***Lors d'un point d'étape très attendu, le ministre de l'Immigration a tiré de grandes orientations et assuré que "le débat n’est pas focalisé sur l’immigration et sur l’islam". Un constat accueilli avec scepticisme par les journalistes présents.
Très attendu, le "point d'étape" du débat sur l'identité nationale auquel Eric Besson avait convié la presse, lundi 4 janvier, a laissé les journalistes, venus en nombre l'écouter, sur leur faim. Ce bilan, le ministre de l'Immigration et de l'Identité nationale l'a tiré de l'analyse réalisée par l'institut de sondage TNS SOFRES sur les 26.000 contributions du site internet consacré au débat recueillies début décembre (le site en compte 50.000 aujourd'hui). Eric Besson en a dégagé cinq grandes orientations, et l'assurance que "le débat n’est pas focalisé sur l’immigration et sur l’islam". Un constat général accueilli avec le plus grand scepticisme par les journalistes présents.
Cinq grandes orientations
Concluant à "l'utilité" du débat pour "raffermir le lien national", Eric Besson a estimé que "l'une des premières orientations issues du débat est donc sa pérennisation, sous une forme qui reste à déterminer." Il avait déjà annoncé en décembre qu'il comptait poursuivre le débat, qui devait initialement se clore début 2010, jusqu'à la fin de l'année. Rien de nouveau, donc.
Deuxième idée, travailler sur la question de l'intégration. "Nombre de participants pensent que la priorité doit être accordée à la maîtrise de la langue et à la connaissance des valeurs de la République dans le parcours d'intégration des étrangers primo-arrivants", a-t-il souligné, ajoutant que "les problèmes de discrimination, de ségrégation urbaine, de concentration de la population d’origine étrangère dans des quartiers sensibles, où le chômage et la délinquance sont les plus élevés, constituent des menaces pour notre cohésion nationale."
Troisième orientation, "faire vivre les valeurs et principes républicains", en mettant notamment l'accent sur "l'école", "le respect des symboles de la République". Le ministre a ensuite tiré, comme quatrième conclusion, qu'il est nécessaire de "revaloriser le civisme", à travers le "respect des droits et des devoirs" du citoyen. Enfin, "un consensus se dessine sur l'opportunité de l’ouverture au monde et à l'Europe. Nos concitoyens jugent important que la France jouisse d'un prestige mondial et s'investisse activement dans la construction européenne", a déclaré Eric Besson.
Un débat qui a échappé aux dérapages racistes ?
Autre enseignement, "contrairement à ce qui est suggéré à l'envi, le débat sur l'identité nationale ne se focalise pas sur l'immigration et l'islam, l'immense majorité des contributions est parfaitement respectueuse de nos valeurs républicaines", a assuré le ministre. "Le débat n'a pas dérapé" et "la caricature de défouloir raciste n'a pas fonctionné", a-t-il affirmé. "Certains observateurs se sont focalisés au cours des derniers mois sur quelques dérapages très isolés. Ils n'ont pas réussi à faire sortir le débat de son cadre républicain", a-t-il ajouté.
Là encore, c'est sur l'analyse de TNS SOFRES que se fonde le ministre. Or, selon Brice Teinturier, de l'institut de sondage, qui a détaillé son étude après le discours d'Eric Besson, les contributions portant sur l'immigration (qui regroupent, pêle-mêle, "des récits d'immigrés ou sur les immigrés" ou évoquent une "identité nationale en danger") ont compté pour 27% des contributions totales. Le hic, c'est que l'analyse de l'institut de sondage ne comprend pas les 15% de contributions "déchets", a admis Brice Teinturier, contributions censurées par les modérateurs parce qu'elles étaient soit "hors sujet" soit "racistes ou xénophobes" (sachant que l'institut dit ne pas connaître la proportion représentée par cette seconde catégorie).
De là à conclure que l'étude sert le discours d'Eric Besson, il n'y a qu'un pas… "L'immigration fait partie de l'identité nationale" et "ne pas discuter des enjeux de l'immigration c'est faire le jeu des xénophobes", s'est toutefois défendu Eric Besson.
