vendredi, décembre 21, 2007
*Gordon Brown durcit le ton contre l'immigration*
***L'afflux d'immigrants d'Europe de l'Est pousse le premier ministre britannique à durcir sa politique migratoire.
«Des emplois britanniques pour les travailleurs britanniques.» Le slogan de Gordon Brown en septembre, lors de la conférence du Parti travailliste, était osé. Outre le fait que la légalité d'une telle mesure est douteuse à cause des lois contre la discrimination , sa sensibilité politique est explosive. «Si les travaillistes avaient fait une telle déclaration dans les années 1960, 1970, 1980 ou 1990, cela aurait provoqué une énorme controverse», affirme au Guardian Charles Clarke, ancien ministre de l'Intérieur.
Les temps changent... En cette fin 2007, la phrase de Gordon Brown a touché la corde sensible de l'opinion britannique, qui commence à sérieusement s'agacer de la vague d'immigration sans précédent que connaît la Grande-Bretagne depuis une décennie. L'immigration nette (immigration moins émigration) dépasse désormais 200 000 personnes par an, un record absolu. Cette vague, débutée à la fin des années 1990 avec le succès économique du pays, s'est accentuée avec l'élargissement de l'Union européenne. En mai 2004, la Grande-Bretagne a été l'un des trois seuls pays (avec l'Irlande et la Suède) a ouvrir ses frontières aux travailleurs de ces pays. Le gouvernement britannique en prévoyait environ 13 000 par an : près de 700 000 sont arrivés.
Initialement, cet afflux a été bien accueilli. Les nouveaux venus, Polonais en tête, venaient combler un manque de main-d'œuvre, notamment dans l'agriculture, l'hôtellerie et le BTP. Mais les dents commencent à grincer, particulièrement dans les milieux populaires blancs.
Système de migration à points
Slough, petite ville en banlieue de Londres, est en l'exemple le plus criant. Les épiceries de la rue principale proposent charcuterie et journaux polonais. Les écoles sont débordées face à l'afflux d'enfants ne parlant pas anglais. Enfin, la concurrence pour l'emploi inquiète la population locale. «Les Polonais travaillent mieux, ils prennent moins de pauses, et ils acceptent des salaires inférieurs», s'inquiète un plombier britannique.
Face à la grogne, Gordon Brown durcit sa politique migratoire. Il vient de proposer de réduire de moitié la durée des visas de tourisme. De plus, les frontières n'ont pas été ouvertes aux travailleurs roumains et bulgares, les deux derniers pays à joindre l'Union européenne. Enfin, la Grande-Bretagne introduit au début de l'année prochaine un système de migration à points (lancé par Tony Blair), prenant exemple sur le modèle australien. Chaque candidat à l'immigration obtiendra un certain nombre de points en fonction de son âge, de son niveau d'étude, de sa richesse… «Cela permettra de faire venir les gens qui ont les compétences que nous recherchons, expliquait Gordon Brown mercredi, lors de sa conférence de presse mensuelle. Mais pour ceux qui ont des compétences dont nous n'avons pas besoin, ce sera plus difficile de venir.»
Le paradoxe est que ces nouvelles mesures ne concernent ni les habitants de l'Union européenne, ni les regroupements familiaux, c'est-à-dire la majorité de l'immigration. Leur impact sera donc limité. Mais le discours politique, en revanche, a profondément changé.
À Londres, Sébastien Martin
Le Figaro
20/12/2007
*Crédits photo : Paul HERRMANN/REPORT DIGITAL-REA
Depuis 2004, de nombreux Polonais (ici, au cours d'une manifestation) ont afflué en Grande-Bretagne pour combler un manque de main-d'œuvre.
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