***Les écologistes français ont lancé la première offensive dans la campagne des élections européennes. Réuni mercredi à Paris derrière la tête de liste pour l'Ile-de-France, Daniel Cohn-Bendit, l'attelage entre Verts et non-Verts apparaît séduisant. Au carrefour des crises, les citoyens doivent entrer dans l'action et "modifier leur mode de vie", insiste Europe Ecologie.
Une bonne année 2009! "Parce que cette année sera ce que nous en ferons". Le slogan d'Europe Ecologie en cette année d'élections européennes reflète bien le choix politique du rassemblement écologique. Réunies à L'Entrepôt, à Paris, à l'occasion des voeux du "réseau social" qu'est le rassemblement de diverses figures de la chose verte en France, les premiers violons groupés derrière le chef d'orchestre Daniel Cohn-Bendit, tête de liste pour la région Ile-de-France, ont voulu lancer les premiers la campagne. Et, à l'occasion, appeler à une modification profonde du comportement citoyen.
Une semaine après le grand meeting de Lyon, la conférence de presse parisienne a également voulu tordre le cou à l'idée développée par Daniel Cohn-Bendit sur un choix des têtes de listes opéré dans "le sang et les larmes". Cécile Duflot, secrétaire nationale des Verts et co-porte-parole d'Europe Ecologie, a tenu à nuancer les paroles de "Dany", ainsi que tout le monde l'appelle au sein du rassemblement. Le co-président du groupe Verts au Parlement Européen s'exécute: "mes propos étaient un peu forts, c'est vrai". Explication de contexte: au sein des Verts, certains espéraient être désignés tête de liste de l'une des huit grandes régions et ont grincé des dents au sujet de la répartition Verts/non-Verts, notamment Dominique Voynet. Les proches de la maire de Montreuil ont déploré un "manque de transparence" dans le processus de désignation des candidats. Lors du Conseil national inter-régional (Cnir) des Verts, les "voynettistes", ainsi qu'Yves Cochet, n'ont pas participé au vote.
La dream team de l'Ecologie?
Claude Taleb, ancien directeur de campagne de Dominique Voynet à la présidentielle, avait salué l'ouverture aux "associatifs" comme une "très bonne idée" même s'ils "ne représentent qu'eux-mêmes". La procédure de désignation des candidats « n'a pas été transparente", avait-il poursuivi après le vote du 18 janvier. La raison du courroux des proches de Dominique Voynet? La candidature dans l'Ouest de l'ancien directeur de campagnes de Greenpeace France, Yannick Jadot, et un déficit de représentativité "pure" entre Verts et non-Verts malgré le 50-50 officiel. Tout le monde s'accorde néanmoins sur le potentiel du rassemblement d'Europe Ecologie. Du côté Verts, Daniel Cohn-Bendit sera candidat en Ile-de-France avec l'ancienne magistrate Eva Joly ; Hélène Flautre le sera dans le Nord ; Michèle Rivasi (députée de la Drome apparentée PS de 1997 à 2002 devenue Verte) mènera la liste dans le Sud-Est et concernant l'Outre-Mer, la tête de liste reste encore à désigner. Les non-Verts se partagent quant à eux quatre régions: José Bové sera candidat dans le Sud-Ouest ; Yannick Jadot dans l'Ouest, Jean-Paul Besset, ancien lieutenant de Nicolas Hulot au sein de sa Fédération, hérite du Centre ; et Sandrine Bélier (France nature environnement) défendra le vert dans le Grand Est.
Un bel attelage en effet qui espère faire un score de "10+x%" lors du scrutin européen du 7 juin prochain, prophétise Daniel Cohn-Bendit, qui anticipe toutefois une campagne très difficile dans un contexte de crise "dramatique". "Il faut rassembler ceux qui ont peur de la fin du mois et ceux qui ont peur de la fin du monde. Il faut répondre de façon intégrée à toutes ces crises et non par une réponse nationale. Il n'y a pour l'heure aucune proposition européenne de réponses à ce carrefour de crises", insiste Cohn-Bendit. Pour faire la circulation au carrefour, Europe Ecologie envisage un New Green Deal défini comme une relance écologique. Et "Dany" de rappeler que malgré les divergences mises au jour sur le référendum, "nous sommes tous pour la construction européenne". "Il faut redéfinir le rêve européen comme Obama veut redéfinir le rêve américain ", lance un Cohn-Bendit lyrique. Pour Europe Ecologie, il ne doit pas y avoir de fossé entre la réflexion écologique et la réflexion sociale. "Nous ferons une campagne sociale et écologique pour la démocratie européenne et les droits de l'Homme. La simple relance de la consommation, comme le souhaite le PS, montre que l'on a rien compris", tance le député Vert européen. "Chacun doit participer. Les citoyens doivent eux aussi modifier leur mode de vie. C'est ça le plus difficile. La campagne sera coordonnée avec celle des Verts européens. Il ne faut pas réduire la campagne au débat de politique intérieure. Nous voulons un débat sur la nécessité d'Europe et nous appelons à une radicalité de la pratique réformiste".
En première ligne
Une fois l'introduction faite, Daniel Cohn-Bendit accepte de lâcher le micro et de laisser la parole à ses "camarades". Cécile Duflot répond à une question sur la diversité. "Vous parlez de Barack Obama mais on ne le voit pas représenté aujourd'hui", interroge un journaliste. "La diversité, ce n'est pas seulement un prétexte, une image. La diversité pour la diversité c'est insultant pour ces personnes", insiste la secrétaire nationale des Verts. Yannick Jadot assure quant à lui que le Green Deal sera "un élément structurant de notre programme". L'ancienne juge d'instruction Eva Joly rebondit, elle, en lisant ses notes, sur les structures financières. "Beaucoup de financiers attendent que le soufflet retombe pour reprendre leurs anciennes pratiques. Il faut nous opposer à cette culture rapace".
Dans la salle, Yves Cochet fait la claque pour encourager les militants présents. Sandrine Bélier lance une bonne formule à son tour. "Il nous faut construire une futur enviable, désirable et durable". José Bové lui emboîte le pas en soulignant que la campagne sera menée en dehors de France, via des meetings communs, mais également en dehors d'Europe. "Nous voulons que l'Europe représente un plus, pas un moins. On ne peut pas se protéger contre les autres et se montrer agressif vers l'extérieur. Ce que propose Sarkozy, c'est une Europe non pas de liberté mais une Europe de repli sur soi". De l'ambition pour l'Europe, les écologistes en ont. Mais de leur propre aveu, le New Green Deal conçu par le conseil du Parti vert européen (PVE) présente encore pas mal de contradictions. Il sera amendé au plan national mais surtout débattu à échelle de l'Union européenne les 27 et 28 mars prochains à Bruxelles, à l'occasion du Congrès du PVE. Mais les écolos ont au moins le mérite d'être les premiers en ordre de bataille pour mener la campagne européenne.
Par Jérôme GUILLAS
leJDD.fr
21 Janvier 2009
dimanche, janvier 25, 2009
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