Quant aux autres "champs" évoqués par les internautes sur le site, ils sont constitués à 29% de contributions sur le débat lui-même, 19% sur "être français, c'est respecter des normes et règles", 16% "être français, c'est adhérer à des valeurs, partager une vision commune" et 9% "être français, c'est partager un même patrimoine", selon Brice Teinturier.
Pas de polémique pour aujourd'hui
Pour ce qui est des polémiques, Eric Besson a préféré, cette fois-ci, botter en touche. Sur les critiques formulées par des membres de l'UMP contre la tournure que prenait le débat, "je ne crois pas qu'ils soient 'beaucoup'" à avoir émis des critiques, a répliqué le ministre, avant d'ajouter qu'il souhaitait "éviter la polémique" : "Je ne me soumettrais pas à la tentation", a-t-il dit, tout en dénonçant ces accusations qui relèvent de la "caricature insensée", voire sont des "inventions", des "fadaises" ou encore des "bennes d'ordures à bêtises" qui auraient contribué à engendrer le "trouble" auprès des immigrés et des musulmans.
Quant à la question de savoir où en étaient ses menaces de poursuivre en justice ceux qui l'avaient insulté, à commencer par le socialiste Jean-Christophe Cambadélis qui l'avait comparé à Pierre Laval, Eric Besson a tout bonnement fait mine de ne pas entendre la question.
"Monsieur le ministre, qu'avez-vous appris ?"
Bref, voilà, dans les grandes lignes, ce qu'Eric Besson a tiré comme premières conclusions du débat. Mais, "qu'y a-t-il de nouveau dans ces résultats ?", a néanmoins risqué, à l'adresse de Brice Teinturier, un journaliste, visiblement peu convaincu, comme d'ailleurs le reste de la salle, par la démonstration. Et une confrère de renchérir : "Monsieur le ministre, qu'avez-vous appris ?" "J'ai réalisé à quel point la France reste fidèle à l'espoir des Républicains", au "respect", à "l'exigence de civisme", a répondu Eric Besson. "Autre leçon", a poursuivi le ministre, "80% des internautes ont tendance à considérer que l'identité nationale s'affaiblit". Et voilà Eric Besson qui dresse le portrait d'"une omelette coupée aux deux bouts : d'un côté ceux qui sont intégrés dans la mondialisation, de l'autre ceux qui semblent avoir peur, et un gros bloc central où se mêlent à la fois la confiance, l'intégration, le doute face à la mondialisation."
Mais pour le parterre de journalistes, le bilan ne paraissait toujours pas clair. Concrètement, "quelles sont les propositions qui ont retenu votre attention ?", a encore tenté l'un d'eux. Et Eric Besson de citer l'idée de prêter un serment citoyen, pour les Français à l'âge de la majorité et pour les étrangers lors de leur accession à la nationalité française…
Mais... à quoi ce débat sert-il ?
"Les orientations et propositions issues du grand débat seront soumises avant la fin du mois à l'arbitrage du président de la République et du Premier ministre", a par ailleurs déclaré Eric Besson.
Quelle sera donc la forme que prendront ces décisions ? "Cela donnera-t-il lieu à une proposition de loi ?", a demandé un journaliste. "Il n'y a pas de recherche d'une loi. L'identité nationale ne se décrète pas", a répondu le ministre, tout en rappelant une nouvelle fois que les ministres se réuniraient pour faire le point sur le sujet, et que c'était in fine à Nicolas Sarkozy et François Fillon de trancher. Toutefois, a-t-il ajouté, "il est possible que certaines d'entre elles (les propositions) aient une traduction législative ou réglementaire, par exemple un amendement".
Mais, décidément, rien à faire, alors que la session des questions était déjà close, une foule compacte entourait encore le ministre et une journaliste lui demandait une nouvelle fois : "Monsieur le ministre, à quoi ce débat sert-il?".
Besson défend son débat controversé sur l'identité nationale - Nouvel Obs
Eric Besson, ministre de l'Immigration et de l'Identité nationale, a tiré lundi un premier bilan du débat controversé sur l'identité nationale.
Eric Besson, ministre de l'Immigration et de l'Identité nationale, a tiré lundi un premier bilan du débat controversé sur l'identité nationale.
Sarah Halifa-Legrand
Nouvelobs.com
04.01.2010
***A SUIVRE...!
Bien à vous,
Morgane BRAVO
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