***Gérard Onesta est un ex-député Vert européen et a été vice-président du Parlement européen pendant dix ans. Il est l'eurodéputé français en première place pour son travail et son taux de présence au Parlement dans le classement des eurodéputés. Même s'il ne s'est pas représenté aux élections du 7 juin, il milite pour que l'environnement soit au coeur de l'Europe.
L'environnement est-il une priorité de l'Union européenne?
L'environnement est une thématique transnationale. Une tempête ne s'arrête pas aux frontières, un oiseau qui prend du plomb ne se cantonne pas aux zones Natura 2000. C'est naturellement une thématique européenne. Sur la mandature qui s'achève, deux tiers des textes votés au Parlement ont une dimension environnementale. Que ce soient les transports, la santé, l'alimentation... À l'évidence, c'est toujours l'Europe qui tire le curseur vers le haut. La limitation des incinérateurs, la première norme sur les nitrates, les pesticides, c'est l'Europe. S'il y a une chose que l'Union fait bien, c'est l'environnement.
Quel est LE sujet environnemental qui attend la prochaine mandature au Parlement européen?
Le premier gros dossier pour les prochains députés c'est décembre 2009, à Copenhague, pour préparer l'après-Kyoto et mettre en oeuvre le paquet "énergie-climat".
Justement, les objectifs fixés par le paquet "énergie-climat" sont-ils satisfaisants?
Ce paquet est bien sympa. Le Giec (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) avait cependant dit qu'il fallait réduire de 80% les émissions de gaz à effet de serre pour 2050. Ce paquet, c'est un petit pas, mais les objectifs ont été revus à la baisse par Nicolas Sarkozy. Ce qui importait pour le président de la République c'était de mettre sur son torse bombé la breloque climatique. Il n'y a rien en termes de contrainte, de calendrier. Il fait un sale temps pour le climat.
Quelle est la thématique environnementale à laquelle l'Europe devra s'attaquer dans les années à venir?
La fiscalité. L'environnement est souvent présent dans les textes et les discours, pas encore dans le budget. ça reste du blabla. On me dit: "Onesta tu es un doux rêveur, ça ne se fera jamais". Mais on disait pareil du mur de Berlin et de la monnaie commune.
On reproche souvent à l'Europe sa lenteur. Qu'en pensez-vous et quelles sont ses principales difficultés pour mettre en oeuvre davantage de mesures environnementales?
L'Europe est un bouc émissaire très confortable. Je regrette que moins de 0,9% des richesses de l'ensemble des pays membres soit réservé à l'ensemble des politiques européennes. Sachant que dans ce 0,9%, la moitié est réservée à la politique agricole commune. C'est minable, c'est une opération pièces jaunes.
Et puis il y a aussi le fait que la France est lente pour transposer les textes votés au Parlement. Elle a été condamnée pour ça. Voilà plus de 45 ans que le droit européen s'impose au droit français, il serait temps de le dire aux dirigeants. L'Europe ne peut pas fonctionner avec si peu de moyens et l'opacité actuelle.
L'avenir de l'environnement est-il économique?
On le répète depuis 30 ans! Notre modèle économique n'est pas connecté à l'environnement et à la vie des citoyens. L'avenir de l'économie c'est l'écologie.
Céline Hussonnois
L'Express
12/06/2009
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