Le 13 novembre s’ouvrira une nouvelle étape de la construction d’Europe Ecologie - Les Verts. Deux ans après la naissance du Rassemblement des Ecologistes, la dynamique se poursuit, prolongeant l’espoir suscité par les campagnes des élections européennes et régionales qui avaient propulsé l’écologie au rang de troisième force politique du pays. Ce rassemblement a tiré son énergie de sa capacité à se réinventer à chaque moment ; il a réussi à montrer qu’une famille politique peut tout à la fois se réunir et se renouveler. L’ouverture n’est pas synonyme ici d’un simple compagnonnage de route, mais d’un accord sur le logiciel : la transformation écologique de la société, des institutions et de l’économie. Car ne nous y trompons pas : si Europe Ecologie et les Verts attirent des leaders d’opinion de la société civile tels que José Bové, Eva Joly, Augustin Legrand, Philippe Meirieu et tant d’autres, c’est que l’écologie est devenue la force propulsive du paysage politique global. Parce que la crise est globale, il faut une réponse globale ouvrant de nouveaux chemins. Ce n’est plus seulement une génération qui est frappée par la misère et la pauvreté mais l’espèce humaine, dans son rapport avec la planète, qui est menacé par la crise écologique, énergétique et climatique. Seule, pour l’instant, l’écologie politique a pris la mesure de ce défi, en misant sur un nouveau projet de civilisation fondée sur la soutenabilité, la maîtrise des ressources naturelles, la reconversion de l’économie. La conscience des limites et de la finitude de la planète est en effet au fondement de notre réflexion. Elle interroge non seulement la marchandisation du monde mais encore la démocratie : en l’absence d’une croissance infinie, comment trouver les moyens de vivre ensemble, démocratiquement, d’une vie digne et sans nous massacrer les uns les autres ?
Adopter une stratégie qui permette de résister et de rebondir, une stratégie de résilience, est le premier des enjeux de Lyon ; il est clairement indiqué par « le Manifeste » écologiste, qui sera ratifié à Lyon après avoir été adopté lors des Assises territoriales d’octobre dernier.
Le deuxième enjeu consiste à réaffirmer la stratégie des écologistes. Après avoir rompu avec le « ni droite, ni gauche » des années de leur adolescence politique, les Verts avaient ensuite validé la participation au gouvernement de la gauche plurielle des années Jospin. Aujourd’hui, il s’agit de réaffirmer à la fois qu’ils sont partie prenante d’une majorité alternative au sarkozysme et à la droite et que leur offre politique est autonome et singulière. Nous sommes désormais prêts à la conquête du leadership politique et culturel de l’alliance, car nous représentons l’avenir de cette alliance. L’écologie est à la social-démocratie, ce que le socialisme était à la République, au XXème siècle. Elle lui succède en le transformant. Parce qu’elle a atteint l’âge de sa maturité, l’écologie reprend à son compte les valeurs de la République, mais elle en modifie l’axe centraliste et bonapartiste à travers une refondation régionaliste, sociale et citoyenne. Avec nos partenaires, l’union est un combat. Il le sera à la manière des écologistes, non violent sur la forme mais ferme sur les principes.
Enfin, le troisième enjeu sera organisationnel, sans une armature adaptée, une formation politique ne peut convaincre. Encore doit-elle correspondre à l’époque, celle de l’engagement à géométrie variable et du refus du militantisme professionnel qu’exigeaient les partis de gauche aux XIXème et XXème siècle. C’est ce que nous avons collectivement désigné sous la dénomination de « coopérative politique». Nous avons longuement mûri cette refondation de la forme parti. Plus de 8000 militants se sont réunis à travers un long processus : des assises régionales en Mai, une convention nationale en juin, des journées d’été en août, des assises en octobre. Les centaines de comités locaux d’Europe Ecologie - Les Verts ont organisé des forums de réflexion sur les nouveaux statuts du mouvement. Ils seront adoptés à Lyon et cette mutation prendra la forme d’un mouvement politique unifié, adossé à un Réseau Coopératif, décliné nationalement et territorialement. Nous nous donnons le droit à l’expérimentation de formes nouvelles comme les maisons de l’Ecologie, les Parlements régionaux de l’écologie, les conventions de partenariats avec la société civile… L’objectif est fort, puisqu’il s’agit de remettre en cause l’étanchéité des relations entre les partis politiques et le mouvement social (associations, syndicats…) issue de la coupure provoquée par la Charte d’Amiens , adoptée par la CGT en 1906, qui a figé les relations entre la politique et la société de manière brutale. Cette situation n’existait pas en Allemagne, en Angleterre et dans les pays de l’Europe du Nord où, souvent, les syndicats ont engendré de grands partis sociaux démocrates et sont restés longtemps des forces à la fois unies et fortement enracinées dans les entreprises, contrairement à la France. Nés du mouvement antinucléaire et du mouvement environnementaliste, les écologistes comprennent mieux que d’autres la nécessité de rompre avec le syndrome de la séparation, érigée en dogme, entre le social et la politique. C’est pourquoi, là aussi, nous tentons d’inventer quelque chose de radicalement nouveau dans la politique française : un mouvement permettant de remplir d’autres fonctions que la seule dimension électorale. Notre nouveau mouvement aura pour rôle de dynamiser l’éducation populaire à l’écologie, la mutualisation d’expériences avec les forces vives de la société, la co-élaboration de propositions de politiques publiques, la formation des adhérents, la création d’un grand think tank écologiste, l’élaboration de méthodes d’intervention et de campagnes issues de nos expériences multiples de désobéissance civique non violente…
Concernant l’organisation, la direction provisoire sera maintenue jusqu’à l’adoption du Règlement intérieur par référendum, qui permettra l’organisation d’un Congrès avant juin 2011 afin de désigner de manière démocratique notre Conseil fédéral, le législatif et notre Bureau exécutif. Nous sortons de la période dite de cooptation pour entrer dans le fonctionnement pérenne du rassemblement qui adoptera à Lyon sa dénomination finale.
Avec l’ensemble de ces décisions, le mouvement écologiste entre donc dans une phase de stabilisation. Au moment où les socialistes et le Front de gauche se cherchent des leaders , où les expériences du Modem et du NPA ont échouées, il était grand temps que l’opposition se dote d’un pôle de stabilité. Ce sera chose faite à Lyon. Pour l’ensemble de la gauche et pour tous ceux qui estiment que le Sarkozysme est devenu « le problème » dont il faut se débarrasser en 2012, c’est une bonne nouvelle.
Enfin, avec l’adhésion de plus de 150 militants issus du MRC, l’arrivée de membres de Cap 21, les assises de Lyon seront l’occasion de mettre en scène l’enrichissement de personnalités nouvelles comme Esther Benbassa et notre volonté de continuer la dynamique du rassemblement.
Où va-t-on chercher les militaires ? Chez les civils, disait un ancien dirigeant de la CGT ; où va-t-on, chercher les écologistes ? Chez ceux qui ne le sont pas !
Lyon ne sera donc pas une grande messe de plus, mais une étape déterminante de l’histoire d’un mouvement à la fois réformiste et radical, porté par l’espérance dans une société qui en a tant besoin.
Où va-t-on chercher les militaires ? Chez les civils, disait un ancien dirigeant de la CGT ; où va-t-on, chercher les écologistes ? Chez ceux qui ne le sont pas !
Lyon ne sera donc pas une grande messe de plus, mais une étape déterminante de l’histoire d’un mouvement à la fois réformiste et radical, porté par l’espérance dans une société qui en a tant besoin.
Par Noël Mamère
Bien à vous,
Morgane BRAVO
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