*** Avec le début de la présidence allemande au 1er janvier, l’Union européenne peut espérer sortir du coma dans lequel l’ont plongée en 2005 les non français et néerlandais à la Constitution européenne. Le retrait attendu de Jacques Chirac rend possible une nouvelle discussion entre la France et ses partenaires. Rien de décisif ne se fera au cours de ce semestre, mais le temps des propositions est revenu. La campagne présidentielle française est l’occasion pour les candidats, notamment Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal, de préciser leurs propositions, afin que le débat puisse s’engager à Bruxelles dans la foulée de l’élection. Le président de l’UMP propose un mini traité reprenant les dispositions institutionnelles de la Constitution, tandis que la candidate du PS, partisane d’une Europe par la preuve, n’a pas formulé de propositions concrètes mais juge la Constitution "caduque". Les partenaires de la France, eux, entendent rappeler les vertus d’une Europe qui s’est enlisée en raison du non français : les pays qui ont ratifié la Constitution se réuniront à Madrid fin janvier pour rappeler les mérites d’un texte qui devait permettre à l’Union élargie de fonctionner à vingt-sept. Et, en mars, les chefs d’Etat et de gouvernement célébreront le cinquantenaire du traité de Rome. Mais c’est avec Angela Merkel que doit s’engager la discussion. Les Allemands comptent parmi les plus chauds défenseurs du projet constitutionnel, issu d’une négociation dont ils étaient sortis les grands gagnants. Ils avaient obtenu à Bruxelles des droits de vote proportionnels à leur population ; la charte des droits fondamentaux avait été incluse dans le traité ; et les compétences entre Bruxelles, Berlin et les Länder avaient été clarifiées. Mais ces débats sont ceux des années 1990. Mondialisation, élargissement... Les enjeux d’aujourd’hui dépassent ceux que reflétait le texte rejeté par les Français. Ses avancées restent nécessaires, mais cela ne suffit pas. L’Europe a besoin d’une vraie politique de l’énergie autant que d’une coordination de ses politiques économiques, fiscales, voire sociales. L’Europe a besoin d’un vrai budget pour pouvoir agir efficacement. Sur ce point, l’Allemagne de Gerhard Schröder puis d’Angela Merkel s’est montrée peu coopérative, préférant négocier seule avec la Russie sur l’énergie ou décidant seule d’augmenter de trois points sa TVA. Pour relancer l’Europe, les Français doivent faire des propositions favorisant de nouvelles coopérations et prouver qu’ils sont prêts à accepter des décisions prises à la majorité des pays, ce qui n’a guère été le cas jusqu’à présent. De leur côté, les Allemands doivent faire preuve d’audace européenne. Ils ne peuvent pas se contenter d’un statu quo qui laisse l’Europe paralysée.
Article paru dans le Monde
édition du 03.01.07.
jeudi, janvier 04, 2007
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