurozine (www.eurozine.com) auraient été pratiquement impossibles avant Internet.
Comme le montre le Web 2.0, le boom de l'Internet ne se situe pas au niveau de la numérisation des contenus, mais du changement de comportement. La manière dont nous interagissons, partageons et produisons des informations est un défi aux notions traditionnelles de copyright et d'exclusivité. Quoiqu'il en soi, changer le paradigme dominant du rôle des médias n'est pas facile – surtout pour bon nombre d'acteurs établis. La critique agressive de la presse imprimée allemande envers la revue de presse quotidienne indépendante eurotopics a montré à quel point la nouvelle culture est perçue par beaucoup d'entreprises médiatiques dominantes comme une menace du statut honorifique dont elles jouissent traditionnellement dans le contexte national. L'assimilation d'initiatives telles qu'eurotopics au kit d'outils des journalistes demande toujours un grand investissement en marketing, en travail de conviction et en coopération.
Quand on réunit un groupe d'initiatives médiatiques transnationales, la question du financement de leur travail ne se fait pas attendre longtemps. Cette question est d'une grande importance : qui serait en mesure de financer au niveau européen une comparaison de l'information, du journalisme d'investigation et des réseaux entre les initiatives ? La facture doit-elle être réglée par les consommateurs, par des fondations publiques ou privées, par les gouvernements nationaux ou peut-être par les institutions européennes ? Actuellement, des fondations telles que Riksbankens Jubileumsfond (www.rj.se), l'ECF (www.eurocult.org), la fondation Helsingin Sanomat (www.hssaatio.fi) et des institutions publiques telles que le Centre fédéral pour l'éducation politique (www.bpb.de) interviennent pour combler le déficit. La question est cependant de savoir comment établir les conditions d'existence d'un journalisme animé par l'évolution de la société et non par des politiques de subventions. L'appel aux bailleurs de fonds à couvrir les frais généraux dans le cadre de partenariats limités à quelques années était fort parmi participants de Vienne. Si vous demandez leur avis aux éditeurs, les bailleurs de fonds devraient permettre aux initiatives de grandir – et même de devenir des affaires profitables.
Mais d'ici que la politique dominante ait changé, l'interaction entre les différents acteurs devra s'être améliorée. Le concours de publicistes établis et d'éditeurs à cette discussion constitue le prochain grand défi. Il faut élever le niveau de confiance afin de pouvoir discuter ouvertement des défis à partager. Une collaboration authentique n'émergera pas sans un niveau raisonnable de confiance. Mais le plus important est que nous avons urgemment besoin d'actualiser notre manière de penser l'interaction. Nous avons tendance à être encore trop fixés sur l'idée antique d'un village entier se rassemblant sur la place du marché pour discuter des problèmes de la rencontre. Nous pouvons faire mieux. Un haut niveau de réseaux et de confiance est invisible et c'est pourquoi il est tout d'abord impossible à identifier. Nous avons la possibilité d'interagir sur différents niveaux et à différents moments.
En somme, la situation requiert de la patience et de meilleurs outils – des bailleurs de fonds aussi bien que des bénéficiaires.
Eurotopics
de Tommi Laitio
28.01.2008
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