*** Le ministre de l'Intérieur a rencontré des associations de Mailloles, un quartier de Perpignan à forte population d'origine maghrébine.
* CE N'EST pas à Argenteuil, ni à la Courneuve, que Nicolas Sarkozy a fait hier son retour dans les quartiers dits « sensibles », mais à Mailloles, une cité de Perpignan dont la population est en majorité d'origine maghrébine. Une visite tenue secrète jusqu'à la dernière minute et soigneusement balisée par sa porte- parole Rachida Dati, chargée de déminer le terrain. Son travail a d'ailleurs été salué par la première intervenante, Fatima, qui a reconnu que « grâce à Rachida », elle avait désormais « une image de Nicolas Sarkozy différente de celle qu'il a dans les médias ». Le ministre de l'Intérieur a tout de même été sommé de s'expliquer sur la « racaille », le Kärcher et surtout son slogan choc : « La France, tu l'aimes ou tu la quittes ». Il s'est justifié, sans rien renier. Au contraire, il s'est vanté d'être « celui qui a le plus fait pour la population de confession musulmane ».
Paradoxalement, c'est la génération des parents qui s'est montrée la plus critique. Une mère de cinq enfants, née au Maroc et portant le voile, a désigné « les femmes qui profitent » de la liberté dont elles jouissent en France pour délaisser leurs rejetons. Nicolas Sarkozy a souri, mais n'a pas modifié une virgule du discours sur l'« autorité », en particulier au sein de la famille, qu'il a prononcé hier soir devant près de 8 000 sympathisants.
« Hélas, Mai 68 est passé par là »
« Le principe d'autorité est le principe même de la civilisation », a-t-il affirmé, en rajoutant deux nouvelles propositions à son programme : l'élaboration d'une « charte adossée à la Constitution, qui définisse les principes d'entrée et de séjour des étrangers en France », et le durcissement de la lutte contre l'immigration clandestine par l'interdiction pour tout étranger pris en situation irrégulière d'« obtenir un titre de séjour dans notre pays pendant cinq ans ».
Si Nicolas Sarkozy a rendu un hommage appuyé à « l'école de Jules Ferry », il a renoué avec les valeurs qui ont fait son succès à droite et dans l'électorat populaire : « la morale », « le respect ». Il s'est même indirectement adressé à ses adversaires de gauche, en lançant : « L'autorité, c'est un mot qui vous fait immédiatement soupçonner de préparer rien moins qu'un État policier, un mot qui fait de vous un homme prêt à attenter aux libertés publiques. Un de ces mots qui peuvent vous briser une carrière politique. Un de ces mots qu'on ne prononce pas entre gens bien élevés, entre gens qui ont bonne conscience, presque un gros mot pour les tenants de la pensée unique. Hélas, Mai 68 est passé par là ! »
L'auditoire a adoré. Il a aussi applaudi à tout rompre quand Nicolas Sarkozy a affirmé : « Il est temps de dire non à ce formi- dable mouvement d'inversion des valeurs ». Mais le candidat a également pris soin de préciser : « L'ordre sans le mouvement, c'est le conservatisme, et je ne suis pas un conservateur. Mais le désordre, c'est l'injustice, et je ne veux pas l'injustice ».
De notre envoyée spéciale à Perpignan JUDITH WAINTRAUB.
Publié le 24 février
Le Figaro
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