*** L'OCDE s'est indirectement invitée dans la campagne présidentielle en publiant une série de recommandations pour réformer le marché du travail en France.
"On a une mauvaise doctrine d'emploi" sur le travail peu qualifié en France, a estimé le chef économiste de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), Jean-Philippe Cotis, lors d'une conférence de presse mardi 13 février. D'après lui, il existe trois instruments à la disposition du gouvernement pour augmenter l'emploi peu qualifié tout en lui conservant "un revenu décent" : les cotisations des employeurs, le salaire minimum et les dispositifs comme la prime pour l'emploi. Ceux-ci ont été utilisés en France pour "accroître le pouvoir d'achat et non l'emploi", déplore M. Cotis.
"Le bon agencement des instruments est un salaire minimum qui croît un peu moins vite que le salaire moyen, et utiliser ce qui reste comme baisses de charges pour réduire le coût du travail peu qualifié", afin de stimuler l'embauche, a-t-il jugé lors d'une conférence de presse. L'OCDE est un forum d'experts d'inspiration plutôt libérale, regroupant trente pays industrialisés.
Interrogé sur la proposition de Ségolène Royal d'augmenter le salaire minimum à 1 500 euros, M. Cotis a rappelé que la France "a le coût du travail peu qualifié le plus élevé" parmi les pays membres de l'OCDE. Un coût qui nuit à l'emploi des jeunes sans qualification, selon M. Cotis.
"SENTIMENT DE PRÉCARITÉ ACCRU EN FRANCE"
Par ailleurs, l'OCDE recommande l'adoption d'une "unification des contrats" de travail. Une mesure que le candidat UMP, Nicolas Sarkozy, propose dans son programme, sous la forme d'un contrat unique inspiré du contrat nouvelle embauche. Ségolène Royal a, pour sa part, promis d'abroger le CNE.
Dans son rapport annuel "Objectif croissance", publié mardi, l'OCDE rappelle les autres réformes qu'elle propose régulièrement pour la France : "Si la situation budgétaire le permet, procéder à la baisse envisagée des cotisations de sécurité sociale ou à une augmentation de la prime pour l'emploi afin d'améliorer le pouvoir d'achat des bas salaires".
L'organisation préconise aussi de poursuivre l'assouplissement de la protection de l'emploi, tout en rendant les "coûts de licenciement plus prévisibles". D'après M. Cotis, il y a un "sentiment de précarité accru" en France, qui ne reflète pas la réalité. L'emploi des 35 à 55 ans en France est "le plus stable" depuis 1945, a-t-il ainsi remarqué, même si à l'inverse, celui des moins de 35 ans est le plus instable depuis soixante ans.
L'OCDE recommande enfin d'augmenter les incitations au travail pour les plus de cinquante ans, en n'exemptant plus, par exemple, les chômeurs âgés indemnisés de l'obligation de rechercher un emploi.
LEMONDE avec AFP
13.02.07
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire