dimanche, mars 01, 2009
*L'Europe fait taire ses divergences pour ne pas ajouter à la crise...*
***Confrontés aux tentations protectionnistes, les dirigeants de l'Union ont cherché, hier, à dissiper leurs malentendus pour affronter plus unis la crise et les prochaines échéances. Le sommet est parvenu à un accord-cadre sur le traitement des actifs toxiques des banques.
Après l'affrontement, la réconciliation. A l'image de la poignée de main appuyée de Mirek Topolanek, le Premier ministre tchèque, président de l'Union, accueillant Nicolas Sarkozy à son arrivée au sommet de Bruxelles, les chefs d'Etat et de gouvernement des Vingt-Sept ont choisi d'y masquer leurs divergences pour donner enfin l'image d'une Europe unie pour affronter la crise. La veille, la Commission européenne avait, il est vrai, déminé le terrain en approuvant le plan français de soutien à l'automobile (voir ci-dessous). Mirek Topolanek, qui n'hésitait pas il y a encore quelques jours à accuser la France de protectionnisme, a totalement changé de discours. « Aujourd'hui il n'existe pas en Europe de cas qui mette en cause la concurrence. La Commission a la situation parfaitement en main et personne n'a exprimé de méfiance quant à sa capacité à faire respecter les règles communes », a-t-il souligné à l'issue du sommet.
Nicolas Sarkozy, pour sa part, reste sur sa ligne. « Chacun a admis qu'aucun de nous n'était protectionniste », s'est-il félicité. Mais en ajoutant immédiatement : « Nous n'avons pas demandé de fermer des usines chez les autres. Nous avons demandé de ne pas en fermer chez nous. » Ce malentendu dissipé - mais jusqu'à quand ? -, les dirigeants de l'Union se sont concentrés sur les réponses à apporter à la crise économique et financière.
Accélérer les adhésions à l'euro
Dans les Etats membres d'Europe centrale et orientale d'abord. « J'ai vraiment senti un sentiment de solidarité et de responsabilité envers eux », a résumé José Manuel Barroso, le président de la Commission. Rejetant la demande d'aide spécifique formulée par la Hongrie (voir ci-dessous), les chefs d'Etat et de gouvernement ont estimé que la situation de chaque pays était différente et nécessitait un traitement adapté. Ils ont chargé la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) et la Banque mondiale d'accroître leur soutien aux économies les plus fragilisées en augmentant, si possible, le prêt de 24,5 milliards d'euros déjà débloqué en leur faveur. Ils se sont également montrés ouverts à l'idée de procédures d'adhésion à l'euro accélérées, ce que réclament ouvertement la Hongrie et la Pologne.
Dans l'ensemble de l'Union ensuite. Le sommet est parvenu à un accord-cadre sur le traitement des actifs toxiques des banques. « Il s'agit d'une décision importante pour rétablir l'octroi de crédits par les banques », s'est félicité Nicolas Sarkozy. Le président de la République a expliqué que les Vingt-Sept étaient convenus de laisser à chaque pays le choix de la méthode (structure de défaisance ou système de garantie) ainsi qu'une « grande flexibilité » sur la détermination des actifs éligibles. Mais un « cadre commun européen » encadrera ce type d'intervention pour éviter les distorsions de concurrence. Nicolas Sarkozy a répété que la France, contrairement à la Grande-Bretagne et à l'Allemagne, n'envisageait pas de soulager ainsi ses banques de leurs actifs « pourris ».
Tous les participants se sont également félicités des mesures préconisées par Jacques de Larosière pour renforcer la supervision financière en Europe. La Commission en tirera de premières orientations mercredi, le sommet de mars les examinera, la plupart des Etats membres ayant appelé à des décisions concrètes d'ici à juin. L'Union souhaite s'inspirer largement de ces recommandations pour proposer une action concertée au niveau international lors du sommet du G20 de Londres le 2 avril. Ce sujet sera également au menu de la rencontre Etats-Unis-Europe à laquelle participera Barack Obama, le 5 avril à Prague.
BUREAU À BRUXELLES.
ALEXANDRE COUNIS ET JACQUES DOCQUIERT,
Les Echos
02/03/09
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