*** Les 24 et 25 septembre, les chefs d'Etat ou de gouvernement des 19 plus grands pays de la planète, plus le représentant de l'Union européenne, se retrouveront à Pittsburgh, aux Etats-Unis, pour un nouveau sommet, un peu plus de deux cents jours après celui de Londres, le 2 avril.
Le G20 y avait alors réalisé la prouesse de faire passer l'image d'une unanimité politique autour des réponses à apporter à la crise, image renforcée par la fameuse "photo de famille" du sommet : la présence inédite des dirigeants chinois, brésilien, indien ou sud-africain, etc., au même rang que leurs homologues européens et américain avait donné le sentiment qu'un nouveau monde pouvait émerger. Le G20 de Pittsburgh aura sans doute du mal à rééditer l'exploit, car l'attention se portera surtout sur la mise en place effective des mesures annoncées dans le communiqué final de Londres.
Pour établir ce bilan des "deux cents jours du G20", "Le Monde Economie" a, laissant de côté les déclarations d'intention générale, sélectionné dans ce communiqué les annonces concrètes, souvent précédées d'expressions comme "nous nous sommes accordés sur", "nous nous engageons à", etc. Trente-deux mesures ont été dégagées - un même paragraphe du communiqué officiel, numéroté de 1 à 29, pouvant en contenir plusieurs. Chacune d'entre elles se trouve, deux cents jours après, à l'état de réalisation effective, de négociation plus ou moins laborieuse, d'élaboration plus ou moins avancée, de blocage plus ou moins insurmontable, et parfois d'échec pur et simple.
En entrant dans le vif des négociations, les intérêts divergents, les priorités nationales reprennent leurs droits. Américains et Européens, pays riches et pauvres, occidentaux et "émergents", rencontrent d'autant plus d'obstacles sur la voie de "l'intérêt général", tracée à Londres, que l'amélioration des indicateurs conjoncturels incite plutôt à penser, peut-être imprudemment, à "l'après-crise".
Cette diversité, voire ces divergences, se voit dans les réponses que treize "personnalités" du monde de l'économie et de la politique ont apportées à une question du "Monde Economie" : "S'il n'y avait qu'une et une seule leçon à tirer de la crise, laquelle choisiriez-vous ?"
La difficulté à faire l'unanimité, ne serait-ce que de façade, autour d'un projet politique cohérent de "sortie de crise" ramène le rêve d'une nouvelle gouvernance mondiale, née des cendres de la crise, à la dure réalité des affrontements traditionnels décrits par Thierry de Montbrial, le directeur général de l'Institut français des relations internationales (IFRI).
Tout en proclamant que "rien ne sera plus jamais comme avant", des banquiers, des gouvernements, des entreprises se reprennent à espérer un retour rapide au "business as usual", gommant la réalité de l'impact à long terme de la catastrophe financière sur les entreprises, les plus pauvres et les économies les plus fragiles. Avec tous les risques de rechute qu'un tel déni du réel comporte.
Antoine Reverchon
Le Monde
22.09.09.
mardi, septembre 22, 2009
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