*** Les pays qui ont ratifié la Constitution de l'Union affichent leur volonté d'en défendre la substance :Les ministres ou secrétaires d'Etat aux affaires européennes des dix-huit pays qui ont ratifié le traité constitutionnel devaient se réunir, vendredi 26 janvier à Madrid, pour en défendre la substance. L'initiative de la rencontre vient de l'Espagne et du Luxembourg, les seuls qui aient fait approuver le texte par référendum. Deux autres Etats, l'Irlande et le Portugal, qui ne se sont pas encore prononcés sur le traité, ont demandé à participer à la rencontre.***************************Une conférence "positive et constructive" Les 18 pays qui ont ratifié la Constitution européenne se sont dits "disposés à travailler ensemble sur la base du traité constitutionnel", afin de trouver un accord qui respecte "sa substance et ses équilibres", selon la déclaration finale de la conférence informelle tenue vendredi 26 janvier.Il se sont néanmoins déclarés "disposés à écouter avec un esprit constructif les propositions des autres Etats membres".Ces pays se sont mis d'accord pour se "réunir de nouveau lorsque cela sera opportun en coopération avec la présidence" allemande de l'Union européenne, sans toutefois fixer de date.*********************Baptisée "réunion des amis du traité constitutionnel", cette conférence a pour but, selon les organisateurs, de "faire entendre la voix de ceux qui ont dit oui" afin d'aider la présidence allemande à trouver une issue à la crise. Les dix-huit se défendent d'aggraver, par leur initiative, les divisions entre Etats. A ceux qui suggèrent, en Grande-Bretagne ou en Pologne, de reprendre les discussions de zéro, ils veulent rappeler que deux tiers des Etats ont ratifié le texte et souhaitent en préserver l'essentiel. S'ils reconnaissent que le traité ne pourra pas être ratifié tel quel, ils affirment que son esprit n'est pas mort."Nous ne voulons pas que ceux qui ont dit non enferment le processus autour du non", a déclaré à l'agence Reuters le ministre luxembourgeois, Nicolas Schmit, qui copréside la réunion. Celle-ci, a-t-il ajouté, est "une démarche positive pour rappeler que l'Europe a besoin d'une réforme en profondeur et qu'à ce stade la meilleure réforme est celle proposée par le traité constitutionnel."La présidence allemande ne sera représentée à Madrid que par un membre de son ambassade, à titre d'observateur. Le ministre des affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, a estimé que la rencontre n'était pas critiquable tant qu'elle ne conduisait pas à opposer les Etats les uns aux autres. Il a exprimé le souhait qu'elle ne constitue pas "une tentative de marginalisation de quiconque". Devant la commission des affaires constitutionnelles du Parlement européen, il a toutefois affirmé, lundi 22 janvier, que, deux tiers des pays ayant déjà approuvé le texte, "certains Etats devront bouger plus que d'autres" dans la perspective d'un compromis.Vendredi, la chancelière Angela Merkel s'est rendue à Prague, l'une des capitales les plus hostiles à la Constitution, pour entamer ses consultations officielles. Elle a demandé à tous les pays de nommer deux sherpas pour faciliter celles-ci. Le président Chirac a désigné cette semaine pour la France son conseiller pour les affaires européennes, Laurent Vigier, et la secrétaire d'Etat aux affaires européennes, Catherine Colonna. Avant la rencontre de Madrid, on s'employait dans les milieux français à Bruxelles à en minimiser l'importance, raillant une réunion qu'un diplomate comparait à une "cérémonie de funérailles" de la Constitution.Cette rencontre a été vivement dénoncée par les souverainistes, qui jugent qu'elle "ne respecte pas les non français et néerlandais". En signe de protestation, Jens-Peter Bonde, coprésident du groupe Indépendance et démocratie au Parlement européen, devait se rendre dans la capitale espagnole, en compagnie des eurodéputés Patrick Louis, membre du Mouvement pour la France de Philippe de Villiers, et Thomas Wise, du Parti pour l'indépendance du Royaume-Uni (UKIP).Dans un communiqué commun, deux représentants du "non de gauche", le socialiste français Jean-Luc Mélenchon et l' Allemand Oskar Lafontaine (Parti de gauche), s'indignent de la "mise à l'écart" des pays qui n'ont pas ratifié le traité. "Une telle méthode rompt le cadre collectif qui a toujours prévalu pour faire avancer l'Europe communautaire", affirment-ils.Pour montrer leur volonté de dialogue avec ceux qui n'ont pas encore approuvé le texte, l'Espagne et le Luxembourg avaient annoncé l'organisation d'une deuxième rencontre, fin février, étendue à l'ensemble des Etats. Mais elle a été reportée sine die, officiellement pour des raisons de calendrier.
Thomas Ferenczi et Rafaële Rivais
Article paru dans l'édition du 27.01.07.
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