La nouvelle stratégie "l'Union pour l'innovation" - une initiative-phare de la stratégie Europe 2020 - accorde un poids insuffisant à l'industrie, selon M. Jean-Claude Marcourt, président du Conseil «Compétitivité» de l'UE et ministre wallon de l'économie, à l'ouverture de la conférence de la Présidence belge de l'UE consacrée au traitement des défis sociétaux par l'entrepreneuriat et l'innovation.
D'après M. Marcourt, les délégations des États membres de l'UE au récent Conseil «Compétitivité» de l'UE ont certes salué la communication de la Commission européenne sur l'Union pour l'innovation, mais la majorité d'entre elles ont exprimé leur regret face à l'attention insuffisante accordée à l'industrie.
«L'innovation n'est pas seulement une question de technologie. Il s'agit de la réponse à nos besoins en termes de changement climatique, de vieillissement de la population et également de notre réaction à la crise économique», a-t-il déclaré.
Soulignant le rôle important que les régions européennes peuvent jouer dans la relance de la compétitivité par l'innovation, il a ajouté: «À l'avenir, les régions apporteront une contribution majeure à la stimulation de l'innovation, en particulier au travers de la «spécialisation intelligente.»
La région Wallonie a été pionnière dans le développement des «grappes de compétitivité» qui rassemblent des entrepreneurs, des chercheurs et d'autres parties prenantes au sein de concentrations industrielles spécialisées, telles que l'aérospatiale, l'industrie agroalimentaire, la santé, l'ingénierie mécanique et le secteur transports et logistique. Le programme «Wallonie créative», qui sera lancé vendredi 29 octobre, concentrera de nouveaux efforts sur les industries créatives de la région.
«Ce type de partenariat constitue la base à partir de laquelle l'innovation se diffusera dans tout le tissu économique, a précisé M. Marcourt. De nombreuses entreprises se lancent dans l'innovation dans le contexte de grappes industrielles compétitives.»
La conférence de la Présidence de l'UE intitulée «Repenser l'Europe: relever les défis sociétaux grâce à l'entrepreneuriat et l'innovation» a rassemblé quelque 650 membres du réseau Europe INNOVA de praticiens de l'innovation et des acteurs-clés de l'innovation issus des milieux de la politique, de l'université et des affaires pour examiner comment les défis économiques et sociétaux de l'Europe peuvent être traités en accélérant l'innovation dans l'UE.
Cette manifestation a lieu à un moment où l'Union européenne appelle à l'innovation industrielle pour aider l'Europe à sortir de la crise économique actuelle et à devenir la nouvelle assise économique d'une Union prospère.
S'adressant aux participants à la conférence, M. Heinz Zourek, directeur général de la DG Entreprise et industrie de la Commission européenne, a déclaré: «Il peut y avoir de l'innovation avec ou sans recherche, mais pas sans les entrepreneurs qui apportent de nouvelles idées sur le marché. L'Europe ne manque pas tant d'idées novatrices, mais plutôt d'entrepreneurs qui prennent des risques et veulent croître rapidement».
Tout en se félicitant des efforts de l'UE pour stimuler la recherche, M. Zourek a également confirmé la nécessité d'une action concertée au niveau industriel. «La recherche et l'innovation sont nécessaires au développement de nouvelles technologies et d'opportunités commerciales. Mais construire une solide base de connaissances ne suffit pas, en soi, pour garantir le succès, a-t-il averti. Il n'y a pas d'innovation sans entrepreneuriat», a-t-il précisé en mettant en lumière le fait que les PME sont souvent les moteurs d'une dynamique de l'innovation.
«Il est certes important de créer davantage d'entreprises start-up et d'essaimage en Europe, mais il nous faut également des PME ayant l'ambition de devenir des sociétés mondiales à croissance élevée.»
Il a insisté sur l'importance de promouvoir en permanence les grappes industrielles pour regrouper les ressources et les idées au niveau local et régional et favoriser le changement industriel et le développement économique.
Désormais, a-t-il expliqué, l'Europe doit mettre l'accent sur le développement de «grappes de classe mondiale» reconnues à l'échelle internationale comme des lieux névralgiques pour l'innovation et l'investissement dans des domaines prometteurs.
Selon lui, l'industrie est, et devrait être, continuellement en train de s'adapter aux changements du marché et, puisque l'industrie change, il doit en être de même pour la politique industrielle. La politique industrielle européenne doit mettre à profit le vent nouveau qui souffle sur l'innovation pour créer de nouveaux marchés et de nouvelles opportunités d'affaires.
«Et la question politique ne consiste plus à "faire la cueillette des gagnants" mais plutôt à offrir des incitants adéquats induisant un changement structurel qui favorise l'émergence de nouvelles industries et permet de relever plus adéquatement les défis sociétaux», a-t-il ajouté.
Citant l'exemple de la stratégie de développement économique de la Wallonie, le directeur général de la Commission a souligné que les industries et les petites et moyennes entreprises européennes doivent également être aidées au niveau de l'UE pour devenir plus compétitives et mieux à même d'affronter la concurrence mondiale. Or l'innovation est un élément crucial pour atteindre cet objectif, a-t-il déclaré.
La conférence sera l'occasion de présenter trois nouvelles initiatives de la Commission pour promouvoir l'innovation industrielle dans le contexte de la stratégie Europe 2020 dans les domaines suivants:
- groupes transnationaux d'achat par marché public ciblant des produits innovants
- une plate-forme de soutien des industries européennes mobiles et de mobilité
- un nouveau groupement de parrainage des industries créatives en Europe
Bien à vous,
Morgane BRAVO