***Les oreilles de la France ont sifflé, jeudi soir, lors de la remise par Reporters sans frontières du prix du Net-Citoyen. David Drummond, vice-président de Google, a glissé dans son discours une pique fort acérée contre le gouvernement de Nicolas Sarkozy. Après avoir rappelé la situation catastrophique des libertés fondamentales dans certains régimes totalitaires, le haut responsable du géant de l'Internet a dit tout haut ce que beaucoup pensent tout bas.
"Même si nul ne doit comparer des gouvernements élus démocratiquement en Europe ou ailleurs à des régimes répressifs, nous observons une tendance inquiétante parmi les gouvernements occidentaux. (...) Je sais qu'ici, en Europe, et même en France en ce moment, certains sont tentés de s'engager sur la voie périlleuse du filtrage au niveau des réseaux", a-t-il expliqué. Des références à peine voilées aux lois françaises Hadopi et Lopssi , ainsi qu'au traité international anticontrefaçon (ACTA) en cours de négociations par la Commission européenne. "Nous espérons qu'à mesure que les citoyens manifestent leur désaccord contre le filtrage obligatoire et les autres menaces pesant sur la libre expression, leurs représentants élus démocratiquement réagiront", a-t-il conclu.
L'assistance, composée de journalistes, de blogueurs, d'employés de Google ou encore de représentants de Reporters sans frontières, a longuement applaudi l'orateur, dont le charisme rappellerait presque celui de Barack Obama. En revanche, François Zimeray, ambassadeur de France pour les droits de l'homme, n'a pu que minimiser la valeur du "droit à Internet", vu par beaucoup comme une liberté fondamentale, au grand dam de la France. Dans un discours aux accents tonitruants, il a surtout insisté sur la menace de l'élection en juin de l'Iran au Conseil des droits de l'homme de l'ONU.
Filtrage et responsabilisation des entreprises
Fin février, en Italie, David Drummond a été condamné après la mise en ligne sur Google, par quatre écoliers, d'une vidéo offensante montrant un enfant trisomique. Le tribunal de Turin a estimé que l'hébergeur du contenu, même s'il n'avait rien à voir avec le délit, était responsable de sa diffusion et aurait dû le filtrer. Trois cadres de Google Italie, dont le président du conseil d'administration David Drummond, ont été condamnés à six mois de prison avec sursis, bien qu'ils aient invoqué l'impossibilité de vérifier les vidéos, mises en ligne au rythme de vingt heures de film chaque minute !
Cette évolution qui consiste à responsabiliser les intermédiaires techniques sur Internet, inquiète énormément les entreprises comme les associations de défense des libertés. Ces dernières rappellent notamment que La Poste n'est pas responsable lorsqu'une marchandise illégale est acheminée par ses services, pas plus que France Télécom n'est responsable si un crime est planifié par téléphone. Obliger (ou inciter fortement...) une entreprise à filtrer Internet reviendrait alors à exiger de La Poste qu'elle ouvre toutes les lettres et colis suspects, ou de France Télécom qu'elle intercepte toutes les conversations téléphoniques, en lieu et place des autorités de police qui en sont aujourd'hui chargées.
Guerric Poncet
Le Point
12/03/2010
***A SUIVRE...!
Bien à vous,
Morgane BRAVO
samedi, mars 13, 2010
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