***Un Barroso combatif et des opposants sur la défensive : le marathon parlementaire du président sortant de la Commission européenne en vue d'un second mandat de cinq ans devait entrer, jeudi 10 septembre, dans sa dernière ligne droite. Sauf surprise, les présidents des différents groupes politiques devaient décider, dans la matinée, de fixer au 16 septembre le vote au sujet de sa reconduction.
LES FAITS
M. Fillon se pose en recours en cas d'échec de M. Barroso
Seules les formations de gauche – les socialistes, les Verts et la Gauche unitaire (communistes) – se sont prononcées pour un nouveau report du scrutin après le second référendum sur le traité de Lisbonne, en Irlande, le 2 octobre. Le chef de fil des libéraux démocrates, le Belge Guy Verhofstadt, devait proposer d'organiser un second vote une fois le nouveau traité ratifié, mais cette résolution a peu de chances d'aboutir. Et le candidat du Parti populaire européen (PPE), dont est membre l'UMP, a tenté de donner des gages au fil de ses auditions, cette semaine, avec les différents groupes politiques.
Aux socialistes qui lui reprochent d'avoir négligé le social, M. Barroso a promis un règlement sur le détachement des travailleurs d'un pays à l'autre de l'Union, afin de lutter contre le "dumping social". Il propose d'évaluer l'impact social de toutes les législations européennes, à commencer par celle, toujours en panne, sur le temps de travail.
Aux libéraux qui critiquent son manque de réactivité face à la crise financière, le candidat sortant a promis de plaider pour la création, à terme, d'un superviseur unique européen. "Les choses progressent lentement, mais sûrement", a commenté M. Verhofstadt.
RÉPARTITION DES PORTEFEUILLES
D'ores et déjà, les tractations portent sur la répartition des portefeuilles dans la prochaine commission. Pour la première fois, Martin Schulz, le président du groupe des socialistes et démocrates, a revendiqué pour sa famille le poste de haut représentant pour les relations extérieures, une des innovations du traité de Lisbonne. Sans s'engager, M. Barroso a promis de plaider pour une représentation "équilibrée" au sein du prochain collège.
Le président sortant a par ailleurs entériné la création d'un portefeuille consacré aux droits fondamentaux et aux libertés civiles, comme réclamé par les libéraux. Aux écologistes, il a aussi promis de nommer un commissaire chargé du changement climatique.
Cette opération de charme suffira-t-elle ? A ce stade, le seul candidat en lice, disposerait donc d'environ 340 voix. En vertu du traité de Nice, une majorité simple des votants suffirait à M. Barroso, mais si le Traité de Lisbonne devait entrer en vigueur avant la fin de l'année, une majorité absolue – soit 369 des 736 élus – serait préférable pour asseoir sa légitimité. "M. Barroso sera d'autant plus fort pour composer la prochaine commission, qu'il se rapprochera de la majorité absolue des membres du Parlement", martèlent les représentants de différents pays.
A ce jour, seul le Parti populaire européen (265 sièges) promet de voter massivement pour lui. Le soutien affiché par les conservateurs eurosceptiques (54 élus), emmenés par les Tories britanniques, est à double tranchant puisque M. Barroso affirme vouloir constituer une majorité "proeuropéenne". Les Verts (55 élus) et la Gauche unitaire (35 membres) clament depuis des semaines qu'ils voteront contre lui.
La situation reste plus confuse dans les deux autres formations dont a absolument besoin M. Barroso pour sécuriser son second mandat. Martin Schulz, le leader des socialistes (184 sièges), plaide pour l'abstention, mais sa formation est de plus en plus dominée par les anti- Barroso. En revanche, les trois quarts des libéraux démocrates pourraient voter en faveur de ce dernier, le reste du groupe étant, à l'instar du Modem français, opposé au candidat du PPE.
Bruxelles, bureau européen
Philippe Ricard
Le Monde
11.09.09.
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