samedi, août 16, 2008
***La menace de récession en Europe fait reculer l'euro***
***Le risque de plus en plus grand d'une récession en Europe a fait plonger la monnaie unique. Vendredi 15 août, l'euro, qui avait flambé jusqu'à 1,60 dollar en avril, s'est échangé en séance à 1,46 dollar.
L'annonce, jeudi, d'une contraction du produit intérieur brut de la zone euro de 0,2 % au deuxième trimestre, a précipité la baisse de la devise européenne. Les économistes ne parlent pas encore de récession - il faudrait pour cela deux trimestres consécutifs de croissance négative - mais de "net ralentissement", ou encore de "croissance étouffée".
En dépit de cette nuance sémantique, les investisseurs ont conscience que tous les signaux virent au rouge. Après une performance étonnante au premier trimestre, la croissance allemande, moteur de l'Europe, s'est repliée de 0,5 %, celles de la France et de l'Italie de 0,3 %. Quant à l'Espagne, son solde positif (+ 0,1 %) est symbolique. Pis, "les indicateurs de confiance ne laissent pas augurer du futur avec un grand optimisme", a prévenu Amelia Torres, porte-parole de la Commission européenne pour les affaires économiques.
Résultat, "ceux qui voyaient l'euro comme une valeur refuge, pensant que l'Europe était immunisée face à la crise, ont revu leur jugement", constate Gilles Moëc, économiste chez Bank of America. Pour lui, l'euro pourrait baisser jusqu'à 1,39 dollar à l'été 2009 et à 1,35 dollar à la fin de l'année prochaine. De plus en plus d'analystes estiment aussi que pour relancer la croissance, la Banque centrale européenne (BCE) n'aura d'autre choix que de baisser ses taux directeurs. Ce qui aurait pour effet d'affaiblir un peu plus l'euro.
Si la situation économique est préoccupante, le repli de la devise européenne a lui plutôt des allures de "retour à la normale", estime M. Moëc. A 1,35 dollar, elle retrouverait peu ou prou le niveau du printemps 2007, avant le début de la crise des subprimes. De quoi soulager les exportateurs pénalisés par l'euro fort.
ENRAYER LA HAUSSE DES PRIX
En outre, le mouvement monétaire observé reflète autant la baisse de l'euro que de la remontée du dollar. Pour les analystes, les Etats-Unis ont en effet été les premiers à entrer dans la crise, mais seront peut-être les premiers à en sortir. Après la baisse radicale des taux d'intérêt et des mesures de soutien budgétaire et fiscal, l'économie américaine reste fragile mais semble avoir évité la récession.
Vendredi, les chiffres de la production industrielle pour le mois de juillet ont d'ailleurs reflété un ralentissement moins fort qu'attendu. En revanche, l'économie est pénalisée, comme en Europe, par une inflation inquiétante. Outre-Atlantique la hausse des prix a atteint en juillet 5,6 % en rythme annuel, un plus haut depuis janvier 1991. Et pour enrayer cette flambée des prix, de plus en plus d'analystes prédisent que la Réserve fédérale américaine (Fed) augmentera les taux avant la fin de l'année.
La Fed dispose ainsi d'une marge de manoeuvre supplémentaire que n'a pas, ou plus, la BCE. Mais toutes deux peuvent compter sur la récente accalmie des cours du pétrole, pour atténuer, à terme, la menace inflationniste.
Claire Gatinois
17.08.08.
LE MONDE
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