*** Nicolas Sarkozy dénonce le ton "compassionnel" de sa rivale
* Le candidat UMP s'en prend désormais plus nettement à Ségolène Royal.
« Crédibilité et capacité de proposition » : voilà, dans l'ordre, les deux « qualités » que Nicolas Sarkozy compte mettre en avant pour faire la différence avec Ségolène Royal. Il s'y est d'ailleurs essayé dès hier soir, à Strasbourg, sur le thème obligé dans cette capitale européenne : comment sortir l'Europe de son impasse institutionnelle ? En termes d'affluence, il n'a pas à rougir de son score : quelque 6 500 militants sont venus l'applaudir, presqu'autant que sa rivale socialiste, mardi soir, près de Rennes. Sur le fond, il a expliqué qu'« avant de refonder politiquement l'Europe », il fallait « la refonder économiquement et socialement ». Il a rappelé son intention de demander la réouverture des négociations sur la PAC et a défini la « mission » qu'il souhaite proposer aux partenaires de la France dans la zone euro : « La moralisation du capitalisme financier et la promotion d'une économie de production contre une économie de spéculation et de rente. »
Avant d'arriver à Strasbourg, le candidat UMP s'était rendu au cimetière de Douaumont, pour marquer l'anniversaire du déclenchement de la bataille de Verdun. Une visite qui l'a « bouleversé ». Le 28 février, Nicolas Sarkozy tiendra une conférence de presse plus large sur la politique internationale. De quoi nourrir le débat de fond grâce auquel il espère contraindre Ségolène Royal à quitter le registre « compassionnel » pour revenir à la réalité de son programme. C'est ce qu'il a expliqué en substance à son comité de campagne, qu'il a réuni pour la première fois mardi, rue d'Enghien.
Avant cette réunion, le candidat de l'UMP avait déjà la tendance du sondage publié hier par Le Parisien/i-télé dans lequel il perd cinq points au premier tour tandis que son avance sur Royal au second tour n'est plus que de deux points. D'où, peut-être, l'air « tendu » que la quarantaine de parlementaires et de ministres présents lui ont trouvé au début de la réunion. Nicolas Sarkozy a renouvelé devant eux les conseils de prudence qu'il se prodigue à lui-même depuis la mi-janvier. Ils tiennent en une phrase : ce n'est pas gagné.
Le ministre de l'Intérieur a rappelé qu'à la présidentielle de 1995, Jospin avait obtenu 47 % des suffrages, deux ans après un échec historique de la gauche aux législatives et alors que le suicide de Bérégovoy était encore dans toutes les mémoires. Il a expliqué l'intérêt de se pose en « challenger » face à une adversaire qui le désigne comme « le candidat sortant » .
Mise au point
Le matin, sur RTL, il avait récusé l'appellation, au motif qu'il n'est « pas encore président de la République », et pesé ses mots pour commenter le quinquennat. « Le bilan des gouvernements de Jacques Chirac est un bilan tout à fait honorable, dont on peut être fier. Pour autant, s'agissant des cinq années qui viennent, est-ce que je ferai la même chose? Non, parce que je suis différent. » Cette mise au point effectuée mais certainement pas pour la dernière fois, Nicolas Sarkozy est passé, sur RTL et dans une interview au Parisien, à l'autre volet de la « nouvelle phase » de sa campagne : la critique de sa rivale. « La compassion n'est pas une politique et l'imprécision n'est pas une stratégie » , a-t-il affirmé, en reprochant à Ségolène Royal ses silences. Revenant sur les principaux sujets éludés par la candidate, il a promis de ramener en cinq ans les effectifs de la fonction publique « à leur niveau de 1992 » (lire ci-dessous). Et sur la mise en place d'un service minimum, il a déjà prévenu Bernard Thibault . «C e n'est pas la CGT qui fait le programme des candidats. »
De notre envoyée spéciale à Strasbourg
JUDITH WAINTRAUB.
Publié le 22 février
Le Figaro
jeudi, février 22, 2007
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