mercredi, mai 23, 2007
***Les milieux européens attendent des assurances...***
*** Très attendu dans les milieux européens sur les questions institutionnelles, le président de la République devait défendre, mercredi 23 mai, lors de sa visite à Bruxelles, son projet de renégocier au plus vite un "traité simplifié". Mais cette visite lui permettra surtout de préciser ses intentions à plus long terme sur l'avenir de l'Union européenne, qu'attendent plusieurs autres chantiers importants, notamment la restructuration du budget européen, pour tenir compte de ses nouvelles priorités. La Commission a été chargée, lors du sommet de décembre 2005, de remettre un rapport d'ici à 2009, et la France, qui assumera la présidence de l'Union au second semestre de 2008, aura un rôle important à jouer dans le lancement de cette nouvelle négociation.
Les discours de campagne de Nicolas Sarkozy sur la Turquie, mais aussi sur l'Europe protectrice, ou la politique monétaire de la Banque centrale européenne (BCE) ont suscité des inquiétudes au sein des milieux européens. Le premier objectif de la visite du chef de l'Etat à Bruxelles, où il devait rencontrer le président de la Commission, José Manuel Barroso, ainsi que deux des membres de son collège, le Français Jacques Barrot, chargé des transports, et le socialiste espagnol José Almunia, chargé des affaires économiques et monétaires, devait être de préciser ses intentions.
INTERROGATIONS À BRUXELLES
Le nouveau président devrait notamment demander au président de la Commission, avec lequel il a déjà un bon contact, de réfléchir à la façon de mieux prendre en compte l'attente de ceux des Européens, notamment des Français, qui veulent une Europe plus "protectrice". Commerce, concurrence, services publics, gouvernance économique, BCE et euro, le chef de l'Etat a, pendant sa campagne électorale, multiplié les appels pour que les Vingt-Sept, et la Commission, soient davantage en mesure de défendre les "intérêts européens" dans le monde, tout en se portant au secours des perdants de la mondialisation. Mais cette approche suscite de nombreuses interrogations à Bruxelles.
Peter Mandelson, le commissaire britannique au commerce, Neelie Kroes, sa collègue néerlandaise chargée de la concurrence, qui ne participent pas au dîner avec le chef de l'Etat français, se sont montrés, comme M. Almunia, très réservés face aux idées du candidat Sarkozy sur ces sujets. "Ce n'est pas encore le moment d'entrer dans les détails, mais la volonté du président est de signifier à la Commission qu'il ne faut pas continuer le train-train actuel", dit un diplomate.
Philippe Ricard
Article paru dans l'édition du 24.05.07.
LE MONDE