mercredi, mars 25, 2009
*La chute du gouvernement tchèque embarrasse l’Union européenne*
***C’est un coup de théâtre dont l’Union européenne se serait bien passée dans le contexte de la crise. Mirek Topolanek, le premier ministre tchèque censuré par ses députés mardi 24mars, avait le plus grand mal à imposer son autorité sur les Vingt-Sept, après la présidence de Nicolas Sarkozy. Et le voilà qui chute au pire moment, à l’heure où l’ensemble du continent s’enfonce dans la récession et tente de peser face aux Etats-Unis.
"L’Europe a besoin de leadership fort en ces temps de crise. Or un gouvernement qui assume la présidence de l’UE et qui est privé de confiance ne peut pas assumer ce leadership", a regretté Joseph Daul, le président français du groupe conservateur du Parti populaire européen (PPE), la principale formation du Parlement de Strasbourg.
A Prague, comme à Bruxelles, on s’efforce de minimiser l’impact de l’échec de M.Topolanek. Le chef du gouvernement de centre droit pourrait rester de facto en place jusqu’à la fin de sa présidence de l’UE, le 30juin, avant de passer la main à la Suède. "Le gouvernement est responsable, il devrait demeurer en fonction jusqu’à ce qu’un autre cabinet soit désigné et confirmé", a dit au Monde Alexandr Vondra, vice-premier ministre tchèque chargé des affaires européennes : "Ce processus peut durer des mois."
DE MULTIPLES CRITIQUES
Depuis le 1er janvier, les performances de la présidence tchèque ont fait l’objet de multiples critiques dans les capitales européennes. "Le gouvernement était déjà faible, nous le savions lorsque la présidence a commencé", commente un diplomate scandinave. Après s’être démené pour défendre les intérêts européens lors de la "guerre du gaz" entre la Russie et l’Ukraine, le libéral Mirek Topolanek a été critiqué pour sa passivité dans la gestion de la crise économique, à l’heure où les Etats membres interviennent comme jamais dans leur économie. Ses relations avec Paris, soupçonné de vouloir court-circuiter Prague par l’intermédiaire de la zone euro, ont tourné au vinaigre. Marginalisé par M. Sarkozy dès début 2009, lors de l’offensive israélienne à Gaza, M.Topolanek a répliqué un peu plus tard en accusant les autorités françaises de "protectionnisme" en matière d’aide à l’automobile.
Dans ce climat tendu, les Européens devaient insister dès mercredi pour que le processus de ratification du traité de Lisbonne à Prague et la négociation des garanties promises à l’Irlande en vue d’un second référendum ne soient pas entravés. M.Topolanek s’est fixé d’autres priorités dans les prochaines semaines. Le 5avril à Prague, le sommet entre Barack Obama et les vingt-sept chefs d’Etat et de gouvernement devrait être l’occasion de parler de l’Afghanistan et du climat avec les Etats-Unis. "Il n’y a pas de raison d’annuler cette rencontre", estime M.Vondra. Le 7 mai doit avoir lieu, toujours à Prague, le lancement du "partenariat oriental", une initiative destinée à rapprocher l’Ukraine, la Biélorussie, la Géorgie, la Moldavie, l’Azerbaïdjan et l’Arménie de l’UE.
A plus court terme, c’est le sommet du G20 qui se profile, le 2 avril à Londres, dans des conditions délicates pour la délégation européenne. La présidence tchèque occupe un strapontin dans cette enceinte face aux grands pays. Devant le Parlement européen, mercredi matin, M.Topolanek a tenté de rassurer les députés en affirmant que la chute de son gouvernement n’aura "pas d’impact sur la présidence" de l’Union.
Bruxelles, Bureau européen
Philippe Ricard
Le Monde
25.03.09
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