**** Au Parti socialiste, la campagne patine pour le plus grand plaisir des Suisses. Sarkozy, en revanche, parvient même à "fasciner" les commentateurs. Un peu trop parfois...
* Les Suisses sont ravis. La mise en congé pour un mois d'Arnaud Montebourg a un petit goût de revanche pour la confédération helvétique dont le porte-parole de la candidate avait dénoncé les "pratiques prédatrices" en matière fiscale. Dans son édito du 19 janvier, la Tribune de Genève jubile littéralement. "Arnaud Montebourg a présumé de son importance. Il a surestimé l'espace que lui ouvrait son ralliement à Ségolène Royal. Invité sur un plateau de télévision, il n'a pas pu résister au plaisir de s'entendre proférer un bon mot venimeux. Au poste qu'il occupait, l'incident était plus qu'un faux pas : une erreur qui ne pouvait passer inaperçue. La candidate se sépare donc d'un associé encombrant." Et le quotidien n'oublie pas l'aspect suisse de la question Montebourg : "Cette décision [de mise en congé] vaut aussi désaveu à l'encontre des déclarations les plus polémiques de l'élu de Saône-et-Loire. L'offensive contre la Suisse et les paradis fiscaux est ramenée à ses exactes proportions."Et toc !
Reste qu'en dehors de nos frontières, on s'est rendu compte des difficultés de celle qui, il n'y a pas si longtemps, était appelée dans toutes les langues la "madone des sondages". Si le Corriere della Sera prend encore le temps d'opposer Ségolène et Condoleezza Rice, c'est moins sur leurs qualités que sur leur… situation familiale respective. La candidate socialiste faisait il y a encore quelques semaines les beaux jours des suppléments dominicaux de toute l'Europe. Aujourd'hui, son nom sert à parler d'autre chose. "Une célibataire surpuissante et de droite s'opposerait à une mère de famille nombreuse de gauche ? C'est certes banal, mais cette vision des choses fonctionne. En effet, deux statistiques se télescopent au même moment : aux Etats-Unis, on nous signale que 51 % des femmes sont célibataires. La France, elle, fête un record de natalité." Voilà donc la candidate socialiste ramenée au rang de faire-valoir d'un phénomène de société qui la concerne assez peu. La même méthode – sur le même sujet – est d'ailleurs utilisée par le Guardian qui accompagne un article qui se demande "pourquoi les Françaises sont si fertiles" d'une photo avantageuse de Ségolène Royal.
Toutefois, cette semaine de campagne appartient plutôt à Nicolas Sarkozy. C'est lui qui suscite les éditoriaux et les commentaires plus ou moins admiratifs. Le quotidien de centre gauche portugais Público, par exemple, le trouve "fascinant". "Boule de nerfs ou pile électrique, Nicolas Sarkozy attire autant qu'il repousse, mais les idées qu'il lance à contre-courant sont souvent stimulantes." Le portrait qu'en dresse ensuite Teresa de Sousa – une des plus grandes plumes de la presse portugaise – a l'avantage de ne pas s'embarrasser de tabous : "Brun et de petite taille, 'Français au sang mêlé' comme il le dit lui-même, son ambition n'en est pas moins démesurée. Les Français le comparent à Napoléon, un parallèle qu'il déteste." Et la commentatrice d'ajouter qu'"à l'instar de la belle et séraphique Ségolène, il est une énigme et un pari très risqué" pour la France. Et puis, il y a les enthousiastes. Presque trop d'ailleurs. The New York Sun, par exemple, publie une contribution incroyable qui propose un portrait hallucinant de la France de ces quarante dernières années. La Ve République y est en effet décrite comme un régime quasi dictatorial "installé par de Gaulle.
Et qui a succédé au général ?", poursuit l'éditorialiste. "Des présidents plus corrompus les uns que les autres qui ont conduit la France dans un cul-de-sac économique, social et stratégique. La plus importante communauté juive d'Europe désespère aujourd'hui d'une France qui fait cause commune avec les régimes islamistes et qui a laissé la 'jeunesse' musulmane s'emparer des banlieues." La solution ? "Un homme, Nicolas Sarkozy, qui est sorti des rangs du gaullisme et qui offre aux Français leur dernière chance de se rapprocher des peuples anglo-saxons. Il est le fils d'un immigré hongrois et d'une mère juive, et il est aussi le seul homme politique du pays à soutenir clairement Israël. A la prochaine élection, il affronte la belle mais si conventionnelle Ségolène Royal. Or, élire la socialiste aurait à peu près autant de sens que de mettre Helen Mirren [l'actrice qui joue Elisabeth II dans The Queen, de Stephen Frears] à Buckingham Palace. Il ne suffit pas de bien jouer son rôle si Paris est en flammes et si les solutions envisagées sont insignifiantes. Nicolas Sarkozy, lui, offre enfin une chance aux Français de renouer le fil du dialogue avec les Anglo-Saxons*. Et de ce dialogue dépend l'avenir de la France." Avec des amis pareils…
* En français dans le texte.
Anthony Bellanger
19 janv. 2007
Courrier International
vendredi, janvier 19, 2007
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