***Quel rôle peuvent jouer les collectivités territoriales dans la constrution d'un sentiment européen ? A quelques semaines des élections européennes, Gunilla Westerberg-Dupuy, conseillère municipale déléguée à l’Egalité des chances, Jumelages, Relations presse et Médias de la Ville de Suresnes présente pour Place d'Europe les projets européens ainsi que les jumelages menés par la ville. Elle évoque également sa vision des relations entre Bruxelles et les collectivités locales, et leur "rôle primordial dans la construction d'un sentiment européen".
La ville de Suresnes a-t-elle des projets européens ?
Il existe plusieurs types de projets européens : les projets financés par la politique de cohésion de l’Union Européenne, notamment par les fonds structurels, et les projets menés en partenariat avec d’autres villes européennes. Suresnes mène ces deux types de projets européens.
Concernant les projets financés avec le soutien des fonds structurels, deux projets sont en cours :
- La création d’une structure d’appui, levier de développement local et d’insertion, baptisée "SOUPAPES" qui vise à permettre aux publics les plus touchés par le chômage et les plus fragilisés (jeunes sans qualification de moins de 25 ans, femmes en recherche d’emploi ou bénéficiaires de minima sociaux, chômeurs de longue durée de plus de 50 ans), de se diriger vers la création d’activités économiques favorisant ainsi leur réinsertion et la revitalisation du tissu économique local. La structure SOUPAPES fait bénéficier les porteurs de projet d’entreprise – plus particulièrement dans le secteur des services à la personne – d’une dynamique de partenariats qui leur soit spécifiquement consacrée. Ce projet bénéficie depuis 2008 du soutien du Fonds Social Européen.
- La création d’un quartier exemplaire en matière d’efficacité énergétique et de qualité environnementale des espaces. Le quartier Carnot-Gambetta, le plus peuplé de la ville avec 8 400 habitants, présente en effet l’opportunité de mettre en œuvre une politique environnementale globale et cohérente, notamment en matière d’efficacité énergétique et d’aménagement des espaces, car plusieurs opérations d’aménagement de grande envergure y sont prévues. Les dispositifs mis en place viseront aussi bien les bâtiments anciens que les bâtiments neufs, publics ou privés, ainsi que les déplacements et la sensibilisation des habitants. La ville a missionné un cabinet d’études spécialisé afin de réaliser un diagnostic et de faire des préconisations pour des dispositifs innovants, afin d’atteindre les objectifs fixés par l’Union Européenne de diminution de 25% des gaz à effet de serre d’ici à 2013. Inspiré par la stratégie de "Göteborg", ce projet fait actuellement l’objet d’une candidature auprès du Fonds Européen de Développement Régional (FEDER), par le biais de l’axe 3 du Programme Opérationnel "Agir pour l’environnement et le développement durable de la région", Action 2 "Promotion de l’efficacité énergétique et développement de l’utilisation rationnelle de l’énergie".
Ces deux projets ont en commun leur aspect innovant, dans les objectifs et dans la méthode mise en œuvre. Ils ne pourraient pas voir le jour sans le soutien apporté par l’Union Européenne.
En outre, ils ont pour ambition d’être reconductibles et de pouvoir servir d’exemples de "bonnes pratiques" pour les autres collectivités françaises ou européennes.
Par ailleurs, Suresnes mène divers projets d’échanges culturels et éducatifs avec ses six villes jumelles, dont 4 sont membres de l’Union Européenne :
* la correspondance entre jeunes des écoles, des lycées,
* le travail en commun des professeurs sur l’histoire des pays,
* l’apprentissage réciproque des langues,
* le partage de projets culturels, comme par exemple le travail en commun réalisé depuis les années 1970 entre l’Ecole d’Arts plastiques de Suresnes et de Hann Münden (Allemagne) et l’Universidad Popular de Colmenar Viejo (Espagne), sur les thèmes de "La Mémoire" puis de "La Différence".
La ville de Suresnes a-t-elle des partenariats avec d’autres villes européennes ?
Dès la fin des années 1950, Suresnes a signé un pacte de jumelage avec 3 villes : Hackney en Grande-Bretagne (1956), Hann Münden en Allemagne (1959) et Holon en Israël (1961).
Suresnes a ensuite développé de nouveaux liens de jumelage : en 1967 avec Kragujevac (Serbie), en 1992 avec Villach (Autriche) et en 1999 avec Colmenar Viejo (Espagne).
