jeudi, août 07, 2008
*La BCE prend acte des tensions sur la croissance...*
***Comme prévu, la Banque centrale européenne a maintenu son taux directeur inchangé à 4,25%. Mais son président Jean-Claude Trichet a reconnu que les risques sur la croissance commençaient à se matérialiser.
Les économistes étaient unanimes à exclure un nouveau geste sur les taux après le relèvement d'un quart de point intervenu le mois dernier, et Trichet, lors de sa conférence de presse qui a suivi la décision monétaire, a réaffirmé sa détermination à combattre les pressions inflationnistes.
Mais s'il a redit qu'il n'avait pas de "biais", c'est-à-dire d'orientation définie à l'avance pour les taux, il a surpris en insistant sur les risques pour la croissance. "Nous identifions des risques à la baisse depuis un certain nombre de mois, et je dirais que les informations à notre disposition suggèrent clairement la matérialisation de ces risques", a-t-il déclaré aux journalistes.
Le marché obligataire a aussitôt monté, les cours évoluant à l'inverse des taux de rendement, tandis que l'euro a réduit ses gains pour s'afficher autour de 1,5412 dollar au lieu de 1,5490 juste avant les commentaires du président de la BCE.
"Je suis surpris que Trichet ait concédé que la croissance serait si faible en milieu d'année, alors que les taux ont été relevés en juillet", remarque Peter Dixon, économiste chez Commerzbank à Londres, qui s'attend à ce que la BCE maintienne ses taux jusqu'à l'été prochain et les réduise ensuite.
Revirement
Dans sa déclaration introductive, Trichet a redit que les fondamentaux économiques restaient solides dans la zone euro mais il a reconnu que "les données les plus récentes pointent vers un affaiblissement de la croissance à la mi-2008", après une progression de 0,7% au premier trimestre.
Il a parallèlement réaffirmé sa détermination à ancrer les anticipations d'inflation alors que le taux d'inflation a atteint 4,1% dans la zone euro en juillet, plus du double de l'objectif de la BCE (+2%), mais les économistes ont surtout retenu le changement de ton sur la croissance.
"Le virage est difficile à négocier pour Jean-Claude Trichet et ses collègues de la BCE: comment reconnaître que la récession est aux portes de la zone euro sans se dédire de leur récente stratégie et de leurs précédentes déclarations sur la vigueur de la croissance eurolandaise ?", résume Marc Touati, économiste de Global Equities. "La BCE essaie de préparer les marchés à un revirement de sa position d'ici l'automne", ajoute-t-il.
De fait, bon nombre d'indicateurs économiques des Quinze ont touché ces dernières semaines leurs plus bas niveaux depuis la récession de 2003. L'activité dans les services, secteur qui représente les deux tiers de l'économie de la zone euro, s'est contractée en juillet à un rythme sans précédent depuis cinq ans et les ventes au détail, indicateur de la demande des ménages, ont accusé en juin une baisse historique en glissement annuel.
Le reflux de 20% des cours du pétrole au cours du mois écoulé fait en revanche espérer une décélération de l'inflation, même si Trichet a souligné que les cours des matières premières restaient volatils.
L'estimation du produit intérieur brut de la zone euro au deuxième trimestre sera publiée par Eurostat jeudi prochain et le consensus des économistes donne pour l'instant une contraction de 0,2%, faisant suite à une croissance de 0,7% en janvier-mars. Une récession se définit par deux trimestres consécutifs de croissance négative.
L'EXPANSION
Marc Jones, version française Véronique Tison
07/08/2008
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