La récolte de signatures pour le rétablissement de la peine de mort en Suisse a été abandonnée ce mercredi matin par ses instigateurs, un jour après son lancement. D'après les déclarations de ces derniers, ils entendaient seulement attirer l'attention sur les dysfonctionnements dans la poursuite judiciaire des meurtres sexuels. L'initiative a indigné la presse européenne.
Aamulehti - Finlande
Un Etat ne peut tuer ses citoyens
L'initiative populaire suisse pour le rétablissement de la peine de mort en cas de meurtre associé à de graves abus sexuels était une erreur, estime le quotidien Aamulehti. Car aucun Etat n'a le droit de tuer ses citoyens : "Il existe 58 pays dans le monde dans lesquels la peine de mort est encore légale. L'année dernière par exemple, de ce qu'on sait, des personnes ont été exécutées dans 18 Etats. L'unique pays européen dans lequel la peine de mort existe encore est la Biélorussie. L'idée de plus en plus populaire qu'un Etat a le droit de tuer ses citoyens semble appartenir à un autre âge. Il faudra encore bien du temps avant que le respect des droits de l'homme soit considéré comme une évidence, il convient donc de continuer à lutter pour le respect de la vie. Les campagnes de l'UE sur cette question ne sont pas vaines." (25.08.2010)
La peine de mort est inconcevable au XXIe siècle
Il est tout simplement impossible de débattre d'une réintroduction de la peine de mort dans l'Europe du XXIe siècle, comme cela vient d'être le cas en Suisse suite à une initiative populaire, écrit le quotidien Der Standard : "Afin de garantir les principaux droits fondamentaux, il doit aussi y avoir dans une démocratie directe des mécanismes qui excluent d'emblée de telles initiatives. Ce n'est pas le cas en Suisse. L'autorisation juridique d'une initiative s'établit en fonction de la récolte de signatures. Bien que celle-ci enfreigne des protocoles de la Convention des droits de l'homme signée par Berne, elle ne doit pas être déclarée irrecevable, déclarent les experts juridiques. Alors le contre-argument des critiques de la démocratie directe se vérifierait et la Suisse serait encore plus critiquée que lors du débat sur les minarets." (25.08.2010)
La Repubblica - Italie
Les référendums profitent aux populistes
Les émotions jouent un rôle important dans les initiatives populaires, comme celle qui vient d'être abandonnée en Suisse et qui portait sur le rétablissement de la peine de mort, écrit le quotidien de centre-gauche La Repubblica. Mais à la différence de la votation populaire sur l'interdiction des minarets, "aucun parti, pas même l'Union démocratique du centre de Christoph Blocher, ne s'est prononcé cette fois-ci sur la réintroduction de la peine de mort. Le président chrétien-démocrate Christoph Darbellay redoute toutefois que les votations populaires, la fierté de la démocratie helvétique, profitent de plus en plus aux extrémistes et aux populistes. D'autant plus que Marcel Graf [l'initiateur de la collecte de signatures] s'appuie dans sa campagne sur le point sensible de la lutte contre la pédophilie." (25.08.2010)
die tageszeitung - Allemagne
Le référendum est un avertissement
La Suisse a le taux de crimes capitaux et de délits sexuels le plus bas d'Europe. Mais les initiatives populaires visant au rétablissement de la peine de mort, comme celle qui vient d'etre annulée en Suisse, ont des chance de réussir, estime le quotidien de gauche die tageszeitung: "Certaines parties de la classe politique ne cessent d'attiser et d'instrumentaliser avec succès ces craintes pour leurs propres intérêts, avec l'aide de certains médias. Ce serait une conclusion hâtive que de considérer l'initiative populaire pour la réintroduction de la peine de mort en Suisse comme une confirmation des réserves fréquentes prononcées en Allemagne, contre un élargissement de la démocratie représentative par l'introduction d'éléments plébiscitaires. Cette initiative envoie un signal d'avertissement précoce auquel, espérons-le, l'opinion publique en Suisse et à l'étranger ne réagira pas uniquement par l'indignation et les réticences issues du droit international." (24.08.2010)
Eurotopics
Bien à vous,
Morgane BRAVO
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