samedi, novembre 15, 2008
*G20 : La réforme du capitalisme attendra...*
***Contrairement aux déclarations de certains dirigeants, la réunion de Washington ne sera certainement pas un "nouveau Bretton Woods".
Au mieux peut-on en attendre une refonte du FMI, laquelle donnerait plus de pouvoir aux pays émergents.
Pour le Premier ministre britannique Gordon Brown, c'est un "nouveau Bretton Woods", du nom des accords qui, en 1944, ont mis en place l'ordre financier mondial des temps modernes. Pour Nicolas Sarkozy, c'est l'occasion ou jamais de revoir l'architecture financière mondiale et d'entrer dans une ère de "capitalisme régulé". Faut-il croire les déclarations de ces dirigeants qui se retrouvent à Washington pour un sommet consacré à la crise du crédit ? La réalité, c'est que nous avons un sommet sans ordre du jour, portant sur une crise dont les causes font débat, et qui se tient dans un pays sans gouvernement opérationnel. Les Etats-Unis, dont le président sortant a accepté d'organiser cette réunion sous la pression des Français et dont le futur président ne sera pas présent parce que, dit-il, "les Etats-Unis n'ont qu'un seul président à la fois", ne sont guère favorables à l'idée proposée par les Européens de créer des régulateurs supranationaux et des règles internationales.
Il n'est donc guère étonnant que, hormis Brown et Sarkozy, tout le monde s'efforce de minimiser la portée du sommet. Comme le rappelle un membre de la délégation britannique, "il a fallu deux ans pour préparer Bretton Woods". Bretton Woods avait conduit à la création du Fonds monétaire international (FMI), qui reste le seul organisme international assez puissant pour soutenir les gouvernements et les économies en difficulté. Ces accords avaient également instauré un système de taux de change fixes, qui n'a pas survécu aux années 1970. Aujourd'hui, les experts ont beau répéter que cette crise financière est la plus grave depuis la Grande Dépression, les propositions ne seront pas aussi ambitieuses qu'en 1944. Sebastian Mallaby, directeur du Centre for Geoeconomic Studies au Conseil des relations étrangères, à Washington, se montre plutôt cynique sur les motivations de ce sommet et sur ses chances d'aboutir à des réformes majeures. "La vérité, c'est que les régulateurs nationaux ont échoué. Mais les hommes politiques, qui ne veulent pas en assumer la responsabilité, rejettent la faute sur l'absence de coordination internationale et convoquent un sommet. Nous avons donc un G20 sans ordre du jour."
Le problème est que l'analyse rétrospective de la crise ne fait pas l'objet d'un consensus. Quel genre d'architecture financière aurait pu permettre d'empêcher qu'un effondrement du marché de l'immobilier aux Etats-Unis se transforme en une crise du crédit qui se propage au reste du monde ? Réunis début novembre pour définir leur position avant le sommet, les pays de l'Union européenne (UE) n'ont pas réussi à se mettre d'accord sur la portée de la régulation internationale souhaitable. Des projets précis, comme la création d'un "collège de superviseurs", qui regrouperait des régulateurs nationaux chargés de contrôler les activités des multinationales de la finance, pourraient voir le jour. Mais même les Etats de l'UE rechignent à renoncer à leurs prérogatives nationales. Quant à la Maison-Blanche, elle a déjà fait savoir qu'elle s'opposerait à toute demande de freiner la spéculation et de réglementer les fonds spéculatifs sur le plan international.
Par ailleurs, M. Brown a évoqué la création d'un système d'alerte pour les crises internationales. Mais comment s'assurer que les pays écoutent ces mises en garde ? Il a également proposé que des pays émergents comme la Chine et divers Etats du Moyen-Orient augmentent leur contribution financière au FMI, à qui l'on accorderait davantage de pouvoir. De leur côté, la Chine et d'autres Etats membres du G20 font pression pour avoir leur mot à dire au FMI. De l'argent contre des sièges, résume Simon Johnson, professeur au Massachusetts Institute of Technology et ancien chef économiste du FMI. Et c'est d'ailleurs sur ce point que les discussions à Washington pourraient être les plus productives. "Les Américains et les économies émergentes ont plus d'intérêts en commun qu'on ne le suppose", explique-t-il. "Tout le monde, à l'exception des petits pays européens, pense que les petits pays européens sont surreprésentés au FMI."
Stephen Foley
The Independent
Courrier International
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