mercredi, novembre 26, 2008
***L’OCDE détaille sa potion contre une récession de longue durée...***
La récession frappera l’année prochaine 21 des 30 pays membres de l’organisation, dont la France. La reprise n’est pas attendue avant 2010. L’OCDE préconise des mesures budgétaires et monétaires mais écarte tout soutien sectoriel.
Combien de temps durera la récession ? « Pour la plupart des pays de l’OCDE, une reprise (...) n'est pas attendue avant le second semestre 2009, ce qui signifie que cette récession sera sans doute la plus sévère depuis le début des années 80 », répond Klaus Schmidt-Hebbel, le chef économiste de l'organisation, en en présentant les prévisions économiques semestrielles.
Et encore ce scénario repose-t-il sur l’hypothèse d’un retour à la normal sur les marchés des capitaux à partir de la fin 2009. Problème, cette hypothèse est elle-même soumise à de nombreux risques, souligne l’OCDE. « Il est encore trop tôt pour affirmer que le pire de la crise boursière et de resserrement du crédit est derrière nous » explique Klaus Schmidt-Hebbel qui évoque la possibilité de nouvelles faillites bancaires et de « vents financiers forts ». L’assainissement du marché immobilier constitue un autre paramètre important. Enfin, il n’exclut pas que les pays émergents soit davantage touchés par le ralentissement économique mondial.
Au cas où ces risques seraient contenus, l’Organisation de coopération et de développement économique table sur une récession de –0,4% en 2009 – avec une baisse du PIB touchant 21 de ses 30 membres -, ce qui permettrait d’envisager une reprise de 1,5% en 2010.
Les Etats-Unis devraient subir une récession de -0,9% l’année prochaine avant de reprendre à +1,6% en 2010. Dans zone euro, « l'activité va se contracter ces six prochains mois » sous l'effet du « durcissement des conditions financières », de la baisse de l'immobilier et de la chute des actions, affectant consommation et investissement: l'OCDE attend 1% de croissance cette année, -0,6% en 2009 et un modeste +1,2% en 2010. L’Allemagne, l’Espagne et l’Italie devraient tirer la tendance vers le bas l’année prochaine, avec des baisses respectives du PIB de près de –0,8%, -à,9% et –1,1%. La France offrant une résistance relative avec –0,4%. Soit une prévision plus pessimiste que celle du gouvernement français qui espère échapper à la récession.
Point particulièrement noir souligné par l’OCDE, le nombre de chômeurs va augmenter de 8 millions pour atteindre 42 millions de personnes d'ici 2010. Le taux de chômage va grimper de 5,9% pour l'ensemble de l'OCDE en 2008 à 6,9% l'an prochain mais le pic ne sera atteint qu’au milieur de l’année 2010, qui verra un taux moyen de chômage de 7,2%. La hausse sera particulièrement marquée dans la zone euro avec 8,6% en 2009 puis 9% en 2010, plus faible aux Etats-Unis (7,3% en 2009 et 7,5% en 2010) et contenue à 4,4% au Japon en 2009 et en 2010.
Baisse des taux et relance ciblée
Face à cette situation, l'Organisation préconise de baisser encore les taux d'intérêt, notamment aux Etats-Unis et en Europe où ils pourraient « tomber à 2% d'ici au printemps prochain, et rester à ce niveau durant une année ». Mais elle reconnaît aussi que la période exceptionnelle actuelle réduit l’efficacité de la politique monétaire. D’où son appel à de nouvelles mesures relance coordonnées… sous certaines conditions. Elles doivent être temporaires – jusqu’en 2010-2011-, ciblées et mises en œuvre dès que possibles par les pays disposant des marges de manœuvre budgétaires. L’OCDE accepte donc de voir filer les déficits qui pourraient atteindre jusqu’à 5% du PIB de la zone en 2010.
Parmi les mesures de relance « autorisées » par l’organisation figure figurent des mesures fiscales à condition qu’elles favorisent « en priorité la consommation privée ». Seule concession à son orthodoxie libérale, elle se dit également favorable à un soutien public aux entreprises dont la défaillance fait peser un risque systémique. Mais cette définition limite le champ d’intervention essentiellement au secteur financier. Elle rejette en revanche tout sauvetage dans le secteur manufacturier ou les services. Pour l’OCDE, la faillite d’un grand constructeur automobile n’aurait aucun effet de contagion et ne mérite donc pas d’être sauvé par la puissance publique.
Y.A. avec AFP
L'Expansion
25/11/2008
*Photo : Klaus Schmidt-Hebbel, chef économiste de l'OCDE.
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