En 2009, Suresnes célébrera le 50ème anniversaire du pacte de Jumelage qu’elle a noué en 1959 avec la ville allemande de Hann-Münden.
Les liens étroits noués entre Suresnes et Hann-Münden ont contribué à sceller la réconciliation entre les peuples français et allemands et ont accompagné la construction européenne.
En outre, depuis la fin des années 1990 et en accord avec la politique étrangère menée par la France en Serbie, la ville de Suresnes a étendu ses actions traditionnelles de jumelage avec Kragujevac, à des actions de coopération décentralisée, afin de contribuer au rétablissement de la démocratie locale et au développement économique et social de la région.
Notre conviction est que les partenariats noués entre les villes européennes ont joué par le passé et jouent aujourd’hui encore un rôle essentiel dans le processus d’intégration, par les citoyens, des valeurs démocratiques et de tolérance qui sont au fondement de l’Union Européenne.
Pensez-vous que Bruxelles soit encore trop "loin" des collectivités locales, comme les communes ?
Cette volonté se traduit notamment par la participation à des programmes des fonds structurels européens et par le dynamisme de nos jumelages avec d’autres villes européennes.
Cependant, nous constatons qu’il demeure une forme d’incompréhension et de distance entre les institutions européennes d’une part et les collectivités locales françaises et leurs citoyens d’autre part.
Cette incompréhension peut avoir plusieurs causes :
- le manque de communication dans les médias et par les représentants politiques nationaux sur les grands dossiers européens y compris ceux qui pourraient valoriser l’action de l’UE auprès du grand public. C’est par exemple le cas de la directive REACH, méconnue du grand public, qui met en place un système d'enregistrement, d'évaluation et d'autorisation des substances chimiques dans l'Union Européenne et qui constitue une avancée importante pour la protection des citoyens en termes de santé publique.
- Un déficit de la dimension "politique" des institutions européennes : l’Europe s’adresse principalement aux citoyens et aux collectivités locales par la voie de la Commission, qui apparaît comme une instance administrative et technocratique. Bien souvent ses représentants méconnaissent les problématiques locales et ne s’appuient pas assez sur les capacités d’actions et les nombreuses compétences des collectivités.
- Le manque de dialogue et de confiance entre les institutions européennes et les collectivités locales, sont d’autant plus regrettables que les collectivités locales françaises sont bien souvent les mieux à même de mettre en œuvre la politique européenne dans de très nombreux domaines. Elles sont en outre soumises à un contrôle très strict de l’utilisation des fonds publics qui leur sont attribués par le Conseil Municipal, par le comptable public, par le service du contrôle de légalité de la préfecture et enfin par la Chambre Régionale des Comptes, ce qui constitue une garantie pour le bon usage des fonds.
Par ailleurs, étant l’échelon politique le plus proche des citoyens, elles sont également un relais indispensable pour faire mieux connaître – et apprécier – les institutions européennes.
Les collectivités locales jouent-elles un rôle dans la construction d’un sentiment européen, notamment en période électorale ?
L’apport des collectivités s’exprime tout d’abord par les actions menées dans le cadre des jumelages de villes : les projets menés en commun permettent aux populations des villes jumelles d’échanger leurs connaissances, d’apprendre et de comprendre la culture de l’autre, de s’enrichir de leurs différences, tout en prenant conscience de tout ce qui les rassemble.
Des liens personnels, d’amitié et même d’amour se nouent entre les habitants.
Ces liens rendent concrets et vivants l’appartenance commune à l’Union Européenne et contribuent à créer le sentiment d’une citoyenneté partagée.
La collaboration entre les administrations locales des différents pays européens pour la mise en œuvre de politiques publiques, dans des domaines environnementaux ou sociaux par exemple, renforcent également l’unité européenne et le sentiment du vivre-ensemble.
Enfin, la communication de proximité mise en œuvre par les collectivités sur la participation financière de l’Union Européenne aux projets de développement d’infrastructures, permet aux habitants d’être informés des réalisations concrètes de l’UE dans leur vie quotidienne.
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Le chiffre
3 800
communes françaises sont jumelées avec 5 600 partenaires situés sur le continent européen. Beaucoup d'entre elles ont également des partenaires situés dans le reste du monde, principalement dans les pays francophones et/ou dans les zones autrefois sous administration française.
Place d'Europe
11 mars 2009
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