*** ROYAL AVAIT réuni 8 000 sympathisants, mardi, à Paris. Sarkozy en a attiré « plus de 10 000 », hier, à Toulon. Selon les chiffres fournis par le staff du candidat, qui précise : « Quand Ségolène est venue ici, elle n'en a»fait* que 1 500 ! ». C'est dire si, pour l'UMP, le combat continue. Loin de se reposer sur ses sondages, Nicolas Sarkozy vise le toujours plus. Toujours plus haut, toujours plus fort, et toujours plus rassembleur, aussi. Le ministre de la Défense Michèle Alliot-Marie, qui l'a accompagné sur la frégate La Fayette, première étape de sa visite à Toulon, a aussi joué les vedettes américaines du meeting.
Sarkozy n'a pas parlé de ses adversaires dans son discours de Toulon. Du moins, pas directement. Désireux d'enrichir ses propositions, il a souhaité que « la France, européenne et méditerranéenne à la fois, prenne l'initiative avec le Portugal, l'Espagne, l'Italie, la Grèce et Chypre d'une Union méditerranéenne » inspirée de l'Union européenne. Son plaidoyer pour une mondialisation qui réconcilie le Nord et le Sud lui a permis de défendre sa vision d'une cohabitation harmonieuse entre les religions et entre les cultures.
Alors que le procès lié aux caricatures de Mahomet se déroulait à Paris (lire aussi page 9), le défenseur de l'« immigration choisie » a mêlé l'héritage judéo-chrétien et celui des « savants arabes » pour définir un « patrimoine de valeurs spirituelles » commun à tous les Français.
En réponse à Jack Lang, qui a tenté de rallumer la polémique sur la colonisation, Nicolas Sarkozy a expliqué : « On doit désapprouver la colonisation, et ce système injuste, à la lumière des valeurs qui sont les nôtres aujourd'hui. Mais il ne faut pas confondre le système et les hommes. Je veux dire à tous les adeptes de la repentance qui refont l'histoire et qui jugent les hommes d'hier sans se soucier des conditions dans lesquelles ils vivaient : de quel droit les jugez-vous ? De quel droit demandez-vous aux fils de se repentir des fautes de leurs pères, que souvent leurs pères n'ont commises que dans votre imagination ? »
Le candidat de l'UMP s'est aussi adressé successivement aux pieds-noirs et aux harkis, nombreux dans la région. À l'intention des premiers, il a estimé que « si la France a une dette morale », c'est d'abord envers « ceux qui sont revenus des colonies en ayant tout abandonné ». Aux « enfants des harkis, qui ont servi la France, qui ont dû fuir leur pays et que la France a si mal accueillis », il a assuré que « si la France doit excuses et réparations, c'est à eux qu'elle les doit ».
« Avons-nous assez pris conscience que la tragédie de la mondialisation se joue pour nous Européens, pour nous Français, d'abord en Méditerranée ? » a-t-il interrogé. Pour la première fois, Nicolas Sarkozy a fait sienne la thèse que « le choc des civilisations devient une menace réelle ». Une position qui alimentera sans doute le procès en « atlantisme » de ses détracteurs, de droite comme de gauche, mais qui a été saluée hier soir par l'ensemble du public, toutes origines confondues.
JUDITH WAINTRAUB.
Publié le 08 février 2007
Le Monde
jeudi, février 08, 2007
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