***Les autorités du Mexique, dont les mesures draconiennes ont réussi à contenir le virus A H1N1, n'apprécient pas du tout l'expression de "grippe mexicaine" en Europe et encore moins les actes "vexatoires" infligés à leurs compatriotes de l'étranger.
"Nous exprimons notre opposition la plus énergique aux mesures vexatoires ou discriminatoires prises par différents pays à l'encontre des Mexicains", a clamé à plusieurs reprises le président Felipe Calderon.
Dans son collimateur : les quelques dizaines de Mexicains soumis à l'isolement à leur arrivée en Chine, alors qu'ils ne présentaient pas de symptômes du virus. Un vol spécial mexicain les a ramenés au pays mercredi matin.
En sens inverse, le Mexique a mis un point d'honneur, mardi à l'aéroport de Tijuana (nord), à réserver un traitement de "VIP à 98 Chinois bloqués jusqu'alors dans le pays par la suspension des vols décidée par la Chine, avant le départ de leur avion affrété par Pékin.
L'épisode chinois était le dernier en date. Après d'autres suspensions de liaisons aériennes, Mexico avait déjà vu ses exportations refusées à l'étranger, des compatriotes suspectés dans des aéroports, une de ses équipes de football placée en isolement à son arrivée au Chili, ou encore le drapeau national affublé d'un cochon sur des tee-shirts.
C'est à Paris que l'ambassade du Mexique a protesté contre l'utilisation de l'expression "grippe mexicaine" pour ce que l'OMS a décidé de qualifier de "grippe A (H1N1)".
"Discriminatoire", a-t-elle fait remarquer.
Avant celle du président Calderon, la réaction la plus énergique était venue du maire de Mexico, Marcelo Ebrard, qui a employé le terme de "racisme".
"Quand il y a de la peur, le racisme affleure, tout comme l'agression ou l'exclusion, et rien n'est pire. Quand la grippe aviaire s'est propagée en Asie, nous n'avons pas fait la chasse aux personnes d'origine asiatique", a-t-il déclaré.
La ministre mexicaine des affaires étrangères, Patricia Espinosa, a exprimé la "surprise" du gouvernement mexicain devant la suppression des liaisons aériennes avec Mexico décidée par plusieurs pays latino-américains, à commencer par l'Argentine et Cuba.
"La stigmatisation que nous constatons dans d'autres parties du monde est lamentable", a renchéri le ministre de la Santé, José Angel Cordova.
"On regarde ceux qui arrivent de Mexico comme s'ils allaient transmettre une maladie hautement contagieuse, alors qu'on sait que nous ne sommes pas tous contagieux", a-t-il martelé.
Plus officiellement encore, le Mexique a annoncé qu'il allait demander des "explications", devant l'Organisation mondiale du commerce (OMC), aux pays qui ont stoppé ou restreint leurs importations de produits mexicains, comme les produits dérivés du porc. Ils sont une quinzaine, dont la Chine et la Russie, énormes marchés mondiaux.
Pourtant, l'OMS, l'Organisation de l'ONU pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et l'Organisation mondiale de la santé animale (OIE) soulignent que "les virus grippaux ne sont pas connus pour se transmettre à l'homme par l'ingestion de viande de porc transformée ou d'autres produits alimentaires élaborés à partir de viande de porc".
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Romandie News
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