Alors que la zone euro est plus que jamais dans la tourmente. Invité de Matin Première, l'ancien ministre français des finances Jean Arthuis plaide pour que l'Europe se dote d'une véritable gouvernance européenne pour que l'euro ne soit plus "la seule monnaie au monde orpheline d'Etat".
Pour l'auteur de l'ouvrage de "Sos finances publiques", ce qui est en cause dans la crise de la dette de la zone euro que nous traversons, c'est "la gouvernance européenne".
En effet, rappelle-t-il, la monnaie unique européenne est née du constat que la diversité des monnaies au sein du marché unique était une source d'instabilité, préjudiciable en termes de croissance et d'emploi. On s'est dès lors doté d'une monnaie unique pour se prémunir de cette instabilité.
Toutefois, ce faisant, "on a fait naître la seule monnaie au monde qui soit orpheline d'Etat".
Le pacte de stabilité, sorte "d'accord de copropriété" de l'euro, n'a pas été respecté et a même "été perverti" lorsqu'il a été révisé en 2004. C'est donc en grande partie ce qui a mis l'euro dans de telles difficultés, estime l'invité. On disposait là d'un ensemble de disciplines budgétaires mais celui-ci a été ignoré par certains Etats.
La solution? Une véritable gouvernance européenne
Un retour aux monnaies nationales serait "catastrophique", car certaines monnaies nationales se déprécieraient face à l'euro. Or, les dettes étant dorénavant en euros, ces pays verraient leur situation s'aggraver par rapport à la situation actuelle.
Sur base de ces constats, le président de la commission Finances du Sénat français estime que "tout doit être mis en œuvre pour doter l’europe d’une véritable gouvernance".
Jean Arthuis va même jusqu'à avancer qu'il "faut se prépaprer pour un véritable fédéralisme européen" afin de faire parler l'Europe d'une seule voix.
L'ancien ministre déplore en effet que lorsqu’il s’agit de la régulation des marchés financiers, d’encadrer la spéculation ou de faire converger les fiscalités, l’Europe se montre incapable. Il plaide donc pour une véritable intégration politique.
L'invité espère qu'à ce titre, la crise actuelle va susicter un "électrochoc", à même de dégager la volonté politique nécessaire pour mettre en oeuvre les réformes nécessaires.
Car dans l'état actuel des choses, "si la souveraineté a encore du sens, on peut s’interoger sur la souveraineté d’un état surendetté", interpelle Jean Arthuis. En effet, dans le cas des Etats trop endettés, la souveraineté de celui-ci "passe dans les mains de ses créanciers".
Dès lors, laisser dériver les déficits publics et croitre l’endettement public c’est compromettre "l’indépendance nationale".
On se retrouve donc face à une situation a priori paradoxale où plus d'intégration politique consentie à l'Europe par les Etats nationaux, et la véritable gouvernance européenne qui en décdoulera permettra aux Etats membres de préserver leur souveraineté.
En clair, ce qui est proposé aux Etats membres est de céder plus de prérogatives à l'Europe, pour la rendre notamment apte à imposer plus de discipline budgétaire et in fine ne plus être à la merci de ses créanciers.
L'ancien ministre de Jacques Chirac souligne également qu'une Europe plus intégrée et dotée d'une "gouvernance digne de ce nom", se montrant capable de parler d'une seule voix aura incomparablement plus de poids sur la scène internationale. "Au G20, il y a un Chinois, il y a un Américain, il y a six Européens", fait-il remarquer pour souligner la carte que l'Europe a à jouer à ce niveau.
Bien à vous,
Morgane BRAVO